A 156 jours du premier tour de l’élection présidentielle, Internet prend des allures de nouvelle agora. Les candidats déclarés y rodent déjà leurs thèmes de campagne. Avec plus ou moins de bonheur.
Lors de la présidentielle de 1995, Internet avait été absent de leur communication politique. L’accès à la toile était alors un privilège de « happy few » et la classe politique avait confirmé sa difficulté à figurer à l’avant-garde des nouvelles technologies. Depuis, un chemin considérable a été parcouru. Lionel Jospin s’adonne parfois aux joies du « chat ». Jacques Chirac ne cherche plus la queue de la souris. Une poignée de députés répond même aux mails.
Aujourd’hui, ne pas avoir son site web à l’approche des échéances électorales, c’est risquer de passer pour le dernier des ringards. C’est aussi se passer d’un excellent outil de diffusion des thématiques de campagne et de communication. Les candidats déclarés pour 2002 l’assurent, donc. Ils ont intégré Internet dans leur stratégie de communication. Un coup d’oeil rapide sur les sites officiels met toutefois en lumière une belle marge de progression d’ici mai.
Inutile d’abord de chercher jacqueschirac.com ou son pendant jospinien. Les deux têtes de l’exécutif, occupées à se marquer quotidiennement à la culotte, ont oublié de se déclarer officiellement. Prière, donc, de se reporter sur les quelques sites de « fans » ou sur ceux du RPR et du parti socialiste. La nouveau site du parti gaulliste donne d’ailleurs un petit coup de vieux à celui du « poing et de la rose », riche en textes mais tristounet.
Côté outsiders, le psychodrame de l’été chez les Verts n’a apparemment pas encore été soldé sur la toile. Sur son site, Alain Lipietz apparaît bien comme l’ « ex » candidat écologiste. En revanche, pas de trace d’un site officiel pour le très médiatique Noël Mamère. Direction alors, lesverts.org, qui ne donne pas franchement envie d’y rester. Sobre mais dynamique, le site de Jean-Pierre Chevènement proclame, lui, que 33 % des Français sont prêts à voter pour le candidat républicain. Sans pour autant livrer des secrets sur les raisons d’un tel engouement.
Sur alainmadelin.com, le chantre du libéralisme raconte « la chaleur familiale du pièce-cuisine de Belleville » où il a grandi. Il propose aussi le Kikadi, un quizz animé, inspiré de « Qui veut gagner des millions ? » à base de citations pas toujours limpides. A roberthue.com, pas de candidat communiste à cette adresse. Il semble que Robert Hue se soit fait déposséder de son propre nom de domaine. Pour l’heure, le très pâle pcf.fr joue le rôle d’hébergeur.
On l’aura compris, dans l’ensemble, les esthètes sont priés de s’abstenir. Les internautes d’ailleurs ne s’y trompent pas. Récemment, le Journal du Net sondaient leur préférence pour le président le plus « net ». Alain Madelin arrivait en tête (18,2 %) devant Jacques Chirac (16,3 %) et Lionel Jospin (11,3 %). Mais, 20,3 % des sondés préféraient encore voir quelqu’un d’autre.