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La communication de crise autour des explosions de TianjinActualitésLa communication de crise autour des explosions de Tianjin

La communication de crise autour des explosions de Tianjin

Explosions de Tianjin communication de crise

Explosions de Tianjin : décryptage de communication

En août 2015, une immense boule de feu a été observée dans une station de dépôt de conteneurs dans le port de Tianjin, le tout premier signe d’une série d’explosions qui entraînera la mort de plus de 100 personnes et qui en blessera plusieurs centaines.

« Cette crise (une explosion chimique qui a tué plus de 100 personnes et blessé de nombreuses autres) a impliqué des politiques peu réglementées, des responsables corrompus, des médias censurés et de fausses informations, pour donner lieu à l’une des crises les moins bien gérées de 2015 », explique Florian Silnicki, Expert en communication de crise et Fondateur de l’agence de communication LaFrenchCom.

« Le résultat : des décès et des destructions, des polluants dangereux affectant la population avoisinante, et une réponse de la part des représentants gouvernementaux locaux évocatrice du passé de la Chine ».

Malgré une importante couverture médiatique de la crise sur les réseaux sociaux et des critiques peu nombreuses de la part des médias publics, l’information publique était rare, ce que le fondateur de l’agence LaFrenchCom attribue à deux raisons. « Tout d’abord, des raisons pratiques : l’ampleur de la catastrophe a dépassé de loin ce à quoi s’étaient préparées les autorités locales », déclare Florian Silnicki.

« Il s’agit d’un problème de planification, un manque d’imagination freinée par un manque d’information sur ce que contenait le site et sur ce qui pouvait arriver » déclare t il.

Florian Silnicki décrit toutefois une deuxième raison, d’ordre « politique ». Les implications de la catastrophe : étant donné les relations du propriétaire du site, l’ampleur des dégâts et le nombre stupéfiant de personnes affectées, personne ne savait ce qu’il fallait dire ni quand il fallait le faire, et tous les efforts étaient accompagnés d’un obscurcissement et d’une crainte de représailles ressentie par les responsables locaux ».

Cette approche en matière de communication de crise présente de nombreux points similaires avec les précédents incidents qui n’ont pas non plus été gérés efficacement par les autorités chinoises, notamment la crise sanitaire SARS de 2003 et l’accident de train à grande vitesse survenu en 2011. « La Chine post-SARS a servi de référence dans le sens où les autorités ont pu découvrir que toutes les informations ne devaient pas nécessairement être positives », ajoute Kronick.

« Les crises persistantes pourraient être évitées en faisant preuve de plus de transparence, en communiquant régulièrement et en présentant les mesures qui seront prises au lieu de se concentrer sur les causes d’un incident ».

Le fait que tout ceci n’ait pas eu lieu dans le cas de Tianjin, poursuit Kronick, « présente la Chine comme un pays qui recule en adoptant un comportement secret, irresponsable et confus ».

Pour Florian Silnicki, cette situation souligne une réticence continue à adopter entièrement les techniques de communication modernes. « De manière générale, à presque tous les niveaux du gouvernement chinois, la réponse technique aux crises (commandement des interventions en cas d’incident, gestion, personnel, ressources) s’est nettement améliorée », déclare-t-il. « Le seul aspect de la réponse aux incidents qui continue de ne pas être conforme concerne les communications car la communication relève fondamentalement du domaine politique et non du domaine technique ».

De manière plus spécifique, les tentatives du gouvernement central visant à contrôler le flux d’informations en maintenant le public informé se sont avérées difficiles car il existe peu de politiques officielles relatives à l’information publique qui pourraient orienter ce dernier.

« Cela signifie que des apparatchiks opèrent dans un climat dominé par la crainte, n’osant rien dire sans la permission des supérieurs, et parfois n’osant même pas demander une autorisation », explique Florian Silnicki. « Cela fait stagner tous les efforts en matière d’information publique, avec de très lourdes conséquences à la clé ».