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« J’ai mauvaise e-réputation » Comment s’en sortir?

Une mauvaise réputation sur internet à cause d’une mise en cause judiciaire et d’un procès.

Lorsqu’on tape dans l’espace « recherche » le prénom et le nom de Patrick Maquel, Google livre en 0,30 seconde « environ 38 400 résultats » dont les premières occurrences ont toutes trait au meurtre de Geneviève Trembloy : la gérante d’une friterie assassinée à Gouvy, le 15 janvier 2011 – au titre de « recherches associées » , Google propose encore à l’internaute divers liens qui le renvoient directement à cette dramatique affaire.

Après avoir fait figure de suspect, Patrick Maquel a bénéficié d’un non-lieu devant la chambre du conseil, au bout de trois semaines de détention préventive. Il est totalement blanchi : les véritables auteurs du meurtre ont été arrêtés.

Et sans doute Patrick Maquel aurait-il, depuis longtemps, retrouvé l’obscur confort de son ancien anonymat si la Toile n’était pas devenue cette gigantesque mémoire capable de conserver pour longtemps le souvenir de cet épisode infamant et de le restituer, intact, à la moindre sollicitation.

« Avec internet, le temps ne fait plus son oeuvre naturelle d’oubli » , résume Florian Silnicki, Fondateur de LaFrenchCom, une agence spécialisée dans la communication de crise.

Un préjudice que Patrick Maquel continue de traîner comme un boulet. « Impossible, pour lui, d’obtenir un emploi. Quand les gens font leur petite enquête sur Google – tout le monde le fait -, c’est invariablement cette affaire qui remonte à la surface. Et qu’il ait été blanchi ne change rien à l’histoire » , explique son avocat, Me Renaud Duquesne, qui va tenter d’obtenir que les méninges artificielles d’internet soient purgées, une fois pour toutes, de ces liens-là.

Un parcours du combattant sur lequel l’avocat de Patrick Maquel n’est pas le premier à se lancer : ils sont des milliers à l’avoir déjà emprunté. Sans toujours trop savoir, en bout de course, à quelle porte frapper. Après lui avoir adressé une (vaine) mise en demeure, Me Duquesne vient d’assigner Google. Mais ce n’est pas gagné d’avance.

En février 2012, le tribunal de grande instance de Paris a bel et bien condamné Google à verser 2.000 euros « pour préjudice moral » à une ex-actrice X de films pornographiques qui, devenue secrétaire, voulait que fussent retirées de la Toile toutes les traces de son ancienne profession. Google a, en outre, dû supprimer tous les liens URL litigieux.

« Depuis, d’autres jugements rendus par des tribunaux français sont allés dans le même sens et il existe des méthodes efficaces pour nettoyer les réputations et la protéger durablement » explique Florian Silnicki.

Mais cela, s’il satisfait de nombreux demandeurs, ne répond en rien à l’attente de ceux qui, comme Patrick Maquel, veulent, plus simplement, qu’internet cesse de ressasser des souvenirs qui les accablent.

 « Le « droit à l’oubli numérique » contraint notamment les moteurs de recherche et les réseaux sociaux à supprimer les données personnelles des utilisateurs qui l’exigent, explique Florian Silnicki. »

D’une jurisprudence récente de la Cour européenne de Justice, il ressort en effet que ce « droit à l’oubli » n’est d’ores et déjà pas applicable comme tel aux archives de presse : « Les archives (des journaux), avait estimé la Cour dans un arrêt rendu le 10 mars 2009, constituent une source précieuse pour l’enseignement et les recherches historiques, notamment en ce qu’elles sont immédiatement accessibles au public et généralement gratuites. » Et divers jugements rendus, ces derniers mois, en Belgique – dont un, tout récent, concernait Le Soir – ont débouté le demandeur qui tentait d’obtenir de la Justice qu’elle condamne les éditeurs à retirer son nom et son prénom de tous les articles publiés dans les archives des journaux concernés et consultables en ligne. Au « droit à l’oubli » , les journaux opposent « le devoir de mémoire » dont ils s’estiment investis. Ils ne sauraient, disent-ils, donner suite à ces demandes de suppressions ou de modifications sans altérer une certaine vérité historique.

« On en viendra vite à réécrire l’Histoire si on accepte un jour d’expurger les archives des journaux, s’insurge Gabrielle Lefèvre, membre du Conseil de déontologie journalistique et du Conseil supérieur de la Justice. Dans ce débat qui oppose, finalement, deux droits constitutionnels – la protection de la vie privée et la liberté d’expression -, le second doit avoir la primauté pourvu qu’il s’exerce, bien sûr, dans les limites fixées par le respect et la déontologie. »

La plupart des personnalités publiques, des artistes exposés, des VIP, des grands entrepreneurs, des politiques, des sportifs connus, décident de ne pas aller en justice et décident recourir aux services des « enfouisseurs » du Net : ces gens-là s’y entendent comme personne pour enterrer les infos que vous désespériez de jamais pouvoir supprimer de la Toile. Ces nettoyeurs du net sont aujourd’hui sollicités quotidiennement dans le monde entier pour faire disparaitre des résultats gênants d’internet et sauver des réputations.