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Ministre de l’Intérieur, le Monsieur Lagaf du Gouvernement

« Le ministre de l’Intérieur est-il le Monsieur Lagaf’ du Gouvernement ? Propos maladroits ou sorties déplacées… Depuis son entrée au gouvernement, Christophe Castaner a été épinglé à plusieurs reprises. » rappelle Florian Silnicki, Président Fondateur de l’agence LaFrenchCom invité de BFMTV.

Dérapages et maladresses : les gaffes de Christophe Castaner à l’Intérieur

Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur de 2018 à 2020, a souvent vu sa communication politique parasitée par des gaffes retentissantes. Sorties médiatiques controversées, déclarations maladroites et traits d’humour déplacés ont jalonné son passage Place Beauvau, suscitant polémiques et critiques. Retour sur ces moments où la parole de celui qui était le “premier flic de France” a dérapé, et sur les conséquences politiques d’une communication sous haute tension.

Blague douteuse sur la tenue de Rihanna à l’Élysée

Avant même d’être ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner s’est illustré par une sortie hasardeuse en tant que porte-parole du gouvernement. En juillet 2017, lors d’une interview diffusée sur le site Konbini, il est interrogé sur la visite de la pop-star Rihanna à l’Élysée. Plutôt que de s’en tenir à la diplomatie habituelle, Castaner tente un trait d’humour sur la tenue vestimentaire de la chanteuse. Ne pouvant la rencontrer ce jour-là, il déclare qu’il aurait été « un peu déçu » de toute façon car « sa tenue était peut-être un poil trop ample »​. Cette plaisanterie sur le style oversize de Rihanna passe très mal. Sur les réseaux sociaux, les réactions sont vives : le porte-parole est traité de « beauf » et ses propos qualifiés de « sexistes »​. Ce qui voulait être une boutade se transforme en polémique nationale, forçant Castaner à réaliser, selon RTL, qu’il « n’aurait sans doute pas dû plaisanter sur la tenue de Rihanna »​. Cette première gaffe entache son image d’emblée et le ridiculise sur la scène médiatique.

Virée nocturne et exemplarité en question

Une fois nommé ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner continue d’alimenter malgré lui la rubrique faits divers. En mars 2019, en pleine crise des “gilets jaunes”, il est photographié dans une discothèque parisienne, en train de faire la fête jusqu’au bout de la nuit. Les magazines Voici et Closer publient des clichés du ministre embrassant une inconnue en boîte de nuit, lors d’une soirée privée tenue juste après une journée de manifestations nationales des gilets jaunes​. La révélation fait tache : voir le “premier flic de France” s’encanailler pendant que Paris s’embrase choque l’opinion et l’opposition. Le député européen RN Gilles Lebreton tweete ironiquement : « Pendant que les Black Blocs saccageaient Paris, Macron faisait du ski et Castaner préparait sa nuit en boîte : on croirait qu’ils rivalisent de mépris pour le peuple »​. La polémique enfle au point de menacer la crédibilité du ministre. Castaner tente d’éteindre l’incendie en plaidant sa « vie privée » : il affirme qu’il n’y a « pas de polémique » à avoir et qu’il reste ministre « 7 jours sur 7, 24h sur 24h », même s’il s’autorise une soirée d’anniversaire​. Édouard Philippe, alors Premier ministre, doit monter au créneau pour lui réaffirmer sa confiance « totale » malgré ce faux pas​. L’épisode, largement relayé, abîme l’image d’exemplarité attachée à la fonction et affaiblit Castaner, désormais présenté par ses détracteurs comme un ministre imprudent, plus préoccupé de divertissement que d’ordre public.

Pitié-Salpêtrière : l’« attaque » imaginaire d’un hôpital

Au printemps 2019, c’est une déclaration précipitée qui met Christophe Castaner dans la tourmente. Le 1er mai, en marge d’un défilé parisien émaillé d’incidents, une foule de manifestants s’introduit dans l’enceinte de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière pour s’y réfugier. Sur le moment, le ministre de l’Intérieur monte immédiatement au créneau et adopte un ton martial devant caméras et micros. « Des gens ont attaqué un hôpital. On a agressé son personnel soignant », lance-t-il le soir-même, qualifiant l’incident d’« attaque » délibérée​. Castaner dramatise la situation, parlant de soignants menacés et d’un policier blessé, et relaie cette version alarmante sur Twitter sans attendre. Problème : très vite, des témoignages et vidéos contredisent cette version. Il apparaît que les manifestants paniqués cherchaient plutôt à fuir les gaz lacrymogènes et qu’aucune agression de soignants n’a eu lieu. Le terme « attaque » est jugé excessif et, dès le lendemain, la vérité le rattrape. Mis en cause pour avoir monté en épingle un fait divers, le ministre doit faire machine arrière en public. « Je n’aurais pas dû employer le terme “attaque” », concède Castaner deux jours plus tard, reconnaissant une erreur de langage​. Il admet que seuls des actes d’« intrusion violente » se sont produits, un choix de mots plus conforme à la réalité. Le mal est fait : l’opposition l’accuse d’avoir menti sciemment pour discréditer les manifestants. Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, aux antipodes politiquement, s’accordent à dénoncer une « propagande du ministre » et réclament des comptes. Affaibli, Castaner sauve provisoirement sa tête grâce au soutien réitéré du Premier ministre, mais cet épisode de la Pitié-Salpêtrière entame gravement sa crédibilité. L’expression « attaque d’un hôpital » restera comme un symbole de sa précipitation maladroite, au point d’être moquée comme une fake news d’État une fois la vérité connue.

