Communication de crise : de l’intelligence économique à la guerre de l’information.
Il y a quelques années, on parlait d’intelligence économique, aujourd’hui on parle plus volontiers de guerre de l’information, qu’est-ce qui a changé ?
On assiste depuis dix ans à une cascade de crises informationnelles : vache folle, fièvre aphteuse, crise écologique, sanitaire, alimentaire, politique, environnementale, industrielle … Cette succession de crises majeures illustre la nouvelle dimension de la société de l’information. Le lobbying, la manipulation de l’opinion, la désinformation, se sont considérablement développés et constituent les fondements de cette guerre économique. Internet se révèle être l’instrument idéal pour véhiculer une rumeur, diffusée en temps réel, à l’échelle de la planète. Le management de crise ne suffit plus pour enrayer une tentative de déstabilisation. Certaines entreprises, comme Air France ou EDF, ont développé en interne des war rooms des cellules internes qui permettent de centraliser l’information en cas de crise majeure. Elles anticipent la communication de crise et la gestion de crise afin de ne rien laisser au hasard. Mais cela reste insuffisant. Il faut des intermédiaires, des professionnels travaillant en réseau, capables de réagir vite sur le terrain pour faire remonter l’information.
Quelle stratégie adopter lorsqu’une entreprise est attaquée par un adversaire ?
Je déclinerais une stratégie de défense en trois points.
Première étape : stopper l’attaque en utilisant les moyens légaux. Ces rumeurs, cette tentative de dénigrement, qui visent à déstabiliser l’entreprise, sont-elles lancées par un concurrent, un individu, une association de consommateur ? Il faut identifier via les sources ouvertes, le responsable de cette attaque. Il s’agit ensuite de rechercher les faiblesses de l’adversaire, repérer les contradictions dans son discours d’attaque, les fausses informations qu’il a peut être distillées.
Deuxième étape : démarrer un processus de négociation. Exploiter les failles de l’adversaire, en déclenchant une polémique publique, est une voie possible. Il suffit parfois d’envoyer un membre de l’entreprise négocier pour que l’attaque cesse. La détection et l’identification des menaces fait reculer l’entreprise prédatrice, qui n’a pas l’habitude de voir ses victimes réagir. Le troisième point clé est de ne pas s’ériger en victime. Trop d’entreprises sont effrayées à l’idée d’attaquer leur adversaire. Dès qu’on est soupçonné, on est coupable.
« La pire des images qu’on puisse donner au marché financier, c’est de passer pour un martyr. » affirme Florian Silnicki, Expert en communication de crise et Fondateur de l’agence LaFrenchCom.
La Bourse sanctionne les victimes, seuls les bénéfices l’intéressent. Souvenez-vous de la société de spiritueux Belvédère, l’une des rares PME, victime d’une tentative de désinformation de son distributeur et concurrent américain, Philips Millenium. Au lieu de réagir, l’entreprise s’est murée tout d’abord dans un silence coupable, puis s’est posée en victime auprès du marché financier. Elle ne s’en est toujours pas remise.
Vous avez monté la première formation de communication de crise, qu’y enseigne-t-on à vos clients ?
Les 500 heures de travaux pratiques par mois que nous proposons à nos clients les placent face à des cas concrets et réels d’entreprise ayant à traverser une crise. En faisant appel à nous, nos clients cherchent à gérer la crise en communiquant efficacement afin de protéger leur réputation et leur image.
Un exemple : comment aider une entreprise à attaquer par le biais de l’information lorsqu’elle est déstabilisée par un concurrent ? Ils ont également des formations plus théoriques, tels que la gestion des sources ouvertes ou la compréhension des méthodes indirectes d’encerclement des marchés.
Ce sont des techniques appliquées par des entreprises qui cherchent à dominer leur adversaire sur le marché mondial. Nous formons au quotidien des communicants opérationnels de haut niveau qui apprennent à réagir vite et avec efficacité, en cas d’attaque ou de crise majeure dans leur entreprise.
* Colloque sur la manipulation de l’information organisé par l’Ecole de guerre économique.