- Communication de crise : que faire en cas de diffamation sur internet altérant votre eréputation ?
- Communication de crise : que faire en cas d'usurpation d'identité sur internet altérant votre eréputation ?
- Communication de crise : que faire en cas d'homonyme sur internet altérant votre eréputation ?
En révolutionnant nos vies, Internet a aussi fourni à quelques personnes mal intentionnées tout un arsenal de nouveaux outils et un vaste champ d’action : usurpation d’identité, vol d’informations personnelles, publications sauvages Bref, protéger sa vie privée, sa réputation, son intimité et surtout son identité est devenu un des gros challenges de l’ère Internet.
L’usurpation d’identité délibérée n’est pas la seule nuisance possible affectant votre identité numérique. Vous pouvez également être « victime » d’homonymes, ou voir des informations personnelles publiées sur le Web sans avoir donné votre consentement à leur diffusion. Il existe plusieurs cas de figure amenant à penser que son identité a été compromise. La première, c’est celle d’une « attaque », d’un acte délibéré visant à vous nuire ou à utiliser votre identité pour accomplir des actes répréhensibles. C’est le cas de figure le plus embêtant mais, paradoxalement aussi, celui contre lequel vous aurez le plus de recours. Le second cas de figure gênant est celui de l’homonyme… nombre d’entre nous en ont et, numériquement, il est facile de confondre deux personnes ayant le même nom et une adresse mail proche. Nous y reviendrons plus loin.
Communication de crise : que faire en cas de diffamation sur internet altérant votre eréputation ?
Dans le cas de l’altération délibérée de votre identité, deux schémas classiques cohabitent.
Le premier c’est la diffusion de fausses informations vous concernant sur divers sites Internet. Ces fausses informations auront tendance à remonter assez vite dans les moteurs de recherche, surtout si elles sont publiées par quelqu’un qui a une certaine connaissance des règles du SEO (Search Engine Optimization). Pour lutter contre ces informations, ou contre des informations gênantes que l’on souhaiterait voir effacées, on peut s’appuyer sur le droit au déréférencement et sur la CNIL. Mais attention, dans tous les cas la démarche n’a pas une efficacité garantie. Si vous constatez que des pages Web diffusent des informations diffamatoires ou gênantes à votre propos (anciens CV, numéros de cartes, signatures photographiées, numéro de sécurité sociale, photos de vous, etc.), vous pouvez contacter les différents moteurs de recherche afin qu’ils désindexent les résultats en question. Attention, ils n’effaceront pas le contenu de la page Web visée, mais supprimeront la diffusion de ses résultats dans leur moteur.
De plus, le droit cadre strictement les cas de figure dans lesquels on peut demander un déréférencement : ce dernier concerne les résultats renvoyés par la saisie des seuls noms et prénoms. Si on doit y ajouter un mot-clé pour les faire apparaître, ça ne compte pas. Et en dernier rideau, ce que la loi Française permet, est modéré par le moteur de recherche qui peut refuser l’effacement de certaines données.
Pour exemple, lors de nos requêtes, nous sommes tombés sur un article du Figaro de Lucie Ronfaut publié le 25 septembre 2014, très riche en enseignements. La journaliste explique avoir tenté de faire déréférencer une page russe l’accusant d’être russophobe pathologique et faisant figurer sa photo aux côtés de clichés pornographiques. Réponse négative de Google qui explique que la page en question présente un intérêt particulier pour le public concernant la vie professionnelle de la journaliste. Il en ira de même pour des professionnels dans divers domaines d’activité et les commentaires parfois déplaisants sur la qualité de leurs services… la réponse sera généralement négative.
Si vous êtes dans ce cas et que ces réponses ne vous satisfont pas, il faudra alors vous tourner vers la CNIL et déposer une demande, voire contacter un avocat pour voir si une action plus vigoureuse en justice peut se justifier, au titre de la diffamation par exemple. Encore une fois, même si les contenus disgracieux sont déréférencés dans les moteurs de recherche, rappelons qu’il est malheureusement très difficile de faire effacer les pages en question, surtout si elles sont hébergées hors de l’Hexagone.
Communication de crise : que faire en cas d’usurpation d’identité sur internet altérant votre eréputation ?
Autre grand risque couru pour tout utilisateur d’Internet, c’est l’usurpation d’identité pure et simple : quelqu’un se fait passer pour vous, en ligne. En ouvrant des comptes à votre nom sur les réseaux sociaux, en envoyant des e-mails portant votre nom depuis votre adresse ou une adresse très similaire. Ce cas de figure, bien que très désagréable, est assez simple à gérer puisque la loi en fait désormais un délit.
Depuis la loi Loppsi 2, donc, l’usurpation d’identité numérique est passible d’un an de prison et de 15 000 € d’amende. Elle couvre un éventail de situations assez large et est constituée quand l’identité de la victime est compromise.
