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Le Prince Charles, la communication efficace de Mark BollandActualitésLe Prince Charles, la communication efficace de Mark Bolland

Le Prince Charles, la communication efficace de Mark Bolland

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Charles, le guindé, devient le porte-parole des Windsor 

Il a longtemps incarné une famille royale guindée et coincée, mais c’était avant sa mue: le prince Charles a trouvé le ton juste pour évoquer la mort de sa grand-mère la reine-mère, en porte-parole des Windsor enfin en phase avec le reste de la Grande-Bretagne. 

La presse britannique débordait d’hommages mardi envers l’héritier du trône, pour la façon dont celui-ci a évoqué la veille la mémoire de la « queen mum », disparue samedi à 101 ans. 

Costume et cravate noirs, Charles, les yeux légèrement rougis, a évoqué à la télévision une grand-mère qu' »il n’a jamais cessé d’adorer » et avec qui « il riait jusqu’à en pleurer ». 

Habituellement impitoyable, la presse n’a pu rester insensible aux efforts de ce prince de Galles, âgé de 53 ans, pour aller à contre-courant de toute une éducation lui enjoignant de ne rien laisser paraître, au nom de la dignité de la fonction royale. 

« Never explain, never complain » (ne rien expliquer, ne jamais se plaindre), assène la devise officieuse des Windsor. 

Mais « si la Couronne doit survivre, elle a besoin de monarques en phase avec la population. Le prince Charles a prouvé une nouvelle fois que c’était son cas. Il a montré qu’il n’avait pas peur d’éprouver des émotions et de le montrer », se félicite le Mirror (gauche). 

Charles « a magnifiquement représenté la maison des Windsor », renchérit le Sun. 

La reine-mère « faisait plus que comprendre nos valeurs nationales, elle les incarnait », poursuit le Daily Telegraph (droite). « En saisissant cela, le prince Charles révèle une compréhension intuitive de ce qui fait une monarchie moderne réussie », selon le quotidien le plus proche de la Couronne. 

Cinq ans plus tôt, en 1997, Charles faisait la même unanimité, mais contre lui: la presse pleurait la mort de Diana et elle n’avait pas de mot trop dur pour fustiger par opposition la froideur réputée de son ancien époux. 

Seuls les plus proches du prince Charles connaissent les vraies raisons de cette métamorphose: profonde évolution personnelle ou, plus cyniquement, prise de conscience de l’importance du paraître dans une société très médiatisée. 

En tout cas, le prince Charles récolte les fruits de plusieurs années de travail de son conseiller en communication politique, Mark Bolland. 

C’est sur les conseils de ce « spin-doctor » très recherché que Charles a multiplié les apparitions aux côtés de vedettes de la chanson, de la télévision et du cinéma, et repris certaines activités caritatives de Diana, comme la lutte anti-sida. 

Les sondages ont définitivement basculé en faveur de Charles quand celui-ci a mis en avant son rôle de père modèle de William et Harry — jusqu’à faire savoir en janvier qu’il avait fait visiter à ce dernier un centre de désintoxication pour l’inciter à mettre fin à sa consommation de cannabis et d’alcool. 

Le prince de Galles multiplie également les gestes symboliques vers un possible remariage, avec sa compagne Camilla Parker Bowles. 

Avant le décès de la reine-mère, Charles avait déjà pris la parole pour exprimer la tristesse des Windsor à la mort le 9 février de la princesse Margaret, soeur cadette de la reine. 

« Le prince Charles est le seul porte-parole possible pour toute la famille », car la reine Elizabeth est trop « traditionaliste » pour rendre publics ses sentiments, explique à l’AFP le professeur Geoffrey Marshall, spécialiste de la monarchie. 

Le paradoxe est que Charles peaufine son image de monarque moderne sans savoir du tout quand, et même si, il accèdera au trône, car sa mère est résolument hostile à l’idée de renoncer à une fonction qu’elle assume depuis cinquante ans. 

« Charles a pris son parti de cette situation avec une bonne part de stoïcisme et aussi de savoir-faire, aussi l’opinion publique est plus favorable à Charles qu’il y a cinq ou six ans, quand Diana monopolisait les pensées », relève M. Marshall.