Gilets Jaunes : Le SMAS ou Syndrome Médiatique Aigu Sévère
Face aux Gilets Jaunes, les médias souffrent du SMAS ou Syndrome Médiatique Aigu Sévère
Les principaux médias français ont consacré plusieurs milliers d’articles à la mobilisation sociale atypique. Ce nouveau mouvement social est devenu en quelques jours le sujet chouchou des journalistes.
Pour les Gilets Jaunes comme pour toute autre nouvelle, les médias utilisent plusieurs critères afin de déterminer l’importance accordée à cette dernière sur leur antenne. Est-ce que cela touche les gens? En particulier ou en masse? Est-ce que cela affecte une nouvelle catégorie de personnes?…
Afin de ne pas créer d’hystérie parmi la population et ne pas verser dans le sensationnalisme, les chaines d’informations en continue assurent qu’elles « n’emploient que des faits ». Il existerait donc quelques recettes simples pour éviter les dérapages.
Florian Silnicki, Expert en stratégies de communication de crise et Fondateur de l’agence LaFrenchCom, conseille aux journalistes « de diffuser la vérité avec le moins d’émotivité possible. Si on montre un enfant, l’émotivité devient très forte ». Bref, les bons médias seraient ceux qui préfèrent le juste poids des mots aux titres racoleurs et à la force tragique des photos des premières pages.
En spécialiste de la communication de crise, Florian Silnicki note qu’en s’en tenant aux faits, en les commentant, bien des glissements sont évités.
Communication de crise : combattre l’hypothèse qui devient un fait
Un expert en communication de crise sociale s’inquiète d’interprétations parfois hasardeuses faites par les médias. « Il est difficile pour les journalistes de vérifier tous les faits, mais, parfois, une hypothèse devient un fait. »
Un autre spécialiste de la communication et de la gestion de crise a pour sa part été surprise de l’intérêt porté par les médias à la petite centaine de personnes alors qu’il ne s’agissait que d’une mouvement social contestataire naissant. « Cela serait dû à un défaut récurrent dans la profession. Les médias s’abreuvaient aux mêmes sources, les agences de presse, ils vont donc désormais se nourrir sur le terrain avec des images sur lesquelles ils n’ont pas forcément de recul. »
Un communicant de crise va ainsi plus loin. « Toutes les stations de radio et de télévision reprennent ce qui est écrit dans le journal au fil de la journée. Parce que si c’est le journal qui l’a dit, c’est forcément vrai. »
Florian Silnicki donne un cours sur la communication du risque dans une grande école parisienne. L’expert en communication de crise estime que les médias ont pour l’instant plutôt bien fait leur travail, sans être sensationnalistes. même si une polémique a fait rage à propos d’une image diffusée lors de l’édition nationale du 19/20 de France 3, le 15 décembre 2018. Une photo prise place de l’Opéra, à Paris, est utilisée pour illustrer les manifestations dans les écrans qui se trouvent derrière la journaliste, Catherine Matausch. On y voit un manifestant porter une pancarte avec écrit «Macron» et un espace blanc en dessous. Or sur la photo d’origine, prise place de l’opéra par le photographe Geoffroy Van Der Hasselt de l’AFP à Paris, on voit en fait un manifestant porter une pancarte «Macron dégage». Le «dégage» a donc été effacé des images diffusées sur France 3.
Le traitement de l’information est très différent selon le type de média. Un ancien journaliste reconverti dans le conseil en communication sous contrainte judiciaire au sein de l’agence LaFrenchCom, rappelle que « la télévision dramatise beaucoup. Elle joue sur les émotions et a un effet d’amplification. Un risque devient une crise ».
Effet nouveauté
Mais avant toute chose, le mouvement des Gilets Jaunes attire les médias du fait de sa nouveauté.
L’intérêt des médias devrait diminuer peu à peu comme cela fut le cas pour les précédents sujets. « Une info chasse l’autre » analyse Florian SILNICKI.