Retour sur l’effondrement d’une grue lors du pèlerinage de l’Hajj
Le pire accident observé pendant un pèlerinage de l’Hajj au cours de la dernière décennie est survenu lorsqu’une grue de construction s’est effondrée à La Mecque, tuant au moins 107 personnes et faisant plus de 400 blessés au cours d’un violent orage. Immédiatement après cet événement, les autorités saoudiennes se sont retrouvées confrontées à un défi de taille pour répondre à cette crise, qui consistait à aider les victimes mais aussi à rapidement enquêter sur l’incident. Retour sur ce cas de communication de crise par Florian Silnicki, Expert en communication et fondateur de l’agence LaFrenchCom.
Ashraf Shakah, directeur général de Raad, affirme que les premiers efforts de communication ont été « rapides et efficaces », notamment l’utilisation du compte Twitter de la Défense civile saoudienne. « Nous avons pu observer des mises à jour rapides sur les médias sociaux, et une certaine transparence concernant des thèmes critiques comme le nombre de victimes et les progrès accomplis lors des opérations de secours ».
Shakah évoque également le suivi à court terme, par exemple la mise en place de fonds destinés aux victimes et la cessation de l’activité de l’entreprise de construction Saudi Binladin Group, le temps qu’une enquête soit réalisée. Shakah estime toutefois que la réponse à long terme n’est pas aussi satisfaisante et soulève des questions concernant la responsabilité, des faits de corruption et les causes exactes de cet événement.
Il souligne que ces problèmes ont été accentués par l’« écart entre le niveau de discussion des autorités saoudiennes sur Twitter et les faits rapportés par les principaux médias ».
« Ces problèmes liés à la corruption et à la transparence ont été étudiés ouvertement et intensément par les différents individus, des discussions qui sont encouragées par les nouveaux membres de l’élite dirigeante du Royaume », affirme Shakah.
Les principaux médias semblaient en revanche limiter la portée de leurs reportages d’une manière qui reflétait les politiques éditoriales médiocres en vigueur à l’époque où une seule chaîne de télévision publique dominait le flux d’informations ».
La situation a été aggravée par la bousculade meurtrière du Hajj survenue moins de deux semaines après l’effondrement de la grue. Les questions mettaient l’accent sur les raisons pour lesquelles ce genre d’accident ne cesse de se produire malgré les importants investissements perceptibles en matière d’infrastructure et de sécurité.
« L’une des leçons que l’on peut tirer suite à l’effondrement de cette grue et de la bousculade du Hajj qui a suivi dans la vallée de Mina est que nous possédons les outils et les canaux permettant d’offrir la transparence et un flux rapide d’informations, et nos citoyens souhaitent que ceux-ci soient utilisés. Cependant, nos principales organisations médiatiques doivent encore évoluer et abandonner cet esprit qui consiste à agir comme l’ancien gouvernement et comme de vieilles entreprises », déclare Shakah.