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Cas pratique – Communication politique de crise

Mis en cause dans un grave scandale politico-judiciaire

« Le Premier Ministre résiste dans la tempête ». C’est le titre de presse dont vous rêvez.

Vous êtes Premier Ministre et réunissez votre équipe de conseiller en communication politique et des experts en gestion de crise qui sont vos plus proches. Vous n’êtes pas du genre à lâcher prise au premier coup de vent, même si on vous annonce une tornade. « Je resterai au pouvoir jusqu’à l’an 2030 et au-delà si vous le choisissez ! », avez-vous lancé hier à vos supporters et militants.

Suspecté « d’abus de confiance », vous êtes premier ministre et voulez vous battre pour protéger votre image et votre réputation. Vous n’entendez pas démissionner, ni suspendre vos activités le temps de clarifier l’affaire, comme l’avait fait votre prédécesseur pour un modeste compte en banque irrégulièrement conservé dans un pays étranger.

Stratégie de défense

Mercredi soir, en tant que chef du parti majoritaire vous avez réuni chez vous vos principaux collaborateurs pour définir une stratégie de défense. Vous avez choisi celle qui passe pour la plus efficace chez vos proches : l’attaque.

Votre cible constitue « le point faible » de l’accusation, désigné comme tel par la police elle-même. « Nos recommandations d’inculpations reposent sur les dépositions d’un témoin central, sa fiabilité et notre degré de confiance en lui, écrit le commissaire de police judiciaire dans une lettre au procureur général. Nous sommes conscients des problèmes que cela pose dans une affaire aussi sensible et complexe. Ce témoin central pourrait être présenté par la défense comme partial ou intéressé. Mais nous croyons que son témoignage peut passer l’épreuve des juges. »

Riposte immédiate de votre cabinet : « Je vous le demande, déclare votre directeur de campagne sur les ondes : peut-on inculper le premier ministre, décision qui pourrait provoquer sa chute, contredire le choix des électeurs et changer le cours de l’histoire du pays, sur une telle base ? Je dis non. » Argument renforcé par la profession de foi de votre porte-parole officiel qui déclare : « Le premier ministre est convaincu de son innocence, nous en sommes tous absolument certains. »

Certains vous rappellent l’affaire François Fillon et vous demandent de tirer des leçons de sa défense maladroite.

L’opposition politique sonne l’hallali

L’accusation ne fait pas grand mystère de son soutien au témoin clé dans cette affaire. C’est par lui que le scandale est arrivé.

Même s’il dit la vérité, ses propos sont contredits par tout votre entourage. La police a beau être convaincue que des témoignages ont été coordonnés les mêmes expressions revenant constamment dans la bouche de personnes différentes , elle est forcée d’admettre qu’« il est difficile de faire la part » entre des marchandages « légitimes » et d’autres « frisant le crime ».

Cette marge étroite suffit à une bonne part de la classe politique pour sonner l’hallali. Derrière l’opposition partisane, un groupe parlementaire vous appelle à « démissionner sur-le-champ ». Même votre allié vous suggère de vous mettre en disponibilité et d’exiger un procès rapide. Sous condition d’anonymat, plusieurs ministres prédisent la chute inévitable de votre équipe au pouvoir.

Celui qui ambitionne d’être le candidat à votre place en cas d’élections anticipées, appelle l’opposition à « tout faire pour écourter les jours de ce gouvernement ».

Les électeurs suivent le cours des événements « avec beaucoup d’intérêt ». Mais vous ne vous estimez pas encore fini. A vos yeux, c’est la police qui est coupable de « servir la gauche ». L’un de vos proches, va même plus loin : « Si l’on doit juger quelqu’un, c’est l’équipe d’enquêteurs de police judiciaire, pas le premier ministre ! », dit-il.

Dans cette ambiance de « séisme », vous promettez : « La vérité vaincra ! » …