Jeu de rôle : gérer efficacement une communication de crise

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Une simulation de communication de crise

Une cellule de crise, un poste de commandement de crise, une salle de presse, ordinateurs, smartphones, traits tirés, les ingénieurs en troisième année de l’ENSMM (école nationale supérieure de mécanique et microtechniques de Besançon) ont été enfermés 48 heures au Foyer Sainte-Anne de Montferrand-le-Château pour un exercice passionnant de simulation de gestion de crise et de communication de crise.

L’enjeu, résoudre la crise qui frappe leur entreprise Dinobat, spécialiste de la régénération de batteries automobiles installée à Belfort. Clientèle à l’internationale dans l’aéronautique, la grande distribution, les concessions automobiles etc.

Les cadres sont seuls à faire face aux médias, Jacques Chardon le PDG n’est pas sur place.

Ils doivent s’organiser et gérer en interne et vis-à-vis des médias une crise qui débute par une tentative de suicide intra-muros et l’accident d’un chauffeur livreur avec pollution dans la Savoureuse proche du site.

Toute ressemblance avec des événements ayant existé serait fortuite. Et les catastrophes ne font que commencer. La crise évolue au fur et à mesure du scénario afin de faire vivre aux étudiants les péripéties réelles d’une crise. Cet exercice de communication de crise permet par exemple de faire face aux médias qui feuilletonnent sur la crise abimant la réputation et l’image d’une entreprise et de ses dirigeants.

La réalité de l’intelligence économique

Les élèves ingénieurs planchent dans le cadre d’un module de communication et de gestion de crise comptant pour leur diplôme.

« Ils ont monté une cellule de crise, analysé et pondéré les risques au fur et à mesure de la diffusion des informations », le chef d’escadron Bruno Migeot responsable régional de l’antenne intelligence économique de la gendarmerie et Pierre Vivien son homologue à la CCI régionale, jouent les analystes.

Ce sont eux qui ont créé le scénario, distillent les infos cauchemardesques de crise et notent les réactions.

Avec eux des intervenants ponctuels, consultants en communication de crise, enseignants, sont promus journalistes et titillent les étudiants lors de conférences de presse avec questions pointues en français, anglais et espagnol.

« D’une part ça fait sortir les étudiants de leur routine et ça leur permet de toucher du doigt la réalité de l’intelligence économique, discipline destinée à faire comprendre aux entreprises qu’elles doivent gérer les informations et l’environnement. l’intelligence économique est d’ailleurs enseignée à l’université. » Bruno Migeot note pourtant que les étudiants habitués aux matières scientifiques appréhendent le flou de l’entreprise, fut-elle virtuelle, mais précise-t-il, « c’est le seul exercice de cette ampleur en France ».

Dernière ligne droite pour les étudiants qui ont déjà rédigé moult notes de services, communiqués de presse, « pris des décisions qui n’étaient pas forcément les nôtres, mais celles convenant à l’entreprise, c’est toujours le plus délicat, il ne faut pas agir dans la précipitation, tout en gérant la fatigue », résume Rachid.

« On se rend compte qu’il faut être solidaire, maîtriser ses sujets, faire appel à des experts, autant d’enseignements qui peuvent servir au management interne », considère Juliane.

Sylvain y voit l’équivalent d’une épreuve d’endurance, avec le stress inhérent aux flots d’informations parfois contradictoires et toujours « la nécessité de divulguer le strict nécessaire » rappelle Florian Silnicki, Expert en communication de crise qui dirige l’agence LaFrenchCom.

Qui a dit qu’en matière de communication les futurs ingénieurs apprennent là à manier avec habileté et efficacité la langue de bois ?