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Les entreprises et la transparence à l’anglosaxonne

L’arrivée des fonds de pensions anglosaxons à Paris va contraindre les sociétés à plus de transparence.

Pour l’heure, les entreprises limitent leurs efforts à une amélioration de leur communication.

Le débat sur la question des pouvoirs et de leur répartition dans l’entreprise prend de plus en plus d’importance en France. Les entreprises américaines et anglo-saxonnes développent cette théorie depuis les années soixante sous le nom de corporate governance, condition incontournable pour attirer les capitaux des fonds de pensions.

L’importance de ces organismes de retraites a été accentuée en 1988, lorsque le département américain du Travail a adopté une règle les obligeants a voter aux assemblées des sociétés américaines dont ils sont actionnaires. Compte tenu de l’internationalisation croissante de leurs investissements, une nouvelle loi a été édictée en 1994 pour qu’ils votent également aux assemblées des sociétés étrangères dont ils détiennent des actions. Pour les entreprises françaises, c’est une véritable révolution car l’implication des fonds de pensions étrangers va leur imposer de modifier leurs relations avec leurs actionnaires.

Et pour cause : les investisseurs étrangers sont incontournables pour les grands groupes cotés à Paris, dont ils détiennent en moyenne un tiers du flottant. Le corporate governance n’en est qu’à ses débuts en France, mais il a déjà ses défenseurs.

Philippe Marini, sénateur de l’Oise, a organisé hier un colloque sur ce thème. Pourtant, si les réflexions se multiplient, force est de constater que les premiers efforts faits par les entreprises françaises ne remettent pas vraiment en cause le pouvoir, quasi sans partage, des présidents. Les efforts restent axés pour le moment sur une amélioration de la transparence des sociétés. Quelques entreprises ont créé des comités consultatifs composés d’actionnaires (de douze à quinze personnes en général) volontaires. Ils se réunissent deux ou trois fois par an, sous l’égide du président de la société, pour discuter des améliorations à apporter en termes de communication de la société. Au Crédit Local de France, coté depuis 1991 seulement, on affirme que c’est un élément important pour éviter les faux pas.

Ce dialogue permanent est à l’origine d’initiatives comme la rédaction de guides pratiques de l’actionnaire, plus ou moins complets, et de l’édition de rapports annuels abrégés reprenant la partie magazine du rapport et offrant une présentation simplifiée des principaux ratios boursiers.

Le Crédit Local de France a testé cette formule l’an dernier. Elle sera reprise cette année par Paribas et par Renault pour son premier rendez-vous avec ses actionnaires. Les « actionnaires témoins » de Total Les sociétés n’hésitent même plus à se réconcilier avec leurs opposants pour répondre à leur nouveau soucis de montrer patte blanche aux investisseurs. Des représentants d’associations de défense des actionnaires minoritaires sont intégrés dans les firmes. Le président de l’Anaf, Michel Tixier, fait ainsi parti du comité consultatif de la Société Générale, tandis que Colette Neuville, présidente de l’Adam, fera son entrée au conseil de surveillance de Paribas à l’occasion de la prochaine assemblée.

C’est la dernière initiative de Total qui fait, pour le moment, le plus d’envieux. Le groupe pétrolier, mettant à profit le caractère spectaculaire de ses activités, emmènera une douzaine « d’actionnaires témoins » visiter plusieurs de ses sites à travers le monde. Total est parti du constat que sa dimension internationale était insuffisamment connue, en France comme à l’étranger. Au siège du groupe, on explique que le médiateur le mieux placé entre l’entreprise et les investisseurs potentiels est tout naturellement l’actionnaire, car il est à la fois exigeant et crédible. A l’issue d’une année d’information, les actionnaires choisis rédigeront un compte rendu qui sera diffusé lors de l’assemblée générale.

Pour la première fois, l’investissement dans la communication aux particuliers se transformera en argument marketing pour séduire les institutionnels. D’ordinaire, la communication vis-à-vis des actionnaires est réputée être un travail de longue haleine aux retombées très inférieures aux efforts déployés. Les questions posées lors des prochaines assemblées par les représentants des fonds de pensions américains forceront certainement les entreprises à revoir leurs habitudes.