Vous êtes attendus au tournant lors de l’annonce d’un PSE
Quand un PSE se profile, la communication de crise ne peut pas être improvisée. Les enjeux ne sont pas juste sociaux ou RH : ils sont aussi juridiques, réputationnels, humains. Le tout dans un timing ultra-sensible. Et si vous ratez votre entrée en matière, vous ouvrez la porte grande au délit d’entrave — ce cauchemar à la fois légal et politique, capable de flinguer votre plan, plomber votre image, et vous coller au basque pendant des mois.
Alors on range le bullshit, on sort les outils, et on parle vrai.
PSE : terrain miné, donc balisé
Un Plan de Sauvegarde de l’Emploi, ce n’est pas juste un “restructuring” soft. C’est un processus encadré par le Code du travail, avec des étapes obligatoires, des acteurs aux droits bien précis, et des obligations de moyens ET de résultats sur la communication.
Acteurs concernés :
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CSE (Comité Social et Économique) : informé, consulté, et parfois méfiant.
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DREETS (ex-DIRECCTE) : l’inspection du travail veille au grain.
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Salariés : principaux concernés, parfois par voie de presse avant même d’être informés…
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Partenaires sociaux, médias, politiques locaux : tous peuvent devenir relais… ou bombes à retardement.
Délit d’entrave : ce que vous risquez vraiment
Le délit d’entrave, c’est quand vous empêchez ou gênez volontairement les représentants du personnel d’exercer leurs prérogatives. Il est pénalement sanctionné : jusqu’à 1 an de prison et 7500 € d’amende pour les personnes physiques (et bien plus pour les personnes morales).
Traduction terrain :
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Vous avez communiqué aux salariés ou aux médias avant même d’avoir consulté le CSE ? Délit.
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Vous donnez des infos tronquées ou floues ? Délit.
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Vous organisez une réunion CSE sans documentation complète ? Délit.
En clair : ce n’est pas juste un faux pas, c’est un coup de pelle judiciaire.
Ce qu’il ne faut surtout PAS faire
Voici les 5 erreurs les plus fréquentes — et les plus toxiques :
❌ 1. L’annonce planquée dans un PowerPoint RH
Si votre PSE est annoncé entre deux slides sur la politique RSE, vous signez votre propre mise à feu. Le message doit être central, explicite, assumé.
❌ 2. Communiquer aux salariés… après les médias
Rien de plus explosif que des salariés qui apprennent leur sort par BFM ou Le Parisien. Priorité absolue : informer le CSE, puis les salariés, avant toute communication externe.
❌ 3. Répondre en mode robot
« Nous traversons une phase de transformation stratégique… » = langue de bois = perte de confiance immédiate. Le ton doit être humain, clair, direct. Sinon ? Votre com’ devient votre propre adversaire.
❌ 4. Planifier un PSE sans intégrer la communication interne et externe
Un PSE, ce n’est pas qu’un plan Excel avec des coûts de départ. Il faut un plan de com’ intégré dès la phase de cadrage. Sinon, c’est du bricolage de dernière minute.
❌ 5. Sous-estimer la com’ syndicale
Les représentants du personnel vont communiquer. Avec ou sans vous. Préférez “avec”. Impliquez-les, co-construisez certains messages, fixez les règles du jeu.
La bonne stratégie : carré, clair, cohérent
Voici un plan en 5 phases pour piloter la communication d’un PSE sans déclencher de tempête juridique ou sociale.
✅ Phase 1 : Préparation – ne rien laisser au hasard
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Identifiez les parties prenantes internes ET externes.
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Élaborez un argumentaire solide et humain (contexte, raisons, impacts, accompagnement).
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Briefez la direction : un faux-pas de langage = jurisprudence.
✅ Phase 2 : Dialogue avec le CSE – carré dès le départ
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Remettez un dossier complet et transparent.
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Préparez des éléments de langage partagés avec RH et direction.
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Mettez en place une salle de crise (physique ou virtuelle) pour gérer les échanges.
✅ Phase 3 : Annonce aux salariés – frontal, humain
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Organisez une réunion dédiée. Pas de mail glissé à 18h.
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Prenez le temps du discours : assumer, expliquer, écouter.
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Prévoyez un canal de feedback anonyme : boîte mail, hotline RH.
✅ Phase 4 : Com externe – verrouillée et coordonnée
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Une seule voix : communiqué de presse + porte-parole identifié.
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Anticipez les questions presse les plus dures. Répondez sans langue de bois.
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Briefez les managers intermédiaires : ce sont vos premiers relais ou vos pires saboteurs.
✅ Phase 5 : Suivi – le vrai enjeu est dans la durée
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Tenez les salariés informés à chaque étape.
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Corrigez les erreurs de perception. Répétez. Reformulez.
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Restez disponibles. L’après-annonce est souvent plus dur que le jour J.
Le kit de survie du communicant de crise
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Check-list légale avant toute communication (CSE d’abord, salariés ensuite, presse à la fin).
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Narratif simple : pourquoi, comment, quoi maintenant ?
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FAQ interne pour managers et RH.
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Contact presse unique avec éléments de langage verrouillés.
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Mode d’écoute activé (mail, feedback anonyme, hotline…).
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Plan B si ça fuite (spoiler : ça fuite toujours un jour ou l’autre).
Ne jouez pas les funambules
Un PSE n’est pas une opération comptable. C’est un moment de bascule humaine, sociale, politique et juridique. Mal préparée, votre communication peut vous coûter bien plus cher que les indemnités de départ insiste Florian Silnicki, Expert en communication de crise et Président Fondateur de l’agence LaFrenchCom spécialisée dans la gestion de crise.
Mais bien menée, elle devient un outil puissant de stabilisation, de clarification, de dignité. Et ça, c’est votre job à vous, communicants et RH. Pas celui du hasard.