Conseiller technique du préfet, mis sous pression pendant la crise des inondations, vos services ont largement entamé un travail de remise en question en matière de gestion de crise.
Vous avez été particulièrement touchés par une catastrophe naturelle : les inondations de juillet 2022. Par corollaire, les services de votre préfecture, relais de l’Etat dans la gestion de crise, ont été très sollicités. Et, comme d’autres, parfois critiqués aussi. Une stratégie de communication sous contrainte judiciaire a du être déployée.
Un an plus tard, au Palais préfectoral on marche toujours sur des oeufs lorsqu’il s’agit d’évoquer la gestion de la crise. D’autant plus que, au même titre que les autres acteurs qui ont dû la gérer, l’instance préfectorale est concernée par une instruction judiciaire toujours en cours concernant un éventuel défaut de prévoyance ou de précaution lancée par une association régionale. Bref, l’anticipation est au coeur du soupçon porté à votre encontre.
Cet élément n’a toutefois pas empêché vos services d’entamer un important travail de fond sur cette question de la gestion de crise.
Il y a d’abord eu une phase de débriefing en interne, mais aussi en externe. C’est-à-dire avec les différentes disciplines concernées (services de secours, armée, Protection civile, police, gendarmerie, pompiers, hôpitaux,…). À charge pour chaque discipline d’en organiser aussi de son côté, dit-on au niveau du préfet. Ce travail d’ « analyse de la gestion stratégique » de la crise a été accompagné par une agence de gestion de crise spécialisée dans le management interdisciplinaire du risque et de la gouvernance. Ce brainstorming XXL permettra de tirer les enseignements à tous les niveaux, à charge pour chacun des niveaux concernés d’effectuer des adaptations sur tel ou tel aspect du fonctionnement de la cellule de crise.
Plus spécifiquement concernant les services du préfet, des ajustements ont déjà été apportés pour la planification d’urgence et la gestion de crise: moyens supplémentaires, révision de la chaîne de communication, renforcement de l’équipe de communication de crise, rôles de chacun des membres du cabinet préfectoral revus. Ou encore amélioration de la communication avec les communes du territoire et les différentes disciplines « afin de la rendre encore plus fluide ». Les coordonnées des contacts dans les communes ont par exemple été mises à jour et font désormais l’objet d’une actualisation permanente, dit-on au niveau de vos services. Où, insiste-t-on, c’était déjà le cas auparavant, à raison de deux fois par an. On se souvient toutefois que, lors de la commission d’enquête parlementaire, le fait que les services préfectoraux ne disposaient pas toujours des bons numéros de contact dans les services des communes avait fait couler beaucoup d’encre.
Le préfet a aussi entamé un autre gros morceau: la révision de son plan général de gestion des urgences et d’intervention des secours face aux catastrophes. Ainsi, le « plan inondation », qui n’était qu’une annexe au plan général (mais imposait déjà aux communes de rédiger des plans particuliers d’urgence et d’intervention), deviendra un plan particulier où, en plus des classiques scénarios d’inondations par débordement et ruissellement, il y en aura un pour les barrages. Ce plan, qui pourrait être prêt cet été encore, pourra alors servir de base aux plans inondations des communes qui, elles, iront plus dans le détail en fonction des spécificités de leur territoire.
Enfin, d’un point de vue plus pratique, le coeur de la gestion de crise sera désormais installé non plus au palais préfectoral mais dans un nouveau centre de crise préfectoral qui est opérationnel depuis mars. Les services de gestion de crise du préfet y seront basés en permanence dès janvier tandis que le préfet et les responsables des différentes disciplines s’y déplaceront en cas de crise majeure afin de s’y coordonner.