Quels sont les types de questions possibles ?
Selon notre expérience, les questions des journalistes relèvent de trois catégories :
- Les questions minées ; les questions auxquelles vous ne souhaitez vraiment pas répondre, mais que mais que vous serez peut-être obligé de satisfaire, les questions qui irritent, humilient ou embarrassent
- Les questions auxquelles vous adoreriez répondre, si seulement quelqu’un voulait bien les poser ; les questions permettant de souligner, démontrer ou illustrer les messages que vous vous efforcez de relayer
- Les questions Google ; une grande partie de votre préparation à la conférence de presse passe par une recherche sur Google de votre nom, votre organisation, le problème et les informations liés et disponibles sur Internet
Cette étape de collecte d’informations vous sert aussi pour préparer une interview. Votre préparation se fait en quatre principales phases, chacune étant liée au type de questions qui seront probablement posées par les journalistes ou qui risquent d’émerger compte tenu de la direction prise par l’interview. Examinons chacune de ces phases individuellement.
S’écouter parler (littéralement) dans les réunions, au téléphone, ou lors de répétitions avant des présentations et des interviews importantes aide beaucoup à s’améliorer.
Les questions minées
La préparation aux questions minées se fait en quatre étapes :
Étape 1 : listez les questions minées, ces questions humiliantes, embarrassantes, qui vous mettent en colère ou vous effraient. Rédigez-les avec des mots agressifs. Souvenez-vous que vous ne voulez absolument pas entendre ces questions pour la première fois lors de l’entretien en lui-même. La plupart des organisations peuvent être confrontées à environ une dizaine de ces questions, au plus. Mais chaque organisation, chaque problème, chaque produit, chaque contexte peut être l’objet de ces questions.
Étape 2 : rédigez vos réponses à ces questions en 75 à 150 mots.
Gardez en tête que tout ce que vous direz ne sera pas nécessairement repris dans les reportages, mais si vous voulez atteindre vos objectifs et communiquer des informations utiles vous devez répondre par autre chose que « oui » ou « non », ou ce type de réponse laconique. Une réponse de 75 mots représente environ 30 secondes de temps de parole et 150 mots représentent une minute environ, en anglais.
Étape 3 : répétez vos réponses à voix haute. C’est une étape tout aussi importante que les deux précédentes. En effet, on nous a tous appris à écrire pour être lus et non pour être entendus. De ce fait, ces réponses sont difficiles à « dire » à haute voix, elles ne sonnent pas juste et ne communiquent pas nos informations de la manière dont nous le souhaiterions. Donc, modifiez-les et prononcez-les à haute voix. Reprenez-les pour qu’elles sonnent bien à l’oreille.
Étape 4 : utilisez un enregistreur audio, voire une caméra vidéo, pour vous enregistrer et analyser votre performance. Réécoutez-vous et évaluez-vous. Demandez-vous si vous avez atteint vos objectifs de communication, si ce que vous dites sonne naturel et si vos réponses communiquent bien ce que vous vous efforcez de dire. Si ce n’est pas le cas, retravaillez votre réponse.
Les années d’expérience à affronter et à surmonter des crises pour nos clients, nous ont démontré à quel point un enregistrement audio ou vidéo est utile pour le coaching. Bien sûr, disposer d’un coach est un excellent moyen de s’améliorer, mais en vous écoutant vous-même, vous pourrez vous améliorer. S’écouter parler (littéralement) dans les réunions, au téléphone, ou lors de répétitions avant des présentations et des interviews importantes aide beaucoup à s’améliorer.
Les questions minées fréquentes :
1. Vous n’êtes pas embarrassé ?
2. Et vous n’auriez pas pu l’empêcher ?
3. Cela ne vous met pas en colère ?
4. Cette situation ne vous met pas mal à l’aise ?
5. Est-ce que cela vous importe réellement autant qu’à eux ?
6. Comment auriez-vous pu éviter cela ?
7. Est-ce que ce n’est pas un coup bas ?
8. Avez-vous bien fait de faire cela ?
9. Ils sont furieux. Vous ne vous sentez pas même en colère ou amer ?
10. Que pensez-vous de ces accusations ?
11. Que pensez-vous de ces allégations ?
12. Que saviez-vous et depuis quand ?
13. Que faites-vous ?
14. Que fait votre entreprise ?
15. Que fait votre entreprise pour la population ?
16. Que fait votre entreprise pour promouvoir les intérêts des minorités et des femmes ?
17. Qui est à blâmer ?
18. À qui est-ce la faute ?
19. Pourquoi est-ce vous qui êtes accusé/blâmé pour cela ?
20. Qui est responsable de cela ?
21. Pourquoi n’avez-vous pas réagi plus rapidement ?
22. Pourquoi n’étiez-vous pas prêt pour faire face à cette éventualité ?
Les questions auxquelles vous adoreriez répondre
Les journalistes en savent rarement beaucoup sur votre entreprise et d’ailleurs ils connaissent peu de choses en détail en général. Cela leur est tout simplement impossible, et ils le reconnaissent bien volontiers. C’est là un des secrets de leur objectivité, du moins en théorie. La personne interviewée est l’expert, la source d’informations. Le journaliste est l’observateur, l’interprète, le chroniqueur.
Pour garder le contrôle et donner des informations réellement utiles au public, la personne interviewée doit accepter la responsabilité de fournir volontairement des informations importantes, bien présentées et convaincantes.
Cette technique se déroule en deux temps :
- Dans un premier temps, vous transformez une question ou un ensemble de questions posées par le journaliste en une question spécifique qui vous convient davantage. Cette technique s’appelle la transition.
