Florian Silnicki, expert en communication de crise, Président Fondateur de l’agence LaFrenchCom, a été invité à commenter l’actualité politique dans le journal Le Parisien. Le conseiller en communication de crise a partagé ses réflexions sur la récente initiative de l’exécutif visant à renouer avec la population française après la séquence de la réforme des retraites.
Interrogé par les journalistes, Florian Silnicki analyse la stratégie du Président Emmanuel Macron et de son gouvernement pour se rapprocher des citoyens. En multipliant les déplacements au contact de la population, l’exécutif cherche à regagner la confiance et à renforcer le lien avec les Français. Cette démarche s’inscrit dans la continuité de l’exercice favori du Président, à savoir les rencontres avec les citoyens, comme celles organisées récemment à Sélestat et à Ganges.
L’expert décrypte les enjeux en matière de communication politique. En outre, il propose une analyse des possibles retombées de ces rencontres sur la perception de l’action présidentielle et l’impact à long terme de cette stratégie de communication politique.
Emmanuel Macron multiplie les déplacements au contact de la population.
Pierre Hardy, avec Valérie Hacot
Il est de retour dans l’arène. Après avoir laissé le champ libre à Élisabeth Borne, sa Première ministre, et au gouvernement, pendant les débats parlementaires sur la réforme des retraites, Emmanuel Macron renoue avec un exercice qu’il affectionne particulièrement. À Sélestat (Bas-Rhin), mercredi, puis à Ganges (Hérault), le lendemain, le président s’est livré au jeu de la rencontre avec les Français.
Et il ne compte pas s’arrêter là : le chef de l’État pourrait multiplier les déplacements jusqu’à l’été. Le gouvernement n’est pas non plus en reste. Vendredi, une dizaine de ministres étaient sur le terrain à travers la France.
Cette stratégie peut-elle permettre à l’exécutif de renouer avec les Français ? « C’est toujours une bonne idée d’aller à la rencontre de la population, estime Gaspard Gantzer, ancien conseiller de François Hollande, reconverti dans la communication de crise. Mais je ne suis pas persuadé que ce soit efficace dans ce cas : les cicatrices sont profondes, elles ne se refermeront pas tout de suite. »
La communication politique pour face à la défiance
« Le niveau de défiance est important », abonde Antoine Bristielle. Mais pour le directeur de l’observatoire de l’opinion de la Fondation Jean Jaurès, ces sorties présentent cependant un double intérêt pour le président. Ils lui permettent de montrer qu’il est « en mouvement », tout en affichant sa proximité avec la population, « un aspect qui lui a fait défaut ».
Et parce qu’il ose se confronter à une foule d’opposants hostiles, « les gens vont aussi se dire qu’Emmanuel Macron a une forme de courage », veut croire un ministre auprès du « Parisien », évoquant « des déplacements indispensables » qui vont lui « permettre de remonter petit à petit la pente. Il n’a pas le choix de toute manière. Il faut qu’il y aille à fond. C’est important d’aller au contact ».
Clôturer la longue séquence de la réforme des retraites
Selon Florian Silnicki, expert en communication de crise, l’exécutif espère aussi que les oppositions finiront par « se discréditer elles-mêmes ». « Quand vous voyez des manifestants insulter le président, l’accuser d’être corrompu ou d’être un dictateur, ça peut avoir un effet négatif », avance-t-il, estimant que ces images contribuent aussi à « souder sa base autour de lui ».
Mais attention, en dialoguant de façon spontanée avec la foule, Emmanuel Macron s’expose à des dérapages. « Il pourrait avoir une petite phrase maladroite, qui va alimenter l’image d’arrogance dont il souffre », met en garde le politologue Martial Foucault. « Ce n’est pas avec des casseroles qu’on fera avancer la France », a par exemple lancé le président mercredi, une pique interprétée comme une marque de mépris par certains opposants.
Une communication politique pour renouer avec les Français
Pour ces derniers, les apparitions du président et de ses ministres sont autant d’occasions de se faire entendre. Certains, sur les réseaux sociaux, appellent à organiser un « Intervilles des cent jours », en référence à l’échéance fixée par Emmanuel Macron pour relancer son quinquennat.
Mais après de longues semaines sans s’exprimer, le président avait-il d’autres choix que de descendre dans la rue ? « En politique, vous avez toujours besoin de montrer que vous n’avez pas perdu le contact avec vos électeurs », ajoute Florian Silnicki. Encore faut-il que ces déplacements s’accompagnent de propositions politiques : « La mise en scène ne suffit pas. Il faut aussi des mesures concrètes qui permettent d’ouvrir un horizon et de passer à autre chose. »