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La communication politique, une manipulation de l’opinion ?Communication politiqueLa communication politique, une manipulation de l’opinion ?

La communication politique, une manipulation de l’opinion ?

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Interview de Florian Silnicki, le communicant des crises… et des politiques.

« J’adore ça, décoder la com’ des politiques ! J’ai passé beaucoup de temps à les former et à leur apprendre à répondre aux journalistes les plus hostiles. Je passe encore du temps pour les aider à surmonter des crises politiques. »

Florian Silnicki s’est fait une spécialité en traquant la langue de bois « à l’ancienne » qui n’est pas une bonne stratégie de communication. Aidé de ses experts en communication – il scrute pour de nombreux médias leurs petites phrases, leur attitude « parlante », leurs tics de langage et même l’expression corporelle, tenue comprise !

Comment un journaliste politique peut il coincer un homme politique ?

Les hommes et les femmes politiques qui s’esquivent en interview sont les plus amusants. Cela ne dure jamais très longtemps.

La France politique est un petit monde et on finit par connaître les travers de chacun. Les journalistes politique savent comment les prendre, les faire enrager, les chauffer. Le piège marche généralement assez bien. Les journalistes politique savent aussi quand les hommes politiques tournent autour du pot. Mais attention, ils sont de plus en plus habiles : clairement, ils ont pris beaucoup de cours de mediatraining et cela a produit son effet.

De fait, nos politiques sont bien coachés et entraînés à la petite phrase. Comment alors mener un homme ou une femme politique à parler vrai ?

Tout dépend du moment. Ils ne sont pas toujours là pour livrer leurs états d’âme. Je crois qu’il ne faut pas tomber dans l’erreur classique « Ce sont tous des comédiens. Ils n’en pensent rien, etc. »

Un cours de mediatraining ne fabrique pas un manipulateur. Il aide parfois un penseur, un technocrate, un idéologue, un intellectuel à s’exprimer facilement. L’expérience nous montre que s’il y a bien un truc qui ne fonctionne pas et qu’on paye cash un jour, c’est le mensonge !

Cela dit, certains louvoient tout le temps. Le Net est aussi très révélateur. Les blogs, Twitter, avec leur liberté de ton, s’ils sont bien informés, sont très parlants.

« Le non-verbal, Ça veut tout dire » Quels pièges éviter ?

Il arrive que des phrases soient très préparées. Je constate aussi qu’il ne faut pas abuser des bonnes phrases. Trop de slogans tue le slogan ! L’effet est très éphémère sur leur communication politique. Avant, on tenait une semaine avec une bonne phrase. Aujourd’hui, la durée de vie d’une info est très courte. Les journalistes politiques voient aussi arriver le plan com’ quand plusieurs personnalités leur répètent en boucle la même formule ou le même élément de langage. Cela nuit à l’authenticité du propos. Chaque homme politique doit s’approprier les éléments de langage de son parti politique. Ils ne sont jamais prêt à mâcher. Il faut les travailler et utiliser les mots avec lesquels on se sent le plus à l’aise.

Tout est de la com’ ?

Tout ! Même le silence. Il est très éloquent. Le silence dit beaucoup, y compris en communication politique !

La com’ passe aussi par le non-dit : n’est-ce pas le plus significatif au fond ?

La communication gestuelle ou non-verbale est le plus chouette et ça veut tout dire. Quand on va à l’Assemblée Nationale sans cravate on exprime clairement une opinion. Le non-verbal trahit souvent les sentiments. Si vous faites systématiquement non de la tête en écoutant vos adversaires, vous renvoyez une image d’arrogance par exemple.