Communication de crise dans l’agroalimentaire

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L’industrie agroalimentaire, directement liée à la santé et au quotidien des consommateurs, fait face à des enjeux de sécurité d’une importance cruciale. Un incident de contamination peut non seulement porter atteinte à la santé publique, mais également causer des dommages considérables à la réputation d’une entreprise agroalimentaire. Au cours de ces dernières années, plusieurs affaires de grande ampleur (de la contamination de pizzas surgelées à des rappels de chocolats) ont mis en lumière la nécessité d’une communication de crise solide et d’une bonne maîtrise des protocoles d’hygiène et de traçabilité.

Dans le même temps, de nombreux acteurs proposent des outils spécifiques pour gérer les crises liées à la sécurité alimentaire. On pense notamment aux compagnies d’assurance spécialisées, qui offrent des couvertures destinées à soutenir les entreprises face aux risques de contamination. Aux côtés de ces assureurs, on retrouve des agences de communication de crise dont la mission consiste à prévenir, accompagner et stabiliser la situation lorsqu’un sinistre survient.

Dans cet article, nous allons analyser la manière dont ces différents dispositifs s’organisent, avec en toile de fond un constat : malgré la rareté relative des contaminations (elles ne représentent qu’une faible part des sinistres dans le secteur agroalimentaire), leur impact médiatique est souvent colossal.

Entre craintes légitimes et réactivité nécessaire : un contexte de vigilance accrue

Le secteur agroalimentaire est sous pression permanente. Un simple défaut d’hygiène, une erreur de composition ou un acte de malveillance peut entraîner des rappels massifs, une panique chez les consommateurs, voire des conséquences dramatiques pour la santé publique. Ainsi, lorsque surgissent des cas de contamination (bactérienne, chimique, etc.), le traitement médiatique prend vite de l’ampleur.

Les dernières années ont été marquées par plusieurs crises majeures. On peut citer :

  • La contamination à la bactérie E. coli dans certaines pizzas surgelées (printemps 2022) : des enfants gravement intoxiqués, des produits retirés en urgence, une enquête judiciaire.
  • Des rappels de chocolat en raison de la salmonelle à la même période, touchant Kinder (Ferrero) l’une des marques préférées des familles.
  • L’affaire Lactalis (2017-2018), où des lots de lait infantile contaminé ont été distribués sur plusieurs continents.

Ces scandales récents démontrent que, même si les incidents ne concernent qu’une minorité de produits et demeurent statistiquement rares, l’onde de choc médiatique et l’émoi du grand public sont immédiats. C’est dans ce climat de vigilance que se positionnent les assureurs spécialisés dans la contamination agroalimentaire et les agences de communication de crise, prêtes à intervenir lorsqu’un sinistre se produit.

Focus sur le rôle des assureurs et des experts en communication agroalimentaire

Communication de crise dans le milieu agroalimentaire : assurer les risques de contamination

Les assureurs ont un certain don pour raconter des histoires qui glacent le sang des assurés, victimes potentielles des pires catastrophes. Comme ces boissons gazeuses Perrier qui contenaient un trop fort taux de benzène. Des cas de contamination de produits agroalimentaires défrayent régulièrement la chronique ou plus récemment l’affaire du rappel des canettes Coca-Cola. Coca-Cola fut en effet récemment contraint à un retrait massif de ses produits en Europe. L’embouteilleur du géant américain des boissons a reconnu, lundi 27 janvier, devoir retirer de la vente des produits fabriqués dans son usine de Gand, en Belgique, en raison d’une teneur trop élevée en chlorate – tout en assurant que le risque sanitaire est, selon lui, « très faible ». Ce composé chimique résulte de l’utilisation d’eau chlorée pour la transformation des aliments ou pour la désinfection des équipements de traitement des aliments. Il peut perturber le fonctionnement de la thyroïde et des reins chez des sujets fragiles. « Ils ne représentent pourtant qu’à peine 5 % des sinistres », mentionne Florian Silnicki, Expert en communication de crise et Fondateur de l’agence LaFrenchcom, installée à Paris.

La prévention en tête

L’agence LaFrenchCom travaille au quotidien avec les principaux assureurs mondiaux pour faire la communication de crise de leurs clients en France.

Florian Silnicki qui dirige LaFrenchCom intervient la plupart du temps comme un pompier mais pas toujours. Son offre propose l’anticipation de la communication de crise agroalimentaire. Son équipe expérimentée réalise un audit de l’entreprise et de son processus de production.

A l’issue de cet audit de risques, des recommandations peuvent être éventuellement formulées afin d’améliorer la sécurité.

