Question :
« Que faire après un accident au travail pour éviter une crise ? En tant qu’entrepreneur, je ne suis pas sûr de savoir quoi faire dans ce cas pour bien gérer l’accident. Quels conseils une agence de communication de crise comme la votre peut-elle me donner pour assurer une bonne gestion de crise dans le cadre de ma gestion des risques ? »
Réponse :
Chaque année, plusieurs milliers d’accidents surviennent au travail. Si certaines entreprises sont moins à risque que d’autres, aucune n’est à l’abri. Et vous, sauriez-vous quoi faire si l’un de vos employés se blessait? Voici les principales étapes à suivre, et quelques conseils des meilleurs experts.
Un de vos employés trébuche sur la fourche d’un chariot élévateur. En tombant, il se frappe la tête sur le coin d’une étagère et se fait une large entaille au front. Les secouristes de l’usine – si vous n’avez pas d’employés formés dans ce but, ne tardez plus! – lui donnent les premiers soins. Selon la gravité de la blessure, l’employé est ensuite transporté à l’hôpital, à une clinique ou à son domicile. Il peut aussi reprendre le travail s’il s’agit d’une blessure mineure.
APRES LES PREMIERS SOINS ET LA PRISE EN CHARGE DE LA VICTIME (qui sont une priorité absolue) :
Conseil no 1
Protégez la scène de l’accident. Ceci facilitera l’analyse que vous ferez de l’accident en vous procurant le plus d’indices possible.
Conseil no 2
Prenez soin des autres collaborateurs. S’il s’agit d’un accident grave, les collègues du ou des blessés peuvent être en état de choc. Ont-ils besoin de quelques heures de repos? De rencontrer un psychologue? Avant de poursuivre vos activités, assurez-vous qu’ils sont en état de reprendre le travail.
Les premières formalités
Inscrivez dans un registre les accidents mineurs, c’est-à-dire ceux qui ont obligé un travailleur à recevoir des soins, sans toutefois l’empêcher d’exercer son emploi au delà du jour de l’accident.
Ne vous contentez pas d’inscrire l’accident, mais décrivez-le. Votre registre doit devenir un instrument de prévention.
Conseil no 3
Ayez une politique claire de déclaration d’accidents. Vous devez faire savoir à vos employés qu’ils doivent déclarer immédiatement à leur supérieur tous les accidents de travail, même les égratignures. Vous éviterez ainsi qu’un employé vous rapporte qu’il y a 10 jours, il s’est fait mal au dos en accomplissant telle ou telle tâche…
L’analyse de l’accident
Cette étape, cruciale dans la mise en oeuvre de moyens de correction et de prévention des risques, est souvent négligée. Les erreurs les plus fréquentes? L’analyse des risques est trop sommaire, la cartographie des risques est enclenchée trop tard, ou les responsables de l’analyse ne se rendent pas sur les lieux de l’accident…
Afin de reconstituer le plus fidèlement possible ce qui s’est passé, il est essentiel de recueillir les témoignages de plusieurs personnes: le supérieur immédiat de l’employé blessé, le blessé lui-même et les témoins de l’accident. Une fois que le responsable de l’analyse a recueilli les faits – sans les interpréter -, il en analyse les causes et définit les correctifs requis. Il est bon qu’il travaille de concert avec les travailleurs concernés, le représentant du personnel, le référent à la prévention des accidents et, s’il y a lieu, le comité de santé-sécurité.
Conseil no 4
Décrivez en détail l’accident. Un problème très répandu, c’est que la description de l’événement est incomplète.
On voit régulièrement des choses comme « L’employé n’a pas utilisé la bonne méthode de manutention » ou encore « Il n’a pas travaillé de façon prudente ». Évidemment, les recommandations sont du même acabit: « L’employé doit faire plus attention ». Ce n’est pas une analyse efficace!
Les formulaires d’analyse sont souvent mal conçus. La section «description» comprend seulement trois lignes par exemple. On spécifie de décrire brièvement alors qu’il faudrait faire tout le contraire.
Conseil no 5
Ne cherchez pas un coupable. L’objectif de l’analyse est de comprendre comment et pourquoi l’accident est survenu afin d’en prévenir la répétition, non d’identifier un coupable.
Si une erreur humaine est en cause, relevez le fait dans votre analyse mais ne jugez pas. Sinon, vous ne feriez que braquer l’employé.
Au lieu de cibler les employés ayant eu des comportements non prudents, assurez-vous que les travailleurs sont bien formés par rapport aux tâches qu’ils ont à exécuter et suffisamment sensibilisés à la santé-sécurité. Peut-être ont-ils besoin de formation? Vous pouvez aussi leur faire prendre un engagement en équipe et vous assurer que le superviseur fasse le point régulièrement sur cet engagement.
Conseil no 6
Ne vous fiez pas aux apparences. Un de vos employés s’est coincé les doigts dans un appareil parce qu’il n’a pas mis la garde. Vous croyez avoir trouvé la raison de l’accident? Détrompez- vous! Poussez votre questionnement plus loin. Demandez-vous pourquoi l’employé n’a pas mis la garde.
En période de production intense, l’employé se fait peut-être pousser dans le dos pour aller plus vite. La garde est peut-être brisée ou mal ajustée. Pour mieux comprendre un événement, il faut toujours le placer dans un contexte global.
L’analyse de l’accident prendra alors une autre tournure et vous implanterez les mesures correctives vraiment appropriées. Cherchez donc le vrai problème!
Dans les cas vraiment très graves (décès d’un ou de plusieurs travailleurs, blessures occasionnées à plusieurs employés en même temps, etc.), vous devrez gérer la crise.
