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Jo-Wilfried Tsonga : ses relations avec les médiasActualitésJo-Wilfried Tsonga : ses relations avec les médias

Jo-Wilfried Tsonga : ses relations avec les médias

Tsonga

Un sportif, tellement Français.

POUR L’INSTANT, pour Jo-Wilfried Tsonga, tout va pour le mieux. Pour les Mousquetaires du XXIe siècle, menés 2-1 face à des Tchèques même plus slovaques, c’est moins net bien sûr. Que Simon implose tantôt et on voit bien vers qui iront les reproches. Qu’il s’impose et voilà l’ambitieux Tsonga en position de sauver la patrie en péril lors du match décisif. Et de prouver ainsi qu’il en est un : un vrai chef. Parce qu’un type qui affirme en préambule d’une compétition que dans son équipe « il n’y a pas de leader » brûle de démontrer le contraire. Aussi vrai qu’un entraîneur qui entend son président lui « renouveler sa confiance » peut commencer à boucler ses cartons.

Et s’il se vautre ? Si Tsonga se vautre, on parierait qu’il lui sera beaucoup pardonné. En raison même de son ambition affichée d’empocher plus d’un titre du Grand Chelem, lui qui, à l’âge où Yannick Noah remportait Roland-Garros, n’a qu’une finale australienne pour accessit et Bercy pour tout, en guise de « Masters série ». La peur de passer pour bêtement « franchouillard », sans doute. C’est « tellement français », paraît-il, de reprocher à ses contemporains d’afficher de hautes ambitions. Comme s’il était spécialement français de vanter les vertus de la modestie et de la discrétion. Comme si la prudence n’invitait pas un contemporain de Nadal et de Federer, qui a de surcroît passé le plus clair de sa jeune carrière sur le flanc et le dos en huit, à mesurer ses prétentions au plus juste.

Le temps lui donnera raison. Ou non. Mais qu’il sache, comme le faisait remarquer Martine Carole dans Le cave se rebiffe, qu’en dessous « d’un certain volume d’oseille, l’autoritaire n’est rien qu’un emmerdeur prétentieux ». En attendant, on dirait que Jo-Wilfried Tsonga tient à entretenir les motifs de fâcherie avec les journalistes qui ne lui inspirent que de la défiance. Ah, oui, parce qu’il en veut encore à la corporation des « hyènes dactylographes », dont parlait Trotski, de l’avoir oublié du temps qu’il était blessé et de n’avoir pas rempli les colonnes des gazettes de captivantes nouvelles de son canapé. Comme si on faisait de bons journaux avec des bruits d’infirmerie !

Mais il faut bien qu’il sache que ça arrive à tout le monde de sortir des radars de l’info. Même aux journalistes. Mise au placard, on appelle ça. Et si la porte en est souvent dorée, certains confrères pusillanimes évitent soigneusement de s’en approcher. De peur que ce ne soit contagieux. Comme la tremblante du mouton. Enfin, bref, la notoriété ça va, ça vient, c’est comme les breloques du faucheur.

L’important, c’est de vivre avec intensité chaque seconde du quart d’heure de gloire dont parlait Warhol. Si Tsonga en doute, qu’il relise ses auteurs : T’as pas deux balles ? 7 euros sur chapitre.com, la première des deux autobiographies de Yannick Noah, fruit d’un bon délire avec son copain Yves Stavrides, écrite à l’âge de vingt-trois ans justement.

Il y parle de ses relations avec les médias et d’une fameuse interview à Rock and Folk où il s’était joliment fait entortiller par un journaliste inconnu du nom de Thierry Ardisson, avec révélations croustillantes sur ses galipettes de vestiaires et les coulisses de Roland-Garros au mois « de joints ».

Il raconte comment il a appris à faire durer les réponses pour éviter qu’on lui pose trop de questions et aussi comment il a pris le temps de vivre. Instructif vraiment pour un champion en devenir. Et qui aidera peut-être Jo-Wilfried Tsonga à répondre à la question que Yannick Noah se posait vingt-cinq ans après sa victoire à Roland-Garros : « Gagner un deuxième titre du Grand Chelem ? Bien sûr, mais pour quoi faire ? »