L’industriel doit maîtriser tous les niveaux de sa production : notamment l’achat des matières premières, le nettoyage, l’hygiène du personnel, les contrôles, ou encore, terme très en vogue, la traçabilité des produits. Cette dernière n’est pas seulement un mot à la mode, mais un élément essentiel en cas de problème.

En effet, une entreprise qui peut identifier facilement les éventuels lots défectueux limite déjà l’impact d’une contamination, qu’elle soit accidentelle ou criminelle. Si les produits n’ont pas quitté le site de production, ils y restent bloqués. S’ils sont déjà distribués, le nombre de produits à rappeler est nettement moins important. Et, avant tout, il faut éviter que les consommateurs finaux ne pâtissent d’un défaut de fabrication. Justification de l’assurance : il n’y a pas de risque zéro. Même si toutes les précautions sont prises, il est encore bon de souscrire une garantie.

Et, en cas de crise, l’assurance vient soutenir son assuré, l’aide à mettre en place une cellule de communication de crise. La maîtrise des médias fait partie des principaux points de préoccupation de l’assurance, qui tient à éviter les effets de panique dus à une annonce intempestive qui aggraverait le préjudice et le risque couvert par l’assurance. D’autant qu’à chaque fois qu’une telle affaire est relatée elle a un effet de contagion médiatique et digitale qui désespère les assureurs.

Enfin, la garantie couvre la perte de résultats et les frais liés à la nécessité de la marque de reconstruire son image et de reconquérir la confiance de sa clientèle. Le but ultime étant finalement la pérennité de l’entreprise.

  1. Les sinistres liés aux contaminations agroalimentaires ne constituent qu’une fraction des incidents déclarés, mais leur impact peut être considérable, sur le plan sanitaire comme sur le plan médiatique.
  2. Les compagnies d’assurance conçoivent des contrats spécifiques pour couvrir ce risque, illustrant la gravité potentielle de ces situations.
  3. La prévention est capitale : audits, traçabilité, contrôle des matières premières, formation, etc.
  4. Les agences de communication de crise, comme LaFrenchCom, collaborent étroitement avec les assureurs pour assister l’entreprise lors d’un incident et gérer l’exposition médiatique.
  5. L’assurance ne se limite pas au volet financier, elle peut également inclure l’accompagnement opérationnel (mise en place d’une cellule de crise, relation avec les médias…) et la prise en charge des frais de reconquête de l’image de marque.

Trois piliers : prévention, gestion de crise et indemnisation

Les assurances spécialisées dans les crises agroalimentaires peuvent couvrir plusieurs volets :

  1. Prévention des risques
    • Audit des sites de production et des process d’hygiène.
    • Recommandations sur les contrôles, le nettoyage, la traçabilité.
    • Mise en place de protocoles internes pour agir dès le moindre doute (cellule de crise pré-paramétrée, consignes en cas de contamination, formation du personnel à l’hygiène stricte).
    • Accompagnement pour établir une « charte qualité » et anticiper les enjeux de communication.
  2. Gestion de la crise
    • Dès qu’un incident survient, l’assureur peut fournir une hotline d’urgence et mobiliser des experts externes : avocats, consultants en communication de crise, spécialistes de la logistique de rappel produit.
    • Activation d’une cellule de crise : définition du rôle de chacun (porte-parole, gestion des médias, interface avec les autorités sanitaires).
    • Aide à la rédaction des communiqués de presse, conseil pour la tenue de conférences ou d’interviews.
    • Surveillance des réseaux sociaux et de la presse pour détecter d’éventuelles rumeurs ou amplifications délétères.
  3. Indemnisation et reconstruction
    • Les polices d’assurance « contamination » peuvent couvrir les pertes d’exploitation, les coûts de rappel (transport, destruction des lots, etc.), et les dépenses de communication pour rétablir la confiance (campagne de publicité, consultation d’experts en image, etc.).
    • L’objectif est de préserver la pérennité de l’entreprise malgré l’impact souvent brutal d’une telle crise sur la trésorerie et la réputation.

Outre les compagnies d’assurance traditionnelles (Axa, Allianz, Groupama, etc.), certains acteurs se sont spécialisés dans ce domaine du « kidnapping and ransom » élargi à la contamination agroalimentaire, reflet d’une prise de conscience des vulnérabilités (actes de sabotage industriel, menaces réputationnelles ou chantage à l’image de marque).

L’importance de la traçabilité et du principe « pas de risque zéro »

Un point essentiel est la traçabilité. La capacité d’identifier précisément l’origine d’un produit, les étapes de sa production et ses éventuels points de contact permet de localiser rapidement le lot défectueux et de le retirer du marché avant qu’il ne parvienne au consommateur. Dans certains cas, la contamination est détectée assez tôt pour que les produits restent bloqués en usine. Dans d’autres, s’ils ont déjà été distribués, le rappel est d’une ampleur plus limitée si l’on sait précisément quels lots sont concernés.

