La Ville a appelé à la rescousse une firme spécialisée en gestion de crise, l’automne dernier, alors que la controverse battait son plein sur l’avenir de l’aréna.
À la veille d’une soirée d’information qui s’annonçait orageuse, la société de communication de crise a préparé élus et fonctionnaires à affronter les questions d’un public potentiellement hostile.
Le maire devait être la tête d’affiche de la soirée qui s’est déroulée le 30 septembre dernier à la Maison du citoyen. Trois mois après avoir annoncé son projet d’amphithéâtre multifonctionnel au centre-ville, il promettait de monter au créneau et de répondre aux questions du public. Il s’est présenté à la tribune flanqué des conseillers municipaux et de plusieurs hauts fonctionnaires.
Selon nos informations, l’agence de gestion de crise avait aussi reçu le mandat d’imaginer une formule de consultation susceptible d’éviter toute confrontation ou débordement. Le projet d’amphithéâtre était alors critiqué de part et d’autre. Un mouvement d’opposition se déchaînait sur Internet et des manifestants promettaient de perturber le déroulement de la soirée. Près de 300 personnes ont finalement participé à la soirée d’information qui s’est déroulée dans un calme relatif. La manifestation annoncée à l’extérieur n’a jamais eu lieu.
La Ville a versé des dizaines de milliers d’euros à l’agence de gestion de crise pour ses conseils et son accompagnement en communication. “Les services offerts comprenaient aussi la préparation du matériel d’information du public et le training des intervenants, ainsi que l’animation de la soirée d’information”, précise le service des communications de la Ville.
Sur Internet, l’agence de gestion de crise s’annonce comme un cabinet conseil en communication stratégique. “Nos services comprennent entre autres les conseils stratégiques en communications, la gestion de crise, les relations médias […] et la formation de porte-parole”.
“Une crise?”
Le recours à l’agence de communication de crise s’est fait à l’insu d’une partie du conseil municipal. Mis au courant par un journaliste de la rédaction, le conseiller Maxime s’est étonné qu’on fasse appel à une entreprise qui se spécialise dans la gestion de crise.
“Une crise? Il n’y avait pas de crise, surtout que c’est un dossier qui dure depuis deux ans et dont on contrôle nous-mêmes le déroulement et l’échéancier. Nos services auraient pu s’occuper de ça eux-mêmes”, tranche-t-il.
Son collègue Pierre est du même avis.
Le cabinet du maire n’a donné suite ni aux appels ni aux courriels des deux derniers jours des journalistes qui ont multiplié les sollicitations.
Le contrat a été octroyé à l’agence de communication de crise sans appel d’offres, comme le permet la loi. Aucune entreprise locale ne détenait les compétences nécessaires en communication de crise pour organiser la soirée d’information, prétend la Ville.
“Selon les informations que le Service de l’urbanisme détenait lors de l’octroi du contrat, aucune entreprise locale ne possédait l’expérience et l’expertise multidisciplinaire dans les communications stratégiques pour des projets d’envergure de plus de 50 millions”, explique la direction de la communication de la ville.