- La minute qui compte : comment on déclenche “pour de vrai”
- Une cellule de crise en baskets
- Le bruit avant le fracas
- Parler aux siens avant de parler aux autres
- La “réponse courte” et la “réponse longue”
- Ce que le courtier a mis en place en amont (et qui fait la différence)
- Le temps court et les temps longs
- L’alignement avec les autorités et les familles
- La soutenance du réel
- Le lendemain, tenir la trajectoire
- Après la houle : le rôle invisible du courtier
- Le retour à l’équilibre
- Ce que l’assurance ne rembourse pas, mais que la prévention évite
À 7 h 13, la sirène de l’usine a couvert les premières voix. Une machine s’est brusquement arrêtée, une ligne a été évacuée, les gyrophares ont découpé le petit matin. L’ETI, discrète championne de son territoire, s’est retrouvée en quelques minutes au cœur d’un événement que personne n’avait anticipé : un accident grave, un salarié blessé. Dans le bureau du directeur général, le plan bleu est sur la table, et avec lui une clause aux allures abstraites hier encore : la Police Protection Image. Le courtier appelle, l’assureur confirme, l’agence de communication de crise LaFrenchCom, dirigée par l’expert en communication de crise Florian Silnicki, est activée.
La minute qui compte : comment on déclenche “pour de vrai”
Ce que ce matin révèle, c’est la mécanique — très concrète — derrière une phrase de contrat. Sur le mur, un téléphone affleurant un autocollant rouge : “URGENCE IMAGE 24/7 — 0 800 XXX XXX — Réf. Police n° PPI-2025-….”. Le numéro est partout : au dos des badges, sur une carte “reflexes” glissée dans le livret d’accueil, imprimé sur un magnet de la salle de contrôle, dans la signature du directeur de site. Ce n’est pas un gadget marketing : c’est la porte d’entrée vers la cellule de crise.
À 7 h 18, le directeur industriel suit le protocole du classeur “Accident grave — Procédure image” que le courtier a fait intégrer à la police. Trois appels simultanés :
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Secours & autorités (priorité absolue aux personnes).
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Assureur via le numéro d’urgence de la police — le serveur vocal reconnaît la référence du contrat et route l’appel vers la permanence dédiée.
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DG et HSE (boucle interne) — pour enclencher le plan de sécurisation.
La standardiste du plateau d’urgence lit le script : “Merci, je vérifie votre police… Je lance l’activation LaFrenchCom.” À 7 h 26, la cheffe de mission de l’agence, en astreinte, compose le numéro du DG. Le contrat s’est matérialisé : le courtier l’avait promis, l’assureur l’a garanti, l’entreprise l’a déclenché.
Encadré – Ce que la police exige au déclenchement (et que le courtier doit faire préparer)
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Qui peut appeler ? Les personnes nominativement habilitées dans l’avenant (DG, directeur de site, HSE, communication, juriste). Le courtier a fait valider cette liste lors de la souscription.
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Quelles infos minimales ? Date/heure, lieu, nature de l’événement, statut des victimes (sans identité), autorités saisies, risque de visibilité (témoins, médias, réseaux), coordonnées du référent.
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Preuves d’éligibilité ? Dans 90 % des cas, pas d’attestation préalable : la présomption d’urgence s’applique. Les pièces (registre, PV, mails) seront versées après la mise sous contrôle.
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Traçabilité : un ticket d’incident est ouvert côté assureur ; l’agence récupère la référence pour tout reporting ultérieur.
Une cellule de crise en baskets
À 7 h 40, la “war room” s’installe dans une salle de réunion qui donne sur la cour logistique. Un paperboard barré de flèches, trois laptops, une cafetière italienne et surtout une grammaire opérationnelle : protéger les personnes, maîtriser les faits, organiser la parole, tenir la temporalité dans une méthodologie éprouvée qui ne laisse rien au hasard. LaFrenchCom ne s’intéresse pas d’abord aux mots, mais aux séquences. “La communication, ce n’est pas un vernis, c’est de la coordination”, glisse la cheffe de mission, ancienne journaliste devenue stratège crise.
