Gestion de crise – Retour sur un exercice nucléaire

Par le passé, a été organisé sur la Base aérienne 118 un exercice national de sécurité nucléaire. Baptisé Airnuc 2009, il a simulé un accident affectant un missile nucléaire : au cours d’une manoeuvre, un avion extérieur tombe accidentellement sur un missile air-sol moyenne portée, ce qui déclenche une explosion, puis un incendie. Les secours doivent immédiatement réagir en déclenchant un plan de gestion de crise et de communication de crise après avoir demandé la réunion d’une cellule de crise.

Scénario improbable de gestion de crise

« Il s’agit d’un scénario hautement improbable, explique le général Charhaix, autorité militaire territoriale, car extrêmement rare. » En effet, l’architecture des armes nucléaires française rend impossible tout risque d’explosion non décidée par les autorités de l’État. « D’ailleurs, poursuit le général, il n’y a eu aucune interruption de cette mission à cause d’incident depuis 1964 », date depuis laquelle la BA 118 est une des composantes de la force aérienne stratégique

Ce qui n’empêche pas, bien au contraire, de réaliser des exercices de mise en place de ces armements pour intervention, doublés d’exercices de sécurité. Des exercices locaux pratiqués régulièrement depuis des années sur la BA 118, « au moins une fois par trimestre, assure le colonel Carré, commandant la base. C’est le plan d’urgence interne appliqué dans la base. » Mais c’est la première fois que sera mise en place une simulation d’un risque de contamination à l’extérieur de l’enceinte. C’est pour cette raison que les particuliers et professionnels, situés tout près de la BA, y sont cette fois associés.

Prévenir les risques par la répétition d’un exercice de gestion de crise nucléaire

Présentant la manoeuvre à la presse, le préfet Étienne Guyot explique qu’elle rentre « dans le cadre défini par les décrets relatifs au plan Orsec (Organisation des secours) et aux Plans particuliers d’intervention (PPI), pris en application de la loi de modernisation de la sécurité civile (août 2004). Il s’inscrit dans la politique générale d’exercices nationaux visant à vérifier l’aptitude des pouvoirs publics et exploitants, civils et militaires, à prévenir toutes les formes de risque pouvant peser sur les personnes et l’environnement, et à intervenir si nécessaire. »

Il n’y a aucun risque supplémentaire par rapport aux exercices de gestion de crise précédents, simplement, par souci de transparence, la loi demande désormais que tous les acteurs locaux soient avertis. “La pratique régulière d’exercices de gestion de crise garantit que les plans de secours sont connus des intervenants et que les procédures d’alerte et de coordination sont efficaces.” déclare Florian Silnicki, Expert en communication de crise et Fondateur de l’agence LaFrenchCom, une agence spécialisée dans la communication et la gestion de crise installée à Paris.

Concrètement, en cas d’une telle explosion, le risque de dissémination des particules radioactives, qui sont des particules lourdes, est limité à 2 kilomètres. Les armements en dépôt à Mont-de-Marsan ne sont pas actifs, c’est-à-dire qu’ils n’abritent pas de réaction nucléaire en chaîne. Il y a donc seulement risque de dissémination à cause du vent, du feu ou des poussières infectées.

À partir du moment où l’explosion est censée avoir eu lieu, tout le système d’intervention et de secours est mis en alerte, ainsi que la population située dans la zone sensible. Des plaquettes ont été distribuées l’automne dernier aux maires et aux habitants des communes concernées afin de les avertir de la conduite à tenir, et des réunions d’information ont été organisées (lire ci-contre).

Dans un rayon de 2 kilomètres autour de l’impact supposé, militaires et sapeurs-pompiers prendront les mesures de sécurité adéquates et mettront en place des mesures de décontamination (essentiellement la prise de douche), pour éliminer les particules qui auraient pu se disperser. Des mesures seront ensuite faites pour évaluer, en fonction du vent essentiellement, la zone réellement contaminée, afin d’y inclure les civils habitant ou travaillant aux alentours de l’enceinte.

Hippodrome : quartier bouclé

Une seconde zone, à 20 kilomètres de distance de l’accident, sera également bouclée par les forces de l’ordre (gendarmerie et police). Le jour de l’exercice, seulement pour la partie civile, des patrouilles seront en place à tous les carrefours de cette zone, mais n’interdiront ni le trafic, ni l’activité. En revanche, le quartier de l’hippodrome et de l’Afasec (école des lads jockeys) sera réellement mis à l’abri au cours de la matinée. La journée concernera essentiellement la Base aérienne, qui sera aussi soumise à « une pression médiatique simulée » avec la présence de journalistes professionnels venant rendre compte et interroger les autorités civiles et militaires sur cet événement.

« En cas d’une telle explosion, le risque de dissémination des particules radioactives est limité à 2 kilomètres »

La BA 118, qui assure les fonctions de stockage et de mise en oeuvre des missiles stratégiques, ce qui exclut toute intervention sur les composantes des armes, ne produit aucun rejet dans l’environnement. Seul subsiste, en cas d’une manipulation d’une arme, un risque de dispersion de particules radioactives susceptibles de provoquer une contamination des sols ou des individus les ayant respirées ou absorbées. Dans ce cas, les mesures prévues ont pour objectif d’éviter un suraccident et de limiter les conséquences sur les personnes et l’environnement.

Lors de l’exercice de gestion de crise, la plupart des opérations se déroulera sur le périmètre de la base. Les Montois et les habitants des communes de Campet-Lamolère, Saint-Avit, Saint-Pierre-du-Mont et Uchacq-et-Parentis, seront très peu concernés. Mais afin que tout le monde soit bien averti, la commission d’information de la BA 118 a été réunie, et une réunion publique s’est déroulée à l’Afasec, en présence des élèves lads jockeys qui seront directement concernés par l’exercice.

Les habitants du quartier se sont intéressés bien sûr aux questions concernant la santé et la sécurité des chevaux, qui pourront aussi être protégés, douchés s’il le faut, puis soumis à des analyses pour lever les doutes de contamination. Les conséquences sur les jardins et espaces verts, et sur les fruits et légumes produits, ont également été envisagées.