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Crise des PCB : une fatale distraction

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Les échantillons suspects de porc « oubliés » à un moment clé de la crise des PCB auront eu raison de votre poste. Administrateur délégué de l’Agence alimentaire vous étiez, dit-on, déjà sur la sellette.

Suspendu mardi soir vous n’aurez pas survécu 24 heures à la pression médiatique. La faute inacceptable que vous reprochait la ministre de la Santé en tant que patron de l’Agence nationale pour la sécurité de la chaîne alimentaire a débouché sur une démission de « commun accord ». Elle est intervenue en début de soirée, mercredi.

Rappelons que votre agence a omis d’emporter vingt-six « échantillons témoins » de nourriture pour porcs stockés au sein de la société H. Un oubli qui s’est produit pendant la période à risque de la récente intoxication aux PCB d’aliments pour porcs et poulets.

Mais cet épisode n’explique pas à lui seul votre décision. Remis en cause par la ministre pour votre manque de dynamisme et d’initiatives, vous étiez également la cible d’un syndicat, qui vous reprochait votre inertie au plan de la gestion du personnel. Au sein de vos équipes, on souhaite qu’un successeur soit désigné au plus vite.

Contacté par téléphone hier soir, vous ne souhaitiez pas vous exprimer davantage. Tout au plus, cette mise en garde d’un homme qui paraît blessé : « Il y a un accord de silence radio avec la ministre. Je ne fais pas de déclaration pour le moment. Et les critiques acérées du syndicat ? J’attaquerai si on me diffame. »

Le consommateur ne peut toujours pas se fier à une gestion de crise efficace

Pour le reste, il n’y aurait pas de raisons de s’inquiéter : les risques alimentaires seraient mineurs, même si l’origine de l’intoxication demeure inconnue. Les taux de PCB détectés jusqu’à présent étaient relativement faibles et limités à quelques prélèvements. Toutes les exploitations concernées par les 26 échantillons ont été bloquées et les secteurs ont été informés, précisait mercredi matin la ministre. Les prélèvements témoins sont en cours d’analyse et les résultats seront communiqués ce jeudi. Un cabinet de conseil sera désigné afin d’adapter les méthodes de travail en vue d’éviter ce genre de faute, à l’avenir, dans les administrations alors que …

… chacun se souvient de l’affaire McKinsey qui a éclaté au grand jour dans la dernière ligne droite de la campagne pour le 1er tour de l’élection présidentielle, venant éclabousser Emmanuel Macron et la majorité présidentielle. Un mois après la publication d’un rapport du Sénat indiquait que l’État a un recours croissant et quasi-systématique aux cabinets de conseils privés et que l’un d’entre eux, McKinsey en l’occurrence, ne paierait pas d’impôts en France, où en est l’enquête ? Après les révélations du Sénat, le Parquet national financier (PNF) a ouvert une enquête préliminaire le 31 mars pour blanchiment aggravé de fraude fiscale.

Inutile de dire que le débat, en séance plénière de l’Assemblée Nationale, sera animée ce jeudi. Avant d’apprendre votre démission, l’opposition stigmatisait l’attitude de la ministre à votre encontre. Constat d’une parlementaire, rapporteur de la Commission d’enquête Dioxine : Le consommateur ne peut toujours pas se fier à une gestion de crise efficace et doit à nouveau constater un déficit majeur de fonctionnement et de communication de crise.

Communication politique ou pas, côté opposition, on estime que la ministre est responsable politiquement, car elle n’a pas mis suffisamment de moyens à disposition de l’Agence de sécurité alimentaire. Le conseil des ministres a réaffirmé, hier matin, son soutien à la ministre.

Quelle stratégie de communication de crise déployez-vous pour protéger l’image de l’agence ?