Le premier réflexe est paradoxal pour une agence de communication : ne pas communiquer. Pas encore. Vérifier les faits. Consolider les données. Le service HSE recoupe les éléments avec la direction de site ; l’Inspection du travail est informée ; le CSE est réuni ; les secours confirment l’état de la victime ; l’avocat de l’entreprise rappelle le cadre : prudence, exactitude, respect des familles. LaFrenchCom pose la structure : un message interne prioritaire aux équipes, une ligne d’information dédiée pour les proches, un pré-positionnement vis-à-vis des autorités (préfecture, gendarmerie, ARS si nécessaire), un mémo presse qui ne sortira que lorsque les faits seront stabilisés.
Le bruit avant le fracas
À 8 h 12, les premiers posts émergent sur Facebook et dans un groupe WhatsApp d’anciens salariés. Rien d’hostile, mais des suppositions. Un “on dit” devient vite une hypothèse, puis une vérité partagée. La veille sociale tourne en continu : mots-clés, toponymes, photos. Un drone amateur a survolé le site ; une image floue circule déjà. LaFrenchCom contacte la mairie, la préfecture et la gendarmerie pour rappeler l’interdiction de survol ; le community manager — “prêté” par le marketing mais encadré par la cellule de crise — vérifie les comptes officiels, verrouille les messages. Pas de démenti précipité, pas de bataille en commentaires : tenir la ligne.
“Dans une ETI, tout le monde connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un”, explique un consultant spécialisé en gestion de crise. “La rumeur n’est pas méchante, elle est rapide.” L’objectif n’est pas de museler le territoire, mais de donner des points d’appui fiables : un point de situation interne toutes les deux heures, un message aux partenaires, un canal unique pour les médias.
Parler aux siens avant de parler aux autres
À 9 h 00, le directeur général s’adresse aux équipes. Salle de pause pleine, voix posée. Le message interne, coécrit avec LaFrenchCom, tient en quatre piliers : empathie, faits, actions, prochain rendez-vous d’information. On y lit ce que l’entreprise sait (accident confirmé, prise en charge en cours), ce qu’elle ne sait pas (circonstances précises encore en investigation), ce qu’elle fait (coopération totale avec les autorités, mise à l’arrêt sécurisée de la ligne, cellule d’écoute pour les salariés), et quand elle reviendra vers eux (11 h, puis 14 h).
Dans l’usine, ce choix fait une différence immédiate. Moins de spéculations dans les ateliers, un relais serein par l’encadrement intermédiaire, des représentants du personnel associés. LaFrenchCom insiste : les salariés sont les premiers médias de l’entreprise.
La “réponse courte” et la “réponse longue”
Côté externe, la stratégie repose sur deux formats. La réponse courte — un communiqué factuel de 700 signes — tombe à 9 h 30 dans les boîtes des rédactions locales : confirmation de l’incident, état de la victime (sans détail intrusif), arrêt de la ligne, coopération avec les autorités, contact presse unique. Elle vise un effet précis : éviter les papiers écrits “à l’aveugle” et donner une base solide à ceux qui publieront quoi qu’il arrive.
La réponse longue, elle, est gardée pour plus tard : un Q&A plus complet, prêt à être partagé à 14 h, qui explique l’organisation sécurité du site, la maintenance de la machine, les audits réalisés ces 12 derniers mois, les procédures de consignation, et la démarche d’amélioration continue. LaFrenchCom anticipe les questions de fond — “Avez-vous sacrifié la sécurité à la productivité ?”, “Pourquoi cette machine était-elle en service ?”, “Aviez-vous été alertés ?” — et prépare des éléments de langage qui répondent sans biaiser.
Ce que le courtier a mis en place en amont (et qui fait la différence)
Rien de tout cela n’arrive par magie. Si, à 7 h 18, l’entreprise a pu déclencher la clause sans hésitation, c’est que le courtier avait outillé son client avec LaFrenchCom dès la souscription :
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Carte “réflexe” format carte bancaire : numéro d’urgence de la police, identifiants, personnes habilitées, check-list des infos minimales.
