- Le slogan comme levier de communication politique : quelles leçons tirer des pires ratages de l'histoire politique ?
- De "Allons z’idées" à "Hé oh la gauche !" en passant par "Jeanne, au secours", comment les stratèges politiques et les communicants se plantent.
- Florilège des pires slogans politiques
Le slogan comme levier de communication politique : quelles leçons tirer des pires ratages de l’histoire politique ?
“A l’heure où les hommes politiques n’ont jamais eu autant de moyens et d’occasions de communiquer, ils n’ont jamais été si peu efficaces pour marquer les esprits des électeurs noyés dans un brouhaha informationnel duquel ils n’arrivent plus à retenir quoique ce soit.” indique Florian Silnicki, Expert en stratégies de communication de crise et fondateur de l’agence LaFrenchCom’.
“Le slogan est l’un des premiers sujets de campagne qu’un homme politique abordera avec son équipe, souvent d’ailleurs en même temps que la conception de son affiche de campagne. Le slogan est intéressant en ce qu’il est la formule choc de la campagne, celle qui est censée impacter durablement l’opinion. Certains slogans ont été si efficaces, qu’ils ont durablement soutenu la campagne d’un candidat en le rendant sympathique, comme Jacques Chirac et ses pommes par exemple. Si l’opinion n’en retient que certains, c’est aussi parce que la plupart des slogans ont loupé le coche.” précise-t-il.
De “Allons z’idées” à “Hé oh la gauche !” en passant par “Jeanne, au secours”, comment les stratèges politiques et les communicants se plantent.
“Le slogan est un atout considérable dans une stratégie de communication publique ou politique parce qu’il mise sur l’émotion. A l’heure où une masse importante d’électeurs français s’enfonce dans une déprime collective, les campagnes politiques se joueront de plus sur plus sur l’émotion. Si votre slogan fait sourire, vous avez gagné. C’est ainsi que les politiques arriveront à renouer le lien distendu avec les Français et les ramenerons à eux . Ceci est de nature à renforcer le rôle des slogans dans les campagnes. A cette nécessaire émotion, s’ajoute la prise en compte d’un phénomène important : “l’anecdoctisation” de la communication politique. Les Français retiennent aisément les petits moments volés de campagne, c’est la culture “petit journal”.
“Le bon slogan recèle quelques secrets. C’est d’abord une formule courte. C’est ensuite une formule cash et accessible. L’objectif du slogan c’est de toucher le plus grand nombre d’électeurs, que chacun puisse le comprendre et sourire.”
“La stratégie du slogan repose sur la stratégie de communication politique du “café”. L’élection se fait de plus en plus sur le capital sympathie du candidat et sur le sentiment de dynamisme qui se dégage de sa campagne. Si l’électeur Français se dit “c’est un mec avec qui je prendrais bien un café”, vous avez atteint votre objectif.”
“La difficulté observée ces dernières années, c’est le manque de caractère politique du slogan. Les formules choisies n’étaient plus de véritables actes politiques comme ont pu l’être celui de Jacques Chirac en 2002, avec La France en grand, la France ensemble pour mieux exacerber sa différences avec ses adversaires politiques du moment.”
“Les internets ayant pris une place considérable dans le quotidien des Français, un phénomène intéressant est à observer, celui des détournements de slogans. La caricature des slogans politiques peut faire très mal à l’image d’un candidat. C’est pourquoi les équipes des candidats à la présidentielle testent les slogans sur des panels d’opinion, ce qui leur permet de mesurer quantitativement et qualitativement l’efficacité de l’impact de la formule sur les électeurs.”
“On peut regretter un manque d’imagination absolue des candidats, qui ne prennent aucun risque. Ils tentent de singer ce qui a été fait par le passé, c’est regrettable. Les Français ne sont plus surpris par les slogans qui ne sont donc plus efficaces. En se contentant d’imiter ce qui a été fait lors des campagnes précédentes, les candidats se privent ab initio d’un levier de visibilité intéressant.”
“Pourtant, toutes les équipes rêvent de trouver la phrase qui tuera l’adversaire. Celle qui restera dans la tête des électeurs, qui incarnera leur candidat à la perfection et le positionnera sur l’échiquier, notamment en termes de valeurs politiques.”
L’histoire de la communication politique, en France comme ailleurs se révèle être un puits sans fond d’idées géniales. Et de très mauvaises aussi.
Florilège des pires slogans politiques
- “Du sérieux, du solide, du vrai” (Raymond Barre, 1988)
- “Le président qu’il nous faut” (Jacques Chirac, 1981)
- “Il faut un président à la France” (Valéry Giscard d’Estaing, 1981)
- “Présider autrement” (Lionel Jospin, 2002)
- “A Chicken in Every Pot. A car in every garage” (Herbert Hoover, 1928)
- “Pour faire enfin bouger la France” (Alain Madelin 2002)
- “Nous irons plus loin ensemble” (Jacques Chirac, 1988)
- “Un président jeune pour une République moderne” (François Mitterrand, 1965)
- “I like Ike” (Dwight D. Eisenhower, 1952) : (“I still like Ike”, 4 ans plus tard).
- “Le candidat des maires” (Gérard Schivardi, 2007)
- “Génération Mitterrand” (François Mitterrand, 1988)
- “Pour que ça change fort” (Ségolène Royal, 2007)
- “La relève” (François Bayrou, 2002)
- “Debout la République” (Nicolas Dupont Aignan, 2012)
- “Osez Bové” (José Bové, 2007)
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