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Le duel politique sur le terrain judiciaire

litigation PR france

Question :

« En tant qu’agence de communication de crise et de gestion de crise, vos consultants spécialisés ont-ils souvent à accompagner des duels politiques qui se terminent sur le terrain judiciaire ? Un exemple récent de communication sous contrainte judiciaire ? »

Réponse :

Nous voyons quelle affaire médiatique peut vous amener à poser cette question 🙂 A travers une affaire de diffamation, la polémique née d’une campagne politique agitée a, en effet, récemment ressurgi dans le prétoire parisien. Une longue audience à couteaux tirés, et qui opposait de nombreuses personnalités politiques dont la communication politique avait déraillé.

Autrefois, les affaires de diffamation se réglaient les armes à la main. Avec témoins, dans les règles de l’art du duel.

L’époque n’est plus à la chevalerie. Mais à la cavalerie, juridique.

Le juge, de plus plus sollicité pour trancher les bisbilles privées plus ou moins graves, est devenu l’arbitre des conflits d’honneur. C’est tout de même moins sanglant, même si les batailles restent sans merci. Le phénomène s’est révélé dans toute son ampleur avec cette affaire, à travers un procès en diffamation.

Une audience de justice peu ordinaire, provoquée par une citation à comparaître formulée par un homme politique au sujet de la rédaction et de la diffusion de différents textes jugés diffamatoires.

Une démarche directement issue du contexte politique houleux qui avait marqué la dernière campagne des élections législatives.

« Une opération de destruction de ma réputation » …

… s’indignait ainsi l’un des candidats.

Les plaignants ont d’abord reproché à l’autre la rédaction et la diffusion d’une circulaire dressant un portrait peu flatteur de son adversaire, qui faisait suite à une polémique évoquée dans un quotidien régional.

Déroulant une plaidoirie très technique, l’un des avocats a plaidé une relaxe.

Non sans s’affronter à plusieurs reprises avec le défenseur de son adversaire, dans des passes d’armes tonitruantes qu’a difficilement contenues la présidente du tribunal.

« J’ai fait ce que j’ai cru devoir faire dans le cadre d’un droit de réponse », est venu dire en substance le directeur de la publication de l’hebdomadaire, deuxième cible des plaignants, pour deux séries d’articles consacrés à cette campagne politique agitée. L’homme de presse a exposé comment son journal avait géré ces informations sensibles, notamment en ouvrant une page entière aux différents points de vue. « En publiant tout de même des éléments diffamatoires » soutient l’un des avocats.

Droit de réponse et équilibre, réplique l’avocat du directeur de la publication, en plaidant la bonne foi et la relaxe.

Entre les arguments techniques pointus, la politique est restée omniprésente dans le prétoire.

Avec le thème de la morale en politique, développée par l’un des avocats, imprécateur à la voix de ténor. Avec le duel à distance entre les deux politiques. « J’ai compris que cette campagne allait se dérouler au niveau des poubelles » a déclaré l’un des candidats, distribuant bons et mauvais points à la presse locale.

« On a cherché à me déstabiliser en réduisant un débat politique à des propos diffamatoires », a exposé l’un des candidats déplorant sa marginalisation locale depuis la publication de ces articles.

Entre les relaxes et des demandes d’indemnités à 2 millions d’euros, les magistrats auront comme souvent à clarifier et arbitrer la nature pénale de cette vaste bagarre politico-judiciaire.