Cette notion d’identité englobe les noms et prénoms, les pseudonymes, les surnoms, les identifiants… ou toute autre donnée de nature à l’identifier. C’est très large et on peut y inclure logos, URL, adresses IP, etc. De plus, le délit pour exister doit être réalisé dans le but de nuire, c’est-à-dire de troubler la tranquillité, d’être diffamatoire. Si vous constatez de tels agissements à votre encontre, il faut contacter un spécialiste de la réputation sur internet (nettoyeurs du net) et éventuellement déposer plainte auprès des services de police. La CNIL peut aussi être d’un grand secours, proposant conseils et moyens d’action (le dépôt de plainte en ligne via son site est possible) mais, comme toujours, les moyens d’action s’arrêtent à la frontière.
Communication de crise : que faire en cas d’homonyme sur internet altérant votre eréputation ?
Voilà un cas particulier dans lequel votre identité numérique peut-être compromise généralement de manière totalement involontaire il s’agit de l’homonymie. Beaucoup d’entre nous ont des homonymes, des personnes portant les mêmes noms et prénoms, ou des versions assez proches pour rendre la confusion facile.
La plupart du temps ces homonymies ne posent pas problème, mais elles peuvent être encombrantes dans plusieurs cas de figure. Votre « double » a des goûts et des idées très marquées, il travaille pour la concurrence, il a fait les gros titres des journaux pour des problèmes judiciaires… Or, s’appeler comme vous n’est pas un délit. Pour affirmer votre identité, il faudra jouer la proactivité : différencier ses profils en insistant sur ses différences (diplômes, écoles, employeur, activité, etc.). En cas de problème, il ne faut pas hésiter à contacter son homonyme pour en discuter, les forums sont remplis d’histoires de ce genre qui se terminent souvent très bien, les deux parties ayant intérêt à ce que les choses soient claires. Pour verrouiller les choses, certains ont des méthodes assez radicales : réserver toutes les adresses e-mail de forme prénom + nom (ou nom + prénom, ou prénomnom, etc.) chez la plupart des gros prestataires, acheter les noms de domaine avec leurs patronymes.
Pour les mails, c’est parfois délicat puisque les adresses sont souvent prises depuis longtemps. Il convient alors de ne pas lâcher la sienne et de vérifier de temps à autre que celles que vous pourriez convoiter n’aient pas été abandonnées. Dans ce cas, sautez sur l’occasion et réservez-les.
Reste un point très important, les messageries e-mail se prennent parfois les pieds dans le tapis. Un mail en prénom.nom peut facilement être pris pour le même en prénomnom par le serveur, et amener à des erreurs d’acheminement du courrier. C’est un cas que nous avons vécu personnellement avec un parfait homonyme, parisien lui aussi. La seule différence entre nos adresses Gmail étant un point entre le prénom et le nom. De manière aléatoire, les factures téléphoniques, les e-mails professionnels, les photos arrivaient sur le mauvais compte, Google ayant visiblement beaucoup de mal à aiguiller les mails en cas de similitude trop grande. Ce qui permet d’insister sur un point très important : ne faites jamais passer vos documents importants ou professionnels par les tuyaux de messageries grand public ; et si vous ne pouvez pas faire autrement, cryptez-les !
Évitez les comportements à risque
Pour se prémunir des dangers de type usurpation d’identité ou publications abusives, plusieurs comportements à risque sont à proscrire. Les « pirates » agissent souvent de la même manière, avec une arme de prédilection : le phishing. De faux e-mails, de faux sites Web vous enjoignent de renseigner des dossiers en ligne, incluant bien évidemment la saisie de données personnelles. Ne vous faites pas piéger, et face au doute contactez toujours l’émetteur présumé du mail ou du site (votre banque, assurance, etc.) afin d’en vérifier le bien-fondé. De plus, vos informations personnelles étant contenues dans des dizaines de fichiers constitués plus ou moins ouvertement et revendus au plus offrant, il est impératif de ne pas s’endormir sur son existence numérique. Il faut changer régulièrement ses mots de passe et ses codes secrets, il faut vérifier de temps à autre l’existence de « doubles » sur Internet et sur les réseaux sociaux. Certains outils peuvent vous aider à automatiser la tâche, comme LifeLock qui va surveiller l’utilisation de vos données personnelles sur Internet, et vous avertir en cas d’utilisation suspecte d’éléments vous concernant.
En résumé
- Changez vos mots de passe et vos codes secrets régulièrement.
- Méfiez-vous du phishing.
- Vérifiez de temps à autre l’activité vous concernant dans les grands moteurs de recherche.
- En cas de publication diffamatoire, contactez l’auteur et demandez sa suppression.
- Contactez les moteurs de recherche pour demander un déréférencement
- En cas de réponse négative, saisissez la CNIL et/ou un avocat.
- En cas d’usurpation d’identité, prenez conseil auprès d’un avocat et déposez plainte.