Alerte tous azimuts

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Cas Pratique – Vivre une simulation d’accident nucléaire chez EDF

Un scénario catastrophe pour tester l’organisation de crise qui serait mise en place en cas de véritable pépin à la centrale nucléaire, n’est pas une mince affaire. Retour sur cet exercice de gestion de crise.

Déploiement de forces dans le secteur de Braud-et-Saint-Louis mais également de Reignac. On a vu circuler des cars de l’armée de terre transportant des enfants, route ouverte par les motards de la gendarmerie nationale. Des gendarmes partout dans un périmètre de 5 kilomètres autour de la centrale nucléaire. Et puis du côté de l’école, beaucoup de sérénité mais une sortie des classes peu habituelle à cette heure matinale … Bref, il se passait quelque chose.

L’alerte de crise avait été déclenchée le matin de bonne heure, alerte de niveau 3 dans le cadre d’un exercice de crise à la centrale nucléaire voisine, avec risque de fusion du coeur nucléaire. La fusion du cœur d’un réacteur nucléaire survient lorsque les crayons de combustible nucléaire d’un réacteur nucléaire, qui contiennent l’uranium ou le plutonium ainsi que des produits de fission hautement radioactifs, commencent à surchauffer puis à fondre.

Et c’est dans le souci de tester l’organisation spécifique qui serait mise en place en cas d’accident sur ce site industriel sensible que cet exercice national de sûreté a été organisé, programmé par l’ASN et par EDF accompagné par des consultants en communication de crise.

L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) est une autorité administrative indépendante qui assure, au nom de l’État, le contrôle de la sûreté nucléaire et de la radioprotection, pour protéger les personnes et l’environnement des risques liés aux activités nucléaires civiles.

À l’intérieur de l’entreprise, beaucoup de travail pour faire face à tous les problèmes techniques qui se posent et les résoudre, faire le point en continu, appeler les techniciens ad hoc en charge de la maintenance, décider des stratégies en fonction de l’évolution de l’accident … Beaucoup de gens au téléphone, des ordres qui fusent depuis la cellule de crise pour assurer la gestion de crise et la communication de crise la plus efficace … Et aux abords du site, des techniciens qui mesurent en permanence les conséquences de l’accident sur l’environnement.

L’entreprise doit en outre faire face à une pression médiatique simulée qui ne manquerait rien de l’information en continu et en temps réel qui serait diffusée et attendrait des réponses à toutes ses questions.

En somme, près de trois-cents personnes au total ont travaillé autour de cet exercice de gestion de crise. Y compris les pouvoirs publics au premier rang desquels le sous-préfet.

Retour sur cette journée de crise …

Au centre de regroupement de Reignac activé, les élèves de l’école de Braud et leurs instituteurs ont été accueillis dans la salle polyvalente qui s’est transformée en un énorme réfectoire. La commune de Braud assurait l’intendance et les personnels municipaux de Braud et de Reignac ainsi que quelques élus se sont donnés la main pour servir puis occuper une partie de l’après-midi tout ce petit monde .

Le centre de repli du personnel sortant de la centrale nucléaire, en cas d’accident, se trouve derrière le laboratoire environnement de Saint-Ciers-sur-Gironde. Les personnels y passent pour y être contrôlés et décontaminés en surface par une douche et un shampoing si besoin. Sur place le médecin du site et le personnel de sécurité radioprotection en tenue pour éviter d’être contaminés eux-mêmes

Dans le périmètre des cinq kilomètres autour de la centrale, les gendarmes de la compagnie de Blaye ont quadrillé le territoire. De ceux qui sortaient de ce périmètre, ils ont relevé les identités et le domicile avant de les diriger (théoriquement puisqu’il s’agissait d’un exercice de crise) sur le centre de regroupement de Reignac. Personne en revanche ne pouvait entrer mis à part les personnes travaillant à la centrale

Dans les locaux techniques de crise, le directeur de crise. C’est ici que sont prises toutes les décisions techniques en cohérence avec l’ASN (l’Autorité de Sûreté Nucléaire) et le préfet dans le souci de ramener les installations dans un état de sûreté. Au total au sein de la centrale, 70 personnes étaient mobilisées sur l’exercice de crise depuis le déclenchement de l’alerte à 6h30 du matin.

Au PC communication, on prépare les communiqués de presse de crise. La veille médiatique est assurée au plan national. On est en liaison constante avec le préfet et le siège d’EDF à Paris. C’est ici que se trouve le porte-parole du site. Autres porte-parole en cas de pépin, le préfet en charge de la sécurité le directeur du parc nucléaire français.

Le directeur du centre nucléaire de production d’électricité était très sollicité par les différents média présent sur le site pour assurer des conditions réalistes de gestion de la crise.

Plan national de réponse à un accident nucléaire ou radiologique majeur

Tirant les enseignements de la catastrophe de Fukushima au Japon (mars 2011), la France a décidé de compléter le dispositif existant de planification par un plan national permettant au niveau gouvernemental de s’organiser pour interagir avec le dispositif local existant. Il vise à renforcer la planification et donne des clés pour agir plus efficacement. Il est donc essentiel que chaque préfet se l’approprie.

Ce plan introduit des éléments nouveaux :

• la prise en compte de toutes les phases de la gestion de crise, depuis la transmission de l’alerte jusqu’à la préparation de la gestion post-accidentelle ;

• une réponse articulée autour de stratégies de réponse de niveau national ayant en partie vocation à être déclinées au niveau local, notamment :
– le retour à un état maîtrisé et stable de l’installation ou du colis transporté,
– la protection des populations,
– la prise en charge sanitaire,
– la communication et l’information de la population,
– la continuité de la vie économique et sociale,
– la dimension internationale de crises potentielles, avec des possibilités d’assistance,
– la préparation de la gestion post-accidentelle ;

• la création ou la consolidation par les exploitants de dispositifs d’action rapide et de renfort et la possibilité d’appui par l’Etat aux exploitants en vue de limiter les conséquences de l’accident pour les
personnes, l’environnement et les biens.

• l’évolution technologique et méthodologique en matière de mesure de la radioactivité dans l’environnement.
Il s’agit donc d’un plan national, à caractère intersectoriel : la préparation et la mobilisation concernent l’ensemble de la société et notamment la population. Comme tous les plans nationaux de nouvelle génération, il comporte une aide à la décision, accompagnée de 40 fiches-mesures de portée nationale, qui renseignent sur les éléments de base utiles aux ministères concernés par les différentes actions susceptibles d’être mises en oeuvre. Ces fiches peuvent faciliter la mise en œuvre locale : elles sont réparties, selon l’acteur national principalement concerné, dans la seconde partie du guide et restent un support d’information dans le cadre de la planification territoriale.

Ce plan fixe, à droit constant, l’organisation de la conduite de crise, la stratégie à appliquer et les principales mesures à prendre au niveau gouvernemental, en phase d’urgence et en entrée de la phase post-accidentelle.