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Retour sur la communication de crise de Huawei

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La communication de crise de Huawei : comment défendre un champion national ?

Accusé d’espionnage par les Etats-Unis, Huawei voit l’étau se resserrer et peine à se détacher de ces soupçons, alors que la guerre commerciale entre Pékin et Washington bat son plein. Quelle stratégie de communication de crise a choisi le chinois pour combattre les accusations et minimiser l’impact sur sa réputation et sauver son image violemment attaquée ? 

« Les Etats-Unis usent de leur pouvoir national pour ternir l’image et s’en prendre à des entreprises chinoises spécifiques (…) Il y a derrière ces pratiques des intentions et des manipulations profondément politiques », a déclaré mardi la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères en conférence de presse. Elle répondait à la bombe lancée lundi par les Etats-Unis qui ont dévoilé publiquement les inculpations qui visent Meng Wanzhou, la directrice financière de Huawei, accusée d’avoir enfreint l’embargo américain sur l’Iran depuis 2007. La firme de Shenzhen, elle, est poursuivie pour vol de secrets industriels. Le litige : un robot lancé par l’opérateur de télécommunication T-Mobile USA qui simule l’empreinte humaine. La Chine se défend en citant, fait rare, un article du New York Times du week-end passé, pourtant censuré en Chine, qui pointait le manque de preuves apportées par Washington.

Une communication sous contrainte judiciaire diplomatique !

Le Canada avait procédé à l’arrestation de Meng, fille du fondateur de Huawei, à Vancouver le 1 er décembre dernier lors d’une escale à destination du Mexique. Sur demande des Etats-Unis. Assignée à résidence, la justice canadienne doit juger de son extradition. Mardi, sa première audience, initialement prévue au 6 février a été repoussée au 6 mars. Pékin tient à rappeler que les entreprises chinoises suivent à la lettre les lois de la coopération économique et accuse le Canada et les Etats-Unis d’ « abuser de leur accord d’extradition en prenant des mesures contre une citoyenne chinoise sans raison ». Il faut rappeler que les jours suivant l’arrestation de Meng Wanzhou, la Chine avait procédé en représailles à l’arrestation de deux ressortissants canadiens, Michael Kovrig et Michael Sparov, toujours emprisonnés dans les geôles chinoises. Ces arrestations ont abouti à une crise diplomatique, alors que les deux parties avaient lancé des pourparlers au sujet d’un traité de libre-échange.

Ces mesures de rétorsion fortes de la part du gouvernement chinois visent à protéger la réputation de Huawei, fleuron de la technologie chinoise et élément incontournable de la stratégie « Made in China 2025 » qui doit faire de la Chine une puissance dans le secteur de l’innovation dans les années à venir. Ces dernières semaines ont été chahutées pour le géant chinois des télécommunications. Huawei a mis en place une communication de crise et Ren Zhengfei a multiplié les sorties publiques pour dissiper le doute sur son entreprise, lui d’ordinaire si discret dans les médias. Le président-fondateur a avoué que la « mise en place de la 5G sera plus difficile » qu’escomptée. Surtout, dans des notes internes destinées aux salariés de la boîte, l’ancien ingénieur de l’Armée populaire de libération chinoise prévient « qu’au cours des prochaines années, la situation ne sera pas aussi brillante qu’on ne l’imaginait ».

Alors qu’une délégation menée par Liu He est actuellement à Washington pour négocier les contours d’un accord sur la guerre commerciale, le négociateur en chef chinois devrait rencontrer Donald Trump. Le locataire de la Maison-Blanche avait mis son grain de sel dans l’affaire Huawei, indiquant qu’il « interviendrait certainement » dans le dossier Meng Wanzhou si nécessaire. De quoi alimenter la défense de Pékin qui accuse Washington d’utiliser cette affaire à des fins politiques. Le cas Meng a déjà fait une victime, l’ambassadeur canadien à Pékin, limogé par le Premier ministre Justin Trudeau. John McCallum avait déclaré que ce serait « très bien pour le Canada » si son voisin américain renonçait à demander l’extradition de la directrice financière de Huawei.