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Avenant nominatif avec liste des déclencheurs (accident grave, décès, pollution, perquisition, rumeur virale, cyber-incident avec exfiltration) et personnes autorisées à activer.
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Affichage discret du numéro d’urgence dans les zones clés (PC sécurité, salle de contrôle, accueil, bureau DG).
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Exercice de déclenchement annuel (15 min, “table-top”) pour vérifier que les réflexes sont là.
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Arborescence de décision : si le DG est injoignable, la main passe au directeur de site, à défaut au HSE, etc.
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Connecteur IT simple : un bouton “Alerte image” dans l’intranet renvoie la fiche d’événement au plateau d’urgence (utile quand le téléphone est saturé).
Résultat : le matin de l’accident, personne ne cherche “où est le numéro ?”, personne ne demande “ai-je le droit d’appeler ?”. On appelle.
Le temps court et les temps longs
À 10 h 20, un média national appelle. L’accident intéresse parce que l’ETI fournit un grand donneur d’ordres. Tenir sans s’exposer : LaFrenchCom propose une mise à dispo différée avec un point presse à 18 h, sur site, si l’état de santé le permet et si l’enquête ne s’y oppose pas. L’idée est simple : rassembler l’info plutôt que de la saupoudrer en “off” au fil de la journée, ce qui crée erreurs et contradictions.
En parallèle, un “dark site” — une page d’info sobre, non indexée au départ — est prêt. S’il faut l’activer, il deviendra la référence des informations utiles : chronologie, messages, coordonnées, engagements. Côté référencement, l’équipe SEO anticipe déjà l’onde longue : des pages pédagogiques existantes sur la sécurité industrielle seront actualisées pour donner du contexte légitime aux recherches futures, et éviter que des articles approximatifs ne trônent trop longtemps au sommet des résultats.
L’alignement avec les autorités et les familles
Rien n’est public tant que les proches n’ont pas été informés. LaFrenchCom veille à cette éthique cardinale. Pas de nom, pas de détail permettant d’identifier la victime. La cellule s’aligne avec la préfecture : un seul porte-parole par camp, des messages cohérents, pas de “course” à l’annonce.
Quand les familles ont été jointes, un accompagnement discret est proposé. L’entreprise met à disposition un interlocuteur dédié, formé à l’écoute. “On ne communique pas à côté du chagrin”, résume la cheffe de mission. Le message externe, révisé, intègre une phrase claire : priorité aux personnes et engagement de transparence.
La soutenance du réel
À 18 h, le point presse ne ressemble pas à une mise en scène. Un pupitre, pas de logo envahissant, pas de slogans. Le directeur du site parle le premier, puis le responsable HSE. Deux interventions, trois minutes chacune, pas plus. Dire ce qu’on sait, dire ce qu’on fait, dire ce qu’on fera. Les questions arrivent. Certaines sont techniques, d’autres plus morales : “Avez-vous assez investi ?” LaFrenchCom a préparé les chiffres utiles — budget sécurité, formation, fréquence des audits — mais a surtout travaillé le ton : rien d’autosatisfait, pas d’esquive, des engagements concrets (“audit indépendant sous 15 jours”, “partage des conclusions avec le CSE”, “retour d’expérience transmis à la branche”).
Le communiqué enrichi est mis en ligne à 18 h 20, avec un reel sobre pour les réseaux : une prise de parole synthétique, sous-titrée, diffusée nativement. Les commentaires sont modérés, mais pas aseptisés : seules les attaques ou fausses informations manifestes sont retirées, avec explication.
