Centrale nucléaire du Blayais : vraie-fausse alerte de crise
C’est une première en France, la centrale nucléaire de Braud-et-Saint-Louis a joué a se faire peur avec des spécialistes de la gestion de crise. Tout a commencé par la rupture d’un tube dans le générateur de vapeur d’une tranche imaginaire n°5 de l’usine thermique.
Une tranche nucléaire peut représenter une puissance de 1 gigawatt électrique (GWé) et produit de l’ordre de 7 TWh (térawattheures) par an.
Mitonné depuis le centre de formation d’EDF au Bugey, le scénario de crise catastrophe s’est ensuite emballé. Les fuites et les pannes se sont accumulées de manière un peu invraisemblable pour parvenir en début d’après-midi à une situation critique proche de celle survenue — pour de vrai cette fois-là – dans la centrale américaine de Three Mile Isand.
L’accident nucléaire de Three Mile Island s’est produit le 28 mars 1979 dans la centrale nucléaire de 3,3 km2 située sur la rivière Susquehanna, près de Harrisburg, dans l’État de Pennsylvanie aux États-Unis. À la suite d’une chaîne d’événements accidentels, le cœur du réacteur N°2 de la centrale a en partie fondu, entraînant le relâchement dans l’environnement d’une faible quantité de radioactivité.
L’exercice de crise : anticiper pour se préparer
Vers 14 heures, alors que le cœur du réacteur, privé d’eau, se découvre progressivement et menace d’entrer en fusion, le préfet ordonne l’évacuation des populations dans un périmètre de 5 kilomètres.
Dès le matin, les pompiers ont sillonné la campagne pour recommander aux riverains de rester chez eux. Tout cela pour de ‘faux bien entendu. Car si le préfet a bel et bien joué au grand jeu de piste proposé par EDF, pas un de ses ordres n’a dépassé le petit cercle de la cellule de crise composée dès le matin. : Vers 15 heures, alors qu’on boit le Champagne dans le Belvédère de la centrale nucléaire de Braud-et-Saint-Louis pour marquer le final de l’opération « Fais-moi peur j’aime l’industrie qui fait mal », les techniciens du poste de commandement et de direction de l’usine continuent seuls leur jeu de l’oie radioactive.
Jouer à se faire peur pour apprendre à réagir
Ils sont dans de sales draps. Le réacteur nucléaire en fusion connaît à présent des détonations dues à la formation d’hydrogène. Il va falloir que les installations de confinement tiennent le choc. Derrière leur verre, les grosses têtes de Braud-etSaint-Louis sont confiantes. « Si tout cela ne tenait pas la route, yous pensez bien qu’on ne travaillerait pas ici », lâche un technicien qui est un ingénieur nucléaire , en avalant un petit four. Deux heures auparavant, grâce à une vidéo-transmission, le chef du service production thermique à EDF, a répondu aux questions de journalistes réquisitionnés pour la cause, dans le cadre d’un faux journal télévisé. Un bel exercice de communication de crise.
Le grand jeu s’est déroulé simultanément à Blaye, à la préfecture de région, au ministère de l’industrie et au siège d’EDF à Paris. La vidéo-transmission a permis aux directions de la communication de faire face à une très forte et réaliste pression médiatique et pression numérique simulées.