Ce mécanisme de traçabilité va de pair avec l’idée, chère aux assureurs, qu’aucune entreprise n’est totalement à l’abri : « Il n’y a pas de risque zéro. Même si toutes les précautions sont prises, il est encore bon de souscrire une garantie », rappelle l’expert en gestion des risques agroalimentaires. Cette philosophie rejoint les propos de Florian Silnicki, qui insiste sur la nécessité d’un audit et d’une prévention renforcée, tout en admettant qu’un incident reste possible. Dans l’agroalimentaire, les normes de sécurité sont extrêmement strictes, mais la multiplicité des acteurs (fournisseurs, sous-traitants, distributeurs) et les facteurs environnementaux peuvent contribuer à faire émerger un sinistre, même chez les industriels les plus méticuleux.

Gérer la communication de crise : un enjeu pour éviter la panique médiatique

L’autre volet majeur sur lequel insistent les assureurs est la communication de crise. La « maîtrise des médias » est un point de préoccupation central. L’expérience montre en effet que les contaminations alimentaires suscitent une forte émotivité dans l’opinion, et qu’un emballement médiatique peut avoir des répercussions sur la réputation de la marque et sur l’ensemble du secteur. Les crises Buitoni, Kinder ou Lactalis ont illustré combien la presse et les réseaux sociaux peuvent amplifier le phénomène, avec un effet de contagion : chaque nouveau cas signalé est repris dans d’innombrables articles, reportages, posts Twitter, stories Instagram, etc.

Florian Silnicki, fondateur de LaFrenchCom, intervient parfois « comme un pompier », lorsqu’une crise est déjà en cours, afin d’aider l’entreprise à :

  • Mettre en place une cellule de crise pour définir la stratégie de communication et gérer les messages adressés au public.
  • Rédiger et diffuser des communiqués de presse ou messages sur les réseaux sociaux.
  • Conseiller la direction générale de l’entreprise dans ses prises de parole médiatiques, éviter les maladresses de langage et montrer l’implication réelle de l’entreprise pour résoudre le problème.

Cependant, son équipe propose aussi de l’anticipation, c’est-à-dire un audit de l’entreprise (sécurité, organisation, communication interne) avant même qu’un incident ne survienne. L’idée consiste à cerner les failles potentielles et à préparer la marque en cas de sinistre : composition de la cellule de crise, éléments de langage pré-rédigés, scénarios d’alerte, formation des managers, etc.

Exemples récents : que retenir des crises dans l’agroalimentaire ?

Pour comprendre concrètement l’impact de la communication (et parfois son absence), examinons brièvement quelques cas médiatisés :

  • Pizzas contaminées : Au printemps 2022, plusieurs enfants ont été gravement touchés par E. coli après avoir mangé des pizzas surgelées. Le groupe concerné a mis du temps à s’exprimer publiquement, laissant la marque en question gérer seule la tempête. Les médias ont rapidement enquêté, pointant des manquements à l’hygiène dans l’usine, tandis que l’opinion réclamait des explications. Cette crise rappelle l’importance de réagir vite et de communiquer sur les mesures correctives (arrêt des lignes de production, rappel des lots).
  • Chocolats suspectés de salmonelle : Quasiment au même moment, une autre marque a dû rappeler une large gamme de produits. La pression était d’autant plus forte que la période précédait Pâques, un moment stratégique pour la consommation de chocolats. L’entreprise a fait face à des accusations de défaut de transparence. Les autorités sanitaires, en France et en Belgique, ont ordonné la fermeture temporaire de l’usine. L’enquête a révélé qu’un défaut interne avait été identifié dès le mois de décembre précédent mais mal géré.
  • Lactalis (2017-2018) : L’affaire impliquant des laits infantiles contaminés a montré comment un discours de crise tardif (le PDG parlant dans la presse cinq semaines après le début du scandale) peut entretenir la suspicion. Des parents se sont indignés publiquement, relayés par les médias et les réseaux sociaux. L’entreprise a finalement mis en place des rappels massifs sous la pression gouvernementale.

Dans chacun de ces cas, la réactivité et la transparence de la communication se sont avérées essentielles pour contenir l’ampleur du scandale. Les assureurs et agences de crise sont régulièrement sollicités pour conseiller les industriels, qu’il s’agisse d’organiser un retrait de produits ou de publier des FAQ sur les sites internet.

L’impact financier et la reconquête de l’image

Si la réputation de la marque subit un coup dur en cas de contamination, l’impact économique peut aussi être considérable. Les pertes d’exploitation (usine fermée, destruction de stocks, baisse de la demande) se chiffrent parfois en millions d’euros. Les distributeurs peuvent déréférencer temporairement les produits. Des procès peuvent s’engager en cas de dommage avéré pour la santé.

