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De nouvelles pistes pour la gestion de crise

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81 % des dirigeants français craignent de devoir affronter un jour ou l’autre une catastrophe. Et les simples assurances-dommages ne suffisent plus

Chez Perrier, des années plus tard, on doit encore s’en mordre les doigts. En février 1990, pour quelques gouttes de benzène égarées dans ses célèbres bulles, le groupe est obligé de retirer de la vente 160 millions de bouteilles dans 120 pays différents. Coût de l « incident » : 262,9 millions de dollars. Malheureusement pour elle, l’entreprise ne disposait d’aucune assurance couvrant ce risque. L’entreprise a retenu la leçon.

Beaucoup de groupes ont ainsi souscrit à ce que les Anglo-Saxons appellent a recall insurance (assurance qui indemnise un fabricant suite à un rappel de produits). Cette protection s’est généralisée depuis la mondialisation des échanges, qui transforme en une véritable traînée de poudre financière toute fausse note. Mais elle ne suffit plus. La gestion de crise connaît actuellement une nouvelle étape avec l’arrivée sur le marché de contrats d’assurance qui visent à aider l’entreprise engluée, à régler au mieux et au plus vite une catastrophe, en lui donnant accès à un large éventail international de consultants et en l’indemnisant des frais engagés lors de l’opération.

En France, c’est la filiale européenne d’American International Group Inc. (AIG), l’un des plus grands groupes d’assurances commerciales et industrielles du monde, qui a ouvert la voie il y a quelques semaines en proposant cette couverture appelée « BusinessGuard Crise ». Un lancement réalisé parallèlement au Royaume-Uni, en Belgique et en Allemagne.

« Notre force d’intervention regroupe, en Europe comme dans le reste du monde, des avocats, des experts en environnement, en santé, en informatique, des ingénieurs, des conseils en communication, bref tous les corps de métier susceptibles, selon la nature de l’événement, de définir des pistes de travail et de les mettre en action », indique Alain Mourot d’AIG Europe.

Les professionnels français, prudents, se contentent pour le moment d’observer, estimant qu’il s’agit là d’une niche » mais qu’effectivement la demande pourrait se développer ». Plusieurs éléments pourraient y contribuer.

Pour commencer, une étude réalisée l’année dernière par Roselyn Research Ltd, un cabinet britannique auprès d’un échantillon représentatif de 200 dirigeants d’entreprise français et anglais indique que 82 % des patrons d’outre-Manche et 81 % de ceux de l’Hexagone pensent que « leur société peut être confrontée un jour ou l’autre à une situation de crise ». Parmi les fléaux les plus fréquemment cités : le piratage informatique, les sinistres liés à l’erreur humaine, les grèves, les produits défectueux, le décès d’un dirigeant, la fraude, le boycott, l’OPA hostile.

La mondialisation n’apaise pas leurs craintes, bien au contraire. Certes, de nombreux groupes français disposent déjà en interne de cellules de crise, héritages des années 80 où le sujet, alors fort à la mode, a permis à de nombreux conseils en communication de faire fortune en vendant des « media-training » à des patrons soucieux de sauver tout ce qui pouvait l’être en termes d’image. Mais, selon l’enquête de Roselyn Research, 78 % des dirigeants hexagonaux sont prêts à confier à des spécialistes extérieurs la gestion d’une crise dont on ne peut plus désormais être certain des frontières de propagation, et qui par conséquent s’internationalise vite.

« Dernier argument et non des moindres, la manière dont une crise influe sur le cours de l’action de l’entreprise placée, malgré elle, sous les feux des projecteurs » déclare Florian Silnicki, Expert en stratégie de communication de crise et Fondateur de l’agence parisienne LaFrenchCom, l’une des références de la communication de crise en France.

Deux chercheurs du Templeton College (Université d’Oxford) ont ainsi réalisé une étude (« The impact of catastrophes on shareholder value » par Rory F. Knight et Deborah J. Pretty) qui montre que toutes les crises ont, dans l’immédiat, un impact négatif qui varie, néanmoins, sensiblement selon la manière dont les entreprises réagissent. Lorsque l’accident est contenu, la baisse du cours de Bourse est limitée à 5 %, et ce dernier remonte d’ailleurs environ deux mois après l’événement. Lorsque, au contraire, la crise persiste, la chute peut atteindre de 11 % à 15 % pendant un an.

Les auteurs de l’enquête sont formels : disposer d’une assurance qui couvre les dommages, en totalité ou en partie, ne change rien à l’affaire.

« La manière dont les dirigeants vont s’en sortir, va former aux yeux de l’opinion publique la preuve ou non de leurs compétences. » décrypte Florian Silnicki, Fondateur de l’agence de communication de crise LaFrenchCom.