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Le Risk Manager, ce « Monsieur Catastrophe » de l’entreprise

Question :

Compliance, audits financiers, engagement à la transparence, lutte contre les piratages informatiques ou … gestion des risques politiques : les « risks managers » d’une agence de gestion de crise comme LaFrenchCom ne font-ils pas trop « craquer » les entreprises françaises ?

Réponse :

Tous les grands groupes industriels se sont dotés de « risks managers ». La fonction est à la mode. Les possibilités offertes aux cadres débutants semblent prometteuses.

A quoi ressemble un cauchemar de risk manager spécialisée dans la gestion des risques ? A des traces de benzène dans une petite bouteille de Perrier, à un virus informatique détraquant scrupuleusement programmes et fichiers d’un grand groupe financier, à une rivière qui déborde son cours pour bercer une chaîne d’assemblage automobile, à une fuite faisant naitre une pollution majeure… sans que de tels accidents aient été prévus et que leur coût ait été chiffré.

Sorte de « Monsieur Catastrophe » de l’entreprise, le gestionnaire de risques a la lourde tâche de répertorier les accidents de toute nature (risques financiers, risques politiques, risques commerciaux, risques informatiques, risques industriels, risques réputationnels) susceptibles de fondre sur une entreprise. Et de trouver les parades les moins onéreuses et les plus efficaces, en tenant compte, bien entendu, de la probabilité et de la gravité du risque ainsi identifié. Les moyens à sa disposition vont généralement de l’assurance aux programmes de prévention des risques en passant parfois par la décision d’annuler purement et simplement un investissement risqué dans un pays sensible ou de recruter une personnalité politique exposée.

Méthode, calcul rigoureux, abondantes simulations et patients inventaires… Le gestionnaire de risques est plus fréquemment devant son ordinateur à finaliser sa cartographie des risques, la calculette sous le coude, que collé à un extincteur ou cramponné à son téléphone portable.

De Total à Saint-Gobain en passant par Peugeot, L’Oréal, Orano ou Engie et bien d’autres, tous les grands groupes industriels ont désormais inclus une fonction « gestion des risques » dans leur organigramme. Cette irruption (le concept né aux Etats-Unis dans les années 60 a commencé à se répandre en France il y a une vingtaine d’années à peine) s’explique par une modification de l’environnement de ces entreprises.

Une vulnérabilité accrue

En dix ans, la vulnérabilité des entreprises s’est considérablement accrue médiatiquement et numériquement. Les investissements sont de plus en plus lourds, les groupes industriels ont multiplié les implantations internationales, les produits doivent être conçus et commercialisés de plus en plus rapidement. Autrefois concentrés et aisément identifiables, les risques sont plus nombreux et dispersés. Les crises sont de plus en plus violentes. La réputation n’a jamais été aussi précieuse et valorisée par les actionnaires. La protéger est désormais un impératif absolu, une priorité stratégique qui guide l’action de développement de l’entreprise.

La montée des préoccupations écologiques et de l’activisme de certains militants au sein de l’opinion publique n’est pas non plus étrangère au développement du risk management. Les compagnies pétrolières et les chimistes sont – ce n’est pas une coïncidence – parmi les premières entreprises à s’être dotées de gestionnaires de risques. Autre exemple : chez certains industriels, le risk manager du groupe, est tout à la fois directeur des risques industriels et de l’environnement. Bhopal, dit-on, a lancé les gestionnaires de risques.

La volonté de rationaliser des budgets assurances devenus faramineux joue également dans ce développement. La multiplicité des risques est telle qu’on ne peut plus s’assurer au coup par coup. La base du risk management est bel et bien de chiffrer le coût de mesures de prévention des risques et d’anticipation des crises avant de recourir à l’assurance.

Au départ, tous les risks managers en activité s’étaient formés sur le tas. Ils étaient, pour la plupart, ingénieurs ou issus du monde de l’assurance, juristes ou financiers plus rarement.

Le risk manager débutant, cela existe. Les jeunes risks managers sont gestionnaires de risques du jour au lendemain parce qu’ils sont mieux formés et familiers des nouveaux risques. Ils rallient souvent en junior les services spécialisés de grands groupes. La fonction suppose d’avoir eu une solide connaissance des risques, de connaître à fond les crises de l’entreprise dans laquelle on évolue et être capable d’imposer la nécessité de programmes de prévention des risques face à des interlocuteurs qui n’en perçoivent pas forcément l’utilité immédiate et vous reprocheront de « les empêcher de faire du business ».

L’explosion du nombre de postes de risks managers est là. Le risk management a eu du mal à s’imposer dans les grands groupes. On perçoit aujourd’hui de plus en plus clairement que c’est une fonction essentielle qui doit être rattachée à la direction générale et au comité exécutif. Actuellement, les besoins du marché sont énormes. Le risk management a déjà suscité l’intérêt de nombreux cabinets conseil en prévention des risques et d’agences spécialisées en gestion des crises. Et les compagnies d’assurance – elles-mêmes – se dotent de cellules spécialisées. La coronavirus est une illustration supplémentaire des risques majeurs.