Attaque de la préfecture de police : l’erreur de trop ?

À l’automne 2019, un événement tragique vient encore souligner les failles de la communication Castaner. Le 3 octobre, un employé de la Préfecture de police de Paris poignarde mortellement quatre de ses collègues au cœur même de l’institution. Aussitôt après cette attaque interne, Christophe Castaner prend la parole pour rassurer : il affirme que l’assaillant « n’avait jamais présenté de difficulté comportementale, ni le moindre signe d’alerte » avant de passer à l’acte​. Cette déclaration se veut apaisante, mais elle est rapidement mise en pièce par l’enquête. On découvre que l’agent en question avait en réalité fait l’objet de signalements pour des propos radicalisés dès 2015. En voulant dédouaner ses services précipitamment, le ministre a une nouvelle fois parlé trop vite – et à tort. L’opposition, déjà remontée contre lui, s’engouffre dans la brèche : comment Castaner a-t-il pu ignorer ces alertes ? Lui a-t-on caché des informations ou a-t-il menti pour se couvrir ? La confiance se délite jusque dans la majorité. La presse évoque « l’erreur de trop » qui fragilise un ministre déjà sur la sellette​. Christophe Castaner, lui, se défend devant les députés en affirmant que ses propos reflétaient « la vérité connue » sur le moment​, tout en concédant du bout des lèvres des « failles » dans le suivi de l’assaillant​. Malgré ses explications, le mal est fait : sa sincérité et sa compétence sont publiquement remises en cause dans la gestion de cette crise majeure de sécurité intérieure. Beaucoup y voient la preuve que sa parole n’est plus fiable. Cette affaire de la préfecture, mêlant tragédie et défaillance, achève d’écorner l’autorité de Castaner au ministère.

Conséquences politiques et bilan d’une communication ratée

Chaque gaffe ou maladresse de Christophe Castaner a renforcé l’impression d’un ministre de l’Intérieur à la communication hasardeuse, sinon calamiteuse. Politiquement, ces dérapages en série ont eu plusieurs conséquences. D’abord, ils ont fourni des munitions à l’opposition de tous bords : l’intéressé s’est retrouvé sous le feu roulant des critiques parlementaires après chaque polémique, que ce soit pour « mensonge d’État » (après la Pitié-Salpêtrière) ou pour « inconséquence » (après ses virées nocturnes). Son autorité sur les forces de l’ordre a également été entamée : lorsque Castaner a tenté en juin 2020 d’annoncer l’interdiction de certaines pratiques policières (comme la clé d’étranglement) et une tolérance zéro contre le racisme dans les rangs, son message s’est heurté à une fronde des syndicats de police. Ces derniers, déjà échaudés par ce qu’ils percevaient comme un manque de soutien, ont organisé des manifestations de colère – jetant symboliquement menottes et brassards – et obtenu un rétropédalage partiel du ministère. Le malaise était palpable : Castaner semblait avoir perdu sur tous les fronts de la communication, critiqué à la fois par la base policière et par la population.

En juillet 2020, un remaniement met un terme à son passage Place Beauvau. Officiellement, Christophe Castaner paie l’usure du pouvoir et la nécessité de sang neuf à mi-quinquennat. Officieusement, beaucoup estiment que ses couacs à répétition ont pesé lourd. Son incapacité à maîtriser sa communication, pourtant une qualité essentielle pour un ministre de l’Intérieur, a fini par l’isoler. À force de vouloir avoir réponse à tout immédiatement, Castaner a multiplié les approximations et les traits malheureux, au risque de brouiller son action. Incisif mais imprudent, il a souvent confondu vitesse et précipitation verbale, au détriment de la clarté et de la vérité.

Une image écornée par ses propres mots

Le bilan communicatif du ministre Castaner apparaît sans concession : chaque gaffe a abîmé un peu plus son image et parasité son action régalienne. Ses déclarations à l’emporte-pièce – de la blague sur Rihanna aux annonces hâtives démenties par les faits – ont dessiné le portrait d’un homme piégé par ses propres mots. À vouloir ferrailler sur tous les terrains médiatiques, il a régulièrement dérapé, donnant l’impression d’un pilote en perte de contrôle. Ces erreurs de communication ont eu des conséquences bien réelles : elles ont affaibli la confiance du public, tendu les relations avec la police, et offert à ses adversaires politiques des occasions de le fragiliser. Au final, les gaffes en série de Christophe Castaner resteront comme autant de leçons cruelles sur l’importance, pour un responsable de haut rang, de manier la parole publique avec précision et prudence. Castaner aura appris à ses dépens qu’au sommet de l’État, chaque mot compte – et que certaines maladresses se payent au prix fort.