- Dans un deuxième temps, une fois que vous avez effectué votre transition, vous donnez des informations bien présentées, utiles et plus intéressantes, peut-être, que ce le journaliste pensait obtenir en posant sa question initiale.
Comme le processus précédent, la préparation pour répondre aux questions auxquelles vous adoreriez répondre se fait en quatre étapes similaires :
1. Faites une liste du type de questions auxquelles vous aimeriez répondre, en les regroupant par problème, par produit, par type de public, par type de technologie – le regroupement logique qui vous aidera à illustrer l’argument que vous voulez développer. Rédigez 6 à 12 questions pour chaque catégorie. Après tout, ce sont les principales informations que vous voulez partager.
2. Rédigez vos réponses à ces questions en 75 à 150 mots. Pour les raisons mentionnées plus haut, cette approche doit vous permettre d’inclure les petites phrases que vous souhaitez voir intégrer dans les reportages des journalistes. Plus vous donnerez d’informations aux journalistes, moins vous aurez de chance que ce que vous voulez précisément voir repris soit mentionné dans les reportages. En effet, les journalistes, qui ne connaissent pas votre entreprise ou le problème abordé, feront eux-mêmes le choix de ce qui est important si vous ne le leur dites pas explicitement. Selon notre expérience, il vaut toujours mieux décider pour les journalistes ce qu’il est important de mentionner dans un article.
3. Répétez vos réponses à voix haute. Comme nous l’avons écrit plus haut, c’est une étape cruciale pour être prêt.
4. Entrainez-vous en utilisant un enregistreur audio ou vidéo pour vous améliorer.
Utiliser Google pour se préparer aux questions
Tous les journalistes utilisent Internet pour leurs reportages. Cela signifie donc que vous et le journaliste disposez des mêmes sources. Les seules différences résident dans l’habilité à faire des recherches sur Internet et la volonté de faire les efforts nécessaires.
Si vous travaillez dans les relations médias, même si vous n’êtes pas le porte-parole, vous devriez faire une recherche de votre nom sur Google de toute façon, ainsi que pour les principaux produits, services, sites et évènements de votre organisation.
L’objectif des recherches sur Google est de trouver d’autres questions minées qui pourraient être posées lors d’une interview (afin que vous puissiez prendre le temps de réfléchir par avance à une réponse appropriée) et d’identifier d’autres questions auxquelles vous adoreriez répondre.
Plutôt que de créer une troisième liste de questions, ajoutez les nouvelles questions trouvées aux deux listes déjà compilées. Chaque jour, des millions de nouveaux éléments sont ajoutés au Web et les fonctionnalités de recherche des données sur Internet sont améliorées et approfondies.
Les questions résultent, en grande partie, du point de vue du journaliste sur ce qui constitue une information.
Le point de vue du journaliste sur les nouvelles
Qu’est-ce qui motive les questions posées par les journalistes ?
Les questions résultent, en grande partie, du point de vue du journaliste sur ce qui constitue une information. Les nouvelles, du point de vue du journaliste, ont une ou plusieurs des 15 caractéristiques suivantes :
1. C’est un évènement, une situation ou un produit qui affecte les gens, les animaux ou l’environnement.
2. L’effet produit (décès, dégâts, menaces, risque, danger)
3. Le changement. Souvent perçu par les journalistes comme le fait de remédier à des erreurs, c.-à-d. qui est responsable ? quel est le coût ? pourquoi est-ce nécessaire ?
4. Le conflit :
– Extérieur (concurrents, réglementation, poursuites civiles, pénales, administratives ou judiciaires)
– Intérieur (lanceurs d’alerte, formation de syndicats, employés mécontents)
– Provenant d’une opposition organisée (militants, attaques de la part du gouvernement ou du parlement)
5. La confrontation
6. Le danger
7. Le point de vue éditorial (ce que le rédacteur en chef pense et demande au journaliste de trouver/démontrer)
8. Les extrêmes (la proposition ou le problème, pas de juste milieu et présentation immédiate de la solution, la mise en accusation ou la réponse)
9. L’échec
10. Les erreurs
11. Les centres d’intérêt du journaliste (c’est à dire ce qu’il ou elle sait déjà sur le sujet du fait de ses hobbies ou d’une expérience professionnelle passée)
12. Les secrets
13. L’inhabituel
14. Les vulnérabilités
15. Les faiblesses
Plus ces éléments sont présents, plus vous ou votre sujet serez considérés comme une nouvelle intéressante. Vous pouvez en être sûr.
Comment anticiper les questions d’un journaliste ?
Dans les situations de crise, les sources de questions sont assez prévisibles. Comme Alan Bernstein (1986) le souligne, les médias demanderont toujours :
1. Que s’est-il passé ?
2. Quand cela s’est-il produit ?
3. Qui sera affecté ?
4. Quelle en est la cause ?
5. Pourquoi cela s’est-il produit ?
6. Où cela s’est-il produit ?
7. Comment se fait-il que cela se soit produit ?
8. Y a-t-il des blessés, et si oui, qui ?
9. Quelle est l’ampleur des dégâts ?
10. Quel est le risque que les dégâts ou le danger se prolongent ?
11. Qui est responsable ?
12. Quelles erreurs ont été faites qui expliquent qu’on en soit là ?
13. Qu’avez-vous l’intention de faire ?
14. Quand disposerez-vous de plus d’informations ?
Dans les cas de crise ou d’urgences spécifiques, les médias pourront aussi poser des questions plus précises.
Les autres articles de ce dossier sur la conférence de presse de crise :
-
PARTIE 1 : La conférence de presse de crise
-
PARTIE 2 : Préparer sa conférence de presse de crise
-
PARTIE 3 : Organiser sa conférence de presse de crise