Le lendemain, tenir la trajectoire
La pression médiatique retombe rarement en une nuit. À 7 h, LaFrenchCom partage un tableau de bord : volumétrie des mentions, tonalité, top questions, rumeurs émergentes. Une fausse piste circule sur un prétendu sous-investissement : l’équipe rédige une note d’éclairage (2 pages, chiffres sourcés, audits externes) que le DG transmet aux parties prenantes clés — clients, élus, organisations professionnelles. Pas pour “faire la pub”, mais pour outiller ceux qui, demain, auront à parler de l’ETI.
En interne, la deuxième réunion d’info réunit les équipes autour d’un fait simple : on continue d’expliquer. Les managers disposent d’un kit de 10 slides ; les représentants du personnel ont été associés à sa rédaction. Un créneau d’écoute psychologique est ouvert pour les salariés les plus exposés. LaFrenchCom sait qu’une crise se gagne autant à l’extérieur qu’au vestiaire de l’atelier.
Après la houle : le rôle invisible du courtier
Au troisième jour, le courtier repasse sur site. Son rôle n’est pas de venir “contrôler” mais de documenter : le ticket d’incident, le log des appels, les interventions de l’agence, le coût d’activation, les arbitrages pris. Il alimente le rapport d’événement de l’assureur. C’est aussi lui qui s’assure que la clause de coopération a joué à plein : pas de messages non coordonnés, pas d’initiatives parallèles, respect des points presse uniques. Le courtier vérifie que l’entreprise a bien capturé la preuve de tout ce qui a été dit et fait — captations d’écrans, emails, fichiers presse — pour éviter qu’un récit “réinventé” ne s’impose plus tard.
Encadré – Le “starter kit” que le courtier devrait fournir à chaque assuré PPI
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Carte réflexe (numéro d’urgence, ID police, personnes habilitées, check-list des infos).
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Affiches A5 discrètes (PC sécu, accueil, salle contrôle) avec numéro 24/7.
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Procédure de délégation : si l’habilitation 1 est indisponible, qui prend la main ?
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Formulaire d’alerte prêt à l’emploi (papier + web) — 10 champs, pas un de plus.
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Exercice de 15 minutes par trimestre : “qui compose, que dit-on, à qui ?”.
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Mémo légal de 1 page : ce qu’on peut dire / ne pas dire tant que les proches ne sont pas informés.
Le retour à l’équilibre
Un mois plus tard, l’audit indépendant est publié. Il confirme des procédures globalement conformes, pointe deux écarts formels, propose trois améliorations. L’entreprise les met en œuvre et rend compte : article technique sur le site, courrier aux salariés, lettre aux clients. Pas de storytelling héroïque, pas de “crise transformée en opportunité” — la formule a ses limites quand il y a un blessé. Plutôt un engagement vérifiable, suivi d’effets, au rythme du réel.
Ce que l’assurance ne rembourse pas, mais que la prévention évite
Pour l’assureur, le courtier et le souscripteur, l’épisode éclaire ce que la Police Protection Image change en pratique. Moins de spéculation médiatique, moins de contre-feux juridiques allumés faute de mieux, moins d’onde longue toxique sur les moteurs de recherche. Et, surtout, une relation restaurée avec les publics de l’ETI : salariés, familles, clients, élus, riverains. Le coût d’intervention n’est pas un surcoût, c’est un coût évité : campagnes défensives inutiles, fuite de talents, contrats fragilisés.
Dans la salle de réunion, le paperboard a été effacé. Ne restent que trois post-it, qu’on colle dans tous les dossiers suivants :
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Les personnes d’abord — aucune stratégie n’excuse l’oubli des familles et des équipes.
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La vérité au bon tempo — assez tôt pour éviter le vide, assez tard pour ne rien corriger.
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La trace — documenter, publier, archiver, pour que le récit ne soit pas écrit par d’autres.
Un observateur pourrait dire que LaFrenchCom a “bien communiqué”. Eux préfèrent une autre expression : ils ont tenu la promesse du contrat que le courtier et l’assureur avaient fait signer à cette ETI. Une promesse simple à énoncer, exigeante à tenir : quand survient l’accident, personne n’est seul — il y a un numéro d’urgence, une police, et derrière, une équipe qui répond.