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Affaire Kelly: le « spin » ou l’art de la communicationActualitésAffaire Kelly: le « spin » ou l’art de la communication

Affaire Kelly: le « spin » ou l’art de la communication

Spin doctor, ou l’art de manipuler l’information

Le « spin » ou art de manipuler l’information sera au coeur de la deuxième semaine de l’enquête sur l’apparent suicide de David Kelly, avec les auditions de la garde rapprochée de Tony Blair, dont son controversé directeur de la Communication, Alastair Campbell, archétype du « spin doctor ». 

« Spinners on trial » (« les manipulateurs en procès ») titrait dimanche l’éditorial du Sunday Times. C’est en effet au tour des spécialistes de la Communication du Premier ministre britannique de venir devant le juge Brian Hutton, qui convoquera aussi cet été Tony Blair. 

Andrew Gilligan, le journaliste de la BBC-radio auteur du reportage accusant Downing Street d’avoir « gonflé » la menace de l’arsenal irakien pour justifier la guerre, sur la base d’un entretien avec David Kelly, a admis que son vocabulaire avait parfois été imprécis. 

Formulations à géométrie variable, conditionnels qui s’évaporent, sources approximatives: Alastair Campbell aura aussi du travail pour justifier l’évolution sémantique du dossier sur l’armement irakien publié par Downing Street le 24 septembre 2002. 

Il devra ainsi expliquer comment le titre du dossier a évolué après le 19 septembre, passant d’un prudent « Programme irakien d’armes de destruction massive » à un plus affirmatif « Les armes de destruction massive irakiennes ». 

Ce proche de Tony Blair devra peut-être aussi préciser comment un conditionnel a disparu dans le passage crucial sur le délai de 45 minutes dans lequel le régime de Bagdad était censé pouvoir déployer des armes chimiques et biologiques. Le 16 septembre, le dossier expliquait que les militaires irakiens « pourraient être capables » de déployer ce type d’armes, a révélé l’enquête Hutton. Le 24, le texte affirmait que « certaines ADM peuvent être déployées en 45 minutes ». 

Il sera sans doute aussi interrogé sur l’origine des informations du dossier. La source sur ce délai de 45 minutes avait en effet toujours été présentée comme de première main. Mais un document du Foreign Office a démonté cette affirmation jeudi: cette information était en fait arrivée au MI6, les services de renseignements extérieurs britanniques, via deux informateurs irakiens anonymes. 

Unanimement présenté par la presse comme démissionnaire à l’automne, Alastair Campbell ne sera pas le seul proche de Blair à témoigner cette semaine. Mercredi, ses deux porte-parole, Godric Smith et surtout Tom Kelly, répondront aux questions du juge. 

Dans la presse, le porte-parole Tom Kelly avait dépeint le scientifique comme un « Walter Mitty », en référence au personnage fabulateur d’une nouvelle américaine. Il s’était défendu d’avoir suivi des consignes en haut-lieu pour dénigrer le disparu. 

Pour David Kelly, le « spin » était bien en cause dans la présentation du dossier irakien, a révélé la commission Hutton. Le 12 mai, évoquant avec Susan Watts (BBC) certains propos sur l’Irak du président américain George Bush et du ministre britannique des Affaires étrangères Jack Straw, il déclarait: « C’était du spin ». 

Idem quelques jours après, avec Gavin Hewitt, également de la BBC: « Le spin du 10 Downing Street est entré en jeu », expliquait alors David Kelly, toujours cité anonymement. 

Mais les fuites avaient commencé et le 10 juillet, son nom s’étalait à la Une des journaux comme étant la source du reportage d’Andrew Gilligan. Puis il était soumis à toute une série d’interrogatoires par ses supérieurs, avant de passer publiquement devant une commission parlementaire le 15 juillet. Deux jours plus tard, il se donnait apparemment la mort, en se coupant les veines. 

« Le gouvernement a été élu par le spin, il a gouverné grâce à lui. Le spin a également contribué à la mort de David Kelly », concluait l’éditorial du Sunday Times.


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