Astreinte de crise 24h/24 7j/7

Coupable médiatiquement même non-coupable judiciairement ?

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L’actualité nous fournit des exemples tous les jours.

Il suffit d’un tweet ou d’un article de presse pour que le public se fasse instantanément une idée définitive de la culpabilité des acteurs d’un dossier judiciaire. Comme au théâtre les rôles sont distribués au départ de la pièce.

La Cancel Culture a imposé dans l’actualité des scandales successifs mettant en cause les personnalités publiques de premier plan à l’image récente du constitutionnaliste Olivier Duhamel salué jusque-là pour avoir été l’un des plus jeunes agrégés de droit public en France, aujourd’hui accusé d’agressions sexuelles répétées sur son beau-fils, incarnant désormais à lui-seul le phénomène de l’inceste.

Comme pour Dominique Strauss-Kahn (DSK), Olivier Duhamel ne sera sans doute jamais condamné par la Justice républicaine et a, pourtant, dores et déjà tout perdu en étant contraint à la démission de l’ensemble de ses fonctions professionnelles.

Précisons que dans cette affaire, Olivier Duhamel a gardé le silence et n’a pas contesté les faits se contentant de faire un Tweet évoquant des « attaques personnelles » et annonçant sa démission de toutes ses fonctions professionnelles et refusant de réagir « Je ne réagis pas et je n’ai rien à dire » à l’article d’Ariane Chemin, journaliste au quotidien Le Monde.

Cette affaire ne doit pas faire oublier que de nombreuses accusations médiatiques engendrent des chasses à l’homme sur les réseaux sociaux qui ne sont pourtant qu’affaire de vengeance personnelle ou professionnelle, sans fondement réel.

L’affaire Woody Allen, accusé par son ex-compagne Mia Farrow, d’attouchements sexuels sur leur fille adoptive Dylan, âgée de six ans a ainsi durablement écorné son image alors que l’enquête des autorités n’arrivera pas à démontrer que Woody Allen a eu des relations sexuelles avec cette dernière.

Les présumées victimes ont évidemment le droit de vouloir « faire tomber » leurs agresseurs en détruisant leur image et leur réputation tout en saturant l’espace médiatique et numérique de leurs témoignages à charge. Les supposées victimes ont aussi naturellement le droit d’être en colère et d’être blessées par l’agression prétendument subie. Les victimes ont enfin légitimement le droit de s’indigner d’avoir été insuffisamment crues et écoutées par les autorités ces dernières années. 

En accompagnant au quotidien la plupart des grands avocats français et internationaux, nous observons aussi, nous, conseillers en communication de crise, quotidiennement des accusations faire des vagues dans les médias et sur les internets sans que rien ne puisse être prouvé sans que personne ne puisse être inculpé ou condamné par la Justice Républicaine. A cause de la célébrité des personnalités que nous accompagnons certes mais aussi et surtout parce que les affaires médiatiques dans lesquelles nous intervenons illustrent les évolutions de la société et des attentes des citoyens.

Il s’agit ici ni d’accabler ni de prendre la défense de qui que ce soit mais de faire le constat d’une mutation importante à la fois de l’environnement de l’information et de la formation de l’opinion publique.

La communication de crise face aux excès de la Cancel Culture

En tant que spécialistes de la communication de crise, nous constatons que l’accusation d’agression sexuelle est devenue une nouvelle forme d’assassinat des années 2020. Même acquitté par la Justice, l’accusé est marqué à jamais comme l’a été l’ancien patron de la chaîne Equidia Eric Brion, qui avait été la première cible du mouvement #BalanceTonPorc. Ce dernier fera d’ailleurs condamner la journaliste Sandra Muller qui avait dénoncé des propos jugés dégradants. Écrit en pleine affaire Weinstein, son tweet, accompagné du hashtag #BalanceTonPorc, était devenu viral. Le tribunal l’a condamnée à 15 000 euros de dommages et intérêts.

La « mort sociale » comme compensation à l’absence de condamnation judiciaire ?

Médiatiquement, face à la parole d’une victime, la présomption d’innocence, le secret de l’instruction et le secret de l’enquête n’existent plus. L’empathie et la compassion à l’égard de la présumée victime emportent tout sur leur passage. Voilà pourquoi nos clients font appel à notre expertise en communication de crise médiatique, en gestion de crise numérique et en communication sous contrainte judiciaire. Il s’agit souvent pour eux de réussir à se faire entendre auprès des journalistes et des internautes qui usent régulièrement de méthodes contestables pour nuire à la réputation et l’image des personnalités publiques.

Les personnalités publiques, qu’elles soient acteurs, politiciens, athlètes, dirigeants d’entreprises, … s’adaptent à cette nouvelle réalité médiatique et numérique.

On retrouve de plus en plus souvent, en plein coeur des batailles de communication sans merci que se livrent des groupes pour conserver ou conquérir des parts de marché, une bombe médiatique et numérique qui éclate : une victime accuse un dirigeant d’actes indécents ou illégaux. Qui a raison, qui a tort ? Les réseaux sociaux se font immédiatement une idée de la culpabilité des uns et des autres.

L’hystérie collective et l’exacerbation des émotions conduisent à ce que la présomption d’innocence ne s’applique plus en réalité ni médiatiquement ni numériquement. Elles sont devenues des fictions médiatiques et numériques. Toute accusation devient une condamnation par le prisme des médias (notamment des chaines d’informations en continue qui, en répétant en boucle les accusations, construisent dans les esprits une culpabilité non nécessairement établie par la justice) et celui des réseaux sociaux où l’émotion règne en maitre. Tout bruit de couloir y devient une évidence et trouve la voix de sa légitimation sur des réseaux sociaux qui agissent comme une caisse de résonance.

Les drames sociaux issus des scandales médiatiques et numériques se multiplient à une vitesse exponentielle. Faire relayer des accusations d’agressions sexuelles sur internet par des comptes anonymes est une façon dévastatrice d’avoir la peau de quelqu’un tout en gardant les mains propres car le temps de la justice n’est malheureusement pas le temps des affaires ou le temps politique.

C’est une façon de tuer socialement en toute légalité un adversaire par revanche personnelle ou professionnelle.

Les réseaux sociaux sont inondés par ces accusations mensongères. La communication de crise n’échappe pas à cette flambée d’accusations mensongères.

Les militants et les activistes associatifs sont souvent prisonniers de leur envie de protéger les victimes. Le rôle du conseiller en communication de crise est de permettre à chacun de faire entendre sa voix équitablement.