C’est pourquoi la garantie d’assurance couvre également, au-delà de la gestion d’urgence, la reconstruction de l’image. Il peut s’agir de financer des campagnes pour rassurer la clientèle, de relancer la marque par un positionnement révisé (mise en avant de nouvelles normes de sécurité, par exemple) ou de régler les frais de consultants en relations publiques. Les acteurs du secteur insistent sur la nécessité de prouver, sur le long terme, que l’entreprise a corrigé les défaillances et investi dans la qualité pour éviter qu’un incident similaire ne se reproduise.

Les clés d’une communication de crise réussie dans l’agroalimentaire

Au regard des différentes expériences récentes, voici quelques bonnes pratiques qui se dégagent :

  1. Anticiper et s’organiser en amont :
    • Mettre en place des protocoles de contrôle et de traçabilité solides.
    • Préparer un plan de gestion de crise (cellule de crise, rôles de chacun, contacts des autorités, canevas de messages).
    • Former les cadres à la prise de parole, à la relation médias, aux réflexes de transparence.
  2. Réagir rapidement et clairement :
    • Dès qu’un problème est détecté, avertir les autorités et les distributeurs, entamer le rappel des lots, diffuser l’information au public.
    • Éviter le déni ou l’attentisme, qui nourrissent la méfiance et amplifient la couverture négative.
  3. Privilégier la transparence et l’empathie :
    • Assumer qu’il y a un dysfonctionnement, exprimer de l’empathie envers d’éventuelles victimes, montrer que la santé des consommateurs est la priorité absolue.
    • Apporter des éléments concrets sur la nature du problème, l’ampleur du rappel, la durée potentielle de l’incident, etc.
  4. Maîtriser les réseaux sociaux :
    • Communiquer sur Twitter, Facebook, Instagram ou LinkedIn pour contrer d’éventuelles fausses informations.
    • Rester ouvert au dialogue, répondre aux questions, apaiser les inquiétudes.
  5. Collaborer avec des experts :
    • Impliquer les assureurs spécialisés et les agences de communication de crise qui connaissent parfaitement les rouages médiatiques et réglementaires.
    • Travailler en bonne intelligence avec les autorités sanitaires et les distributeurs, pour montrer une volonté partagée de sécuriser la chaîne alimentaire.
  6. Reconstruire la confiance :
    • Après le retour à la normale, communiquer sur les changements instaurés (renforcement des contrôles, nouvelles certifications, audits additionnels).
    • À long terme, prouver que l’entreprise a tiré des leçons et amélioré ses procédures, pour regagner la fidélité des clients et des partenaires.

Entre responsabilisation et anticipation

La communication de crise dans le milieu agroalimentaire revêt une importance particulière, compte tenu de la sensibilité du grand public aux questions de sécurité alimentaire. Dès lors qu’un incident de contamination survient, l’émotion est forte, les médias s’emballent et l’image de l’entreprise vacille. Les récents scandales liés à des produits contaminés ont montré que la réactivité, la transparence et l’anticipation peuvent réduire significativement l’ampleur du désastre.

Les assureurs jouent désormais un rôle essentiel dans cette équation. Leurs offres dédiées à la « contamination » ou encore à des scénarios extrêmes (« Kidnapping, menace, chantage ») ont pour but de protéger l’entreprise à la fois d’un point de vue financier et sur le plan stratégique. Grâce à leurs partenariats avec des agences de communication de crise, ils proposent un accompagnement complet : depuis l’audit préventif jusqu’à l’indemnisation des pertes en passant par la gestion de la cellule de crise. Cette approche globale vise un seul objectif : garantir la pérennité de l’entreprise malgré un coup dur qui aurait pu lui être fatal.

Toutefois, au-delà des questions d’assurance, la meilleure défense reste la prévention : renforcer la traçabilité, sensibiliser les employés, multiplier les contrôles, réagir instantanément au moindre indice d’anomalie. L’enjeu n’est pas seulement de se préserver d’un scandale médiatique : il s’agit avant tout de veiller à la santé des consommateurs. Une crise maîtrisée, c’est avant tout un risque minimisé pour le public, et in fine, c’est la confiance dans la chaîne alimentaire qui se voit préservée.

En somme, il n’y a pas de risque zéro, mais la mise en place de processus rigoureux, le recours à des spécialistes en communication et la coopération avec des assureurs aptes à couvrir ce type de sinistre constituent un rempart solide. L’histoire récente de l’agroalimentaire l’a prouvé : la transparence et la rapidité d’action sont les meilleures armes pour traverser l’épreuve d’une contamination, et reconstruire, ensuite, la confiance des consommateurs sur le long terme.