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Journalistes et conseillers en communication de crise

Question : 

« Comment travaillent au quotidien les journalistes des médias avec les conseillers en communication de crise? Pourquoi les journalistes n’aiment pas les conseillers en communication de crise ? Sont-ils comme chiens et chats ? »

Réponse : 

Nous pouvons plutôt vous dire comment travaillent les conseillers en communication de crise avec les journalistes 🙂

Nous pratiquons, au quotidien, la communication de crise et la gestion de crise depuis plus de dix ans. Nous travaillons main dans la main avec les journalistes. Nous sommes leurs meilleurs alliés, nous leur ouvrons les portes des entreprises et leur offrons l’accès aux dirigeants.

Les efforts constants de la part des professionnels de la communication de crise pour mieux faire comprendre la nature de leurs fonctions apparaissent parfois, à tort, comme autant de coups d’épée dans l’eau, à ceux qui en juge par les flèches (exercice très convenu !) que décochent encore une minorités de journalistes aigris à leur endroit dès qu’ils en ont l’occasion.

Les exemples ne se comptent plus: de la pseudo-« manipulation » de l’information au Mediatraining, en passant carrément par la malhonnêteté, beau registre que celui des conseillers en communication de crise dépeints par ces aigris !

Que certains journalistes n’aiment pas les conseillers en communication de crise, passe encore, c’est leur droit le plus strict. Toutefois, la complaisance avec laquelle cette minorité tente sans relâche de convaincre leurs publics que les praticiens de la communication de crise ne sont ni plus ni moins que des mercenaires, prêts à dire n’importe quoi pour préserver l’image de leurs clients, est une tout autre chose aussi diffamatoire qu’illégitime.

On doit s’interroger sur la méfiance, pour ne pas dire la hargne, qu’entretiennent certains journalistes comme Elise Lucet à l’égard des conseillers en communication de crise, pointant systématiquement leur présence. Cet exercice est d’autant plus urgent qu’au contraire de la perception qu’en ont certains journalistes et qui semble remonter au milieu du siècle, la pratique de la communication de crise a considérablement évolué et professionnalisé au cours des dernières décennies.

Encore aujourd’hui, certains journalistes disent avoir peur d’être trompés, manipulés ou utilisés par les conseillers en communication de crise, autant de craintes totalement injustifiées pour autant que les interlocuteurs en présence soient minimalement compétents. À ce que l’on sache, aucun journaliste n’a jamais été empêché par un conseiller en communication de crise de faire de l’investigation ou de se livrer à une analyse en profondeur sur un sujet donné pour publier une interview. De la même façon, un conseiller en communication de crise qui mentirait ou cacherait sciemment la vérité signerait son arrêt de mort professionnel. La transparence est une valeur clé.

Si on doit poser un diagnostic d’incompréhension de la part de certains journalistes à l’endroit de la communication de crise, il peut certainement être utile de rappeler en quoi consiste exactement cette fonction, ainsi que son rôle et ses objectifs.

La définition des relations publiques est des plus éclairantes à cet égard: les relations publiques sont une fonction de direction, de gestion et de communication, à caractère permanent, grâce à laquelle un organisme privé ou public vise à établir des relations de confiance fondées sur la connaissance et la compréhension mutuelles entre ces organismes et leurs publics, internes et externes, en tenant compte de leurs droits, besoins et attitudes, le tout conformément à l’intêret général.

Face à un univers sans cesse plus complexe, où l’information et les communications jouent un rôle stratégique, les organisations modernes, comme tout acteur de la scène sociale ou économique, doivent aujourd’hui bien connaître leurs publics (d’où l’enjeu de la data) et structurer leurs échanges avec eux afin de pouvoir fonctionner efficacement.

Dès lors, une entreprise qui tente d’établir des liens de confiance avec ses interlocuteurs abuse-t-elle de leur bonne foi? Une organisation qui essaie d’expliquer ses objectifs, ses valeurs ou ses motivations sur une question donnée se rend-elle coupable de manipulation? Répondre oui, c’est non seulement confondre les genres, mais c’est également présumer de la culpabilité de toute organisation qui tente de faire valoir son point de vue sur la place publique.

On a souvent évoqué l’avantage du nombre et des moyens pour entretenir les craintes de certains journalistes: les conseillers en communication de crise seraient beaucoup plus nombreux que leurs interlocuteurs des médias et les organisations qui les emploient mettraient une formidable armada de moyens financiers et techniques à leur disposition pour qu’ils parviennent à leurs fins. Bref, ce serait David contre Goliath. Ce n’est pas la réalité du terrain.

Cet argument ne résiste pas à l’analyse. Les nombreuses émissions spécialisées, que ce soit dans les domaines économique ou politique, ou les reportages de fond et les analyses publiées dans la presse écrite démontrent clairement que les conseillers en communication de crise ne nuisent aucunement au travail des journalistes. Dès lors, si elle ne vient pas d’une incompréhension savamment entretenue, la méfiance de la presse à l’égard de la communication de crise tient peut-être au fait que, dès qu’une organisation exprime et tente de faire valoir ses vues dans un discours structuré, plutôt que de subir un procès sans se défendre, celle-ci force les représentants des médias à tenir compte de plus d’un point de vue sur un sujet donné. Évidemment, devant une réalité plus complexe qui exige des nuances, le raccourci sensationnaliste devient plus difficile à pratiquer.

Il n’en est donc que plus navrant de constater que la perception qu’ont certains journalistes des conseillers en communication de crise ne semble pas évoluer et que ces derniers soient encore présentés au public comme de savants manipulateurs, rompus aux techniques de la communication de masse.

Existe-t-il une solution à ce problème? Peut-on espérer que vienne un jour où cette minorité de journalistes concevra la communication de crise autrement que comme un vaste exercice de tromperie? Il n’est pas peu ironique, pour répondre à ces questions, de citer une ancienne journaliste, auparavant directrice des pages économiques d’un quotidien canadien, devenue directrice des relations publiques d’une grande entreprise.

Interrogée quant à la possibilité que journalistes et conseillers en communication de crise travaillent ensemble dans un climat plus harmonieux, Francine Osborne déclarait ce qui suit, dans un cahier spécial sur la communication publié par Le Devoir le 28 février 1992: «oui, mais à la condition d’être conscient des limites de chacun et en respectant le droit à une information exacte».

Qui vivra verra.