Une bonne gestion de crise se prépare avant et non pendant. Il faut vous doter d’un plan d’action qui énumère tous les gestes à poser pour tous les scénarios possibles. Si vous êtes préparé, vous serez moins enclin à céder à la panique. Évidemment, vous devez bien connaître les risques auxquels vos travailleurs sont exposés.
Votre plan comprendra non seulement les aspects opérationnels (quoi faire) mais aussi la communication (quoi dire). Un seul porte-parole sera autorisé à communiquer avec les médias et toutes les demandes d’information de ceux-ci seront dirigées à une seule équipe de communication. Le porte-parole doit transmettre uniquement des faits vérifiés, pas de rumeurs ni de spéculations.
Si vous n’avez pas l’information demandée, dites simplement que vous ne le savez pas. Il vaut mieux attendre que se tromper.
Conseil no 7
Ne tentez pas de cacher de l’information. Ou les médias découvriront la vérité et vous serez pris en flagrant délit de mensonge ou bien ils feront état d’hypothèses plus graves que la réalité.
Les mesures correctrices et le suivi
L’analyse de l’accident devrait vous permettre de définir et de mettre en place les mesures préventives et correctives appropriées. Il vous faut également trouver des moyens pour assurer un suivi de ces actions.
En passant, si vous n’avez pas de programme de prévention ou de plan d’action en santé-sécurité, il est temps de vous mettre à l’ouvrage. Votre agence de gestion de crise peut vous fournir des documents décrivant en détails comment vous y prendre et vous donner un petit cours sur l’élaboration d’un plan de prévention des accidents.
Le plus beau plan d’action qui soit ne rapportera strictement rien si vous ne l’appliquez pas. C’est là tout le défi de la prévention en santé-sécurité. Il ne faut jamais relâcher l’attention. Les gestes parlent plus que les paroles.
Conseil no 8
Communiquez les correctifs. Parfois, les entreprises oublient de diffuser à leur personnel les mesures correctives qui ont été instaurées. Alors, les employés pensent que la direction générale ne fait pas grand-chose…
Conseil no 9
Notez tout. Préparez une feuille de route sur laquelle vous inscrirez tout ce qui se passe dans le traitement du dossier. Conservez au même endroit tous les documents administratifs et médicaux en les plaçant par ordre chronologique.
Conseil no 10
Restez en contact avec le travailleur. Plusieurs entreprises ne parlent jamais directement avec leur employé en accident de travail. Restez en contact avec lui, prenez de ses nouvelles, informez-vous de son moral, de sa santé, demandez-lui qu’il vous tienne au courant de l’évolution de son état. Ainsi, il ne se sentira pas mis de côté.
Le retour au travail
Les études révèlent en effet que plus l’absence se prolonge, plus le retour au travail est improbable. En outre, l’inactivité contribue à dégrader l’état physique et psychologique du travailleur.
Au contraire, le fait d’être de nouveau actif, de se lever le matin pour aller travailler, de rencontrer ses collègues, peut même hâter sa guérison et l’empêcher d’être dépressif. D’où l’importance de tout mettre en oeuvre pour favoriser le retour au travail de votre employé.
Les tâches que vous souhaitez confier à l’employé doivent toutefois répondre à trois critères de base: le travailleur est raisonnablement en mesure d’accomplir ce travail; ce travail ne comporte pas de danger pour sa santé, sa sécurité et son intégrité physique; ce travail est favorable à sa réadaptation.
Conseil no 11
Soyez précis. La description du poste temporaire doit être très précise afin que le médecin du travail ait tous les éléments en main pour prendre une décision éclairée.
Si c’est trop vague en effet, le médecin ne donnera probablement pas son accord. Une fois l’employé au travail, assurez-vous que les tâches qu’il accomplit respectent bien ce qui avait été prévu au départ.
Votre entreprise ne compte que quelques employés? L’assignation temporaire à un poste ne signifie pas nécessairement que le travailleur occupera un poste différent de celui qu’il occupait avant sa blessure. Vous pouvez modifier son emploi habituel en allégeant ses tâches, en adaptant son horaire, en diminuant le rythme, en lui faisant reprendre le travail de façon progressive, etc.
Le travail assigné doit être une activité productive pour l’entreprise. De plus, le travailleur ne doit pas se sentir isolé ou puni. La tâche temporaire doit être valorisante.
Un point important: vous devez verser au travailleur le salaire et les avantages de l’emploi qu’il occupait au moment de son accident de travail.
Le maintien du lien d’emploi vise à prendre en charge rapidement le travailleur blessé en faisant en sorte qu’il puisse recommencer à travailler le plus tôt possible. En gros, il s’agit de s’assurer que le travailleur, son médecin, l’employeur et le représentant en santé-sécurité, s’il y a lieu, collaborent afin de trouver la meilleure solution possible de retour au travail.
Vous avez tout avantage à recourir à l’assignation temporaire de façon systématique lorsqu’un travailleur se blesse légèrement puisque vous continuez de profiter de l’expérience et des compétences de celui-ci tout en diminuant votre cotisation à la CSST.
LE RÔLE DES CONSULTANTS
Les agences et les consultants peuvent être d’un grand secours pour mieux gérer vos dossiers.
Elles peuvent soit prendre en charge complètement vos dossiers, soit jouer un rôle de conseiller. Certaines offrent des services multidisciplinaires alors que d’autres se concentrent sur un aspect en particulier, comme la prévention.
Finalement, vous pouvez également vous tourner vers des firmes de comptables et d’avocats.