Astreinte de crise 24h/24 7j/7

Journalistes : porter la plume dans la plaie.ActualitésJournalistes : porter la plume dans la plaie.

Journalistes : porter la plume dans la plaie.

storytelling

Polémique entre le Conseil de développement et Ouest-France. D’où cette analyse du rôle des uns et des autres. Dans le respect de chacun. 

Un Conseil de développement, pour une agglomération comme Angers, c’est bien plus qu’un laboratoire d’idées, c’est à la fois une boussole et une force de proposition. Et c’est bien dans ce sens que les élus sollicitent régulièrement cette instance. Un outil d’autant plus précieux que ses 110 membres sont tout sauf des notables : s’ils sont engagés, c’est dans la vie sociale, économique, universitaire, associative, cette « société civile » riche de compétences et d’expertises multiples dont ils sont les relais. 

Leurs avis sont donc d’autant plus attendus par les décideurs angevins… Des avis toujours très élaborés, argumentés, pesés. Qui reprennent forcément les bases du dossier, son architecture, avant d’apporter un éclairage très argumenté, d’en analyser les axes forts, et d’en pointer les faiblesses. Parfois les fragilités, ou même les insuffisances.

Précieux pour les décideurs. Et pour les observateurs. Et donc une manne pour les journalistes, avides de pouvoir enfin aborder les questions-clés de l’aménagement, de l’économie, du tissu social, des jeunes… autrement qu’à travers le prisme obligé des décideurs forcément tentés de « vendre » leurs réalisations, leurs décisions sous le meilleur jour. 

Sauf que… les responsables du Conseil de développement ne se retrouvent pas forcément dans ce que les journalistes mettent en évidence. Des journalistes qui, évidemment, ne s’attardent pas à détailler l’emballage, pas plus qu’ils ne s’attardent sur les grands axes : les efforts déployés par les décideurs ont été tant de fois évoqués au fil des opérations de communication politique lancées par les élus eux-mêmes, à travers telle conférence de presse, telle séance de conseil… Ils vont surtout pointer les manques, les carences, les erreurs que le Conseil invite à corriger. 

C’était déjà le cas dans un avis sur le Scot ; c’était le cas encore la semaine dernière avec le dossier concernant la jeunesse. Ce qui amène le président du Conseil de développement, Jean-Baptiste Humeau, à vouloir rectifier le tir. En ces termes : « La lecture du titre de votre article concernant la jeunesse laisse à vos lecteurs l’impression que rien n’est fait par les élus d’Angers-Loire métropole et du pays d’Angers dans le domaine de la jeunesse. Le Conseil de développement, dans sa démarche de suivi des conclusions de son rapport publié en 2004, a pointé les résultats d’un bilan honorable. Au vu des résultats, le conseil de développement préconise une démarche plus intercommunale afin d’obtenir une meilleure prise en charge des jeunes dans la réalité de leur bassin de vie de l’agglomération d’Angers-Loire métropole et du pays d’Angers ». 

Rien d’autre que ce que nous avons souligné, ne serait qu’à travers le titre de l’article qui veut résumer la même idée : « Dans l’agglo, c’est chacun ses jeunes ! » 

Jean-Baptiste Humeau n’admet pas que nous ayons sous titré en parlant d’un « carton rouge » adressé aux acteurs de l’agglomération, alors que tant « d’acteurs publics et associatifs sont au travail auprès des jeunes » et y consacrent toutes leurs forces et leurs compétences. Et d’insister : « À travers les analyses et les préconisations, la démarche du Conseil de développement se veut constructive auprès de tous les acteurs de l’Agglomération et du Pays. » Ce dont tout le monde est persuadé. 

Et ce qui est aussi dans la démarche d’Ouest-France au quotidien. Mais pas seulement. Le rôle d’un journal c’est aussi de mettre en alerte. Voire de dénoncer s’il le faut, pas de remettre une couche de miel sur la communication des décideurs. Quitte à forcer la voix, parfois, pour surmonter le brouhaha. 

Alors il faut qu’élus et décideurs se fassent une raison une fois pour toutes : non, le rôle du journaliste, dans les processions, n’est pas de jouer les enfants de choeur agitant l’encensoir. C’est de porter la plume dans la plaie (1). 

(1) Albert Londres, le patron de tous les journalistes.