Astreinte de crise 24h/24 7j/7

La communication publique, peu professionnalisée ?

Question :

« Je suis consultant spécialisé en communication publique. Après une expérience dans les arcanes de l’influence à Washington, j’ai travaillé plusieurs années au sein du SIG à Paris, le Service d’information du Gouvernement, comment expliquez-vous le fait que la communication publique soit si maladroite en France ? »

Réponse :

La demande de conseil en communication, notamment en communication de crise, se développe progressivement dans le secteur public.

Le secteur public doit rattraper un double retard en matière de consommation de services de conseil en communication. Retard quantitatif d’une part, le secteur public français utilisant moins que le secteur privé et que les autres pays européens les services des consultants en communication. Retard qualitatif d’autre part : il doit mieux les utiliser et ne plus se contenter de fournir une assistance sans objectif réel et avec une faible dose de gestion des risques et d’anticipation des crises.

Si les pays du Nord, comme les Pays-Bas ou la Grande-Bretagne sont très demandeurs en matière de conseil au secteur public, la France appartient plutôt aux pays latins, comme l’Italie, chez qui la demande est plus faible. Pour beaucoup, le retard du secteur public français tient avant tout à des divergences culturelles.

Laissons de côté la communication politique sur la professionnalisation de laquelle il y aurait tant de choses passionnantes à analyser mais pour laquelle il ne faut pas négliger l’impact des scandales comme l’affaire Bygmalion qui ont aussi laissé des traces durables dans l’opinion publique et crée des réticences chez les décideurs à se faire accompagner par des conseils en communication se retranchant généralement derrière les conseils de militants partisans jouant le rôle de spin doctors comme ils le peuvent.

Le secteur public est par ailleurs un secteur dans lequel l’anticipation des problématiques de communication est plus faible que dans le privé. Les consultants en communication sont  encore trop souvent appelés sous forme d’assistance sans réels objectifs. Ce sont des moyens plus que des missions qui sont proposés aux consultants en communication. Il leur est donc difficile de remplir une mission en communication mal définie. Le client est alors déçu par les prestataires de services sélectionnés. C’est ce qui explique que dans le public nous sommes généralement dans un jeu perdant/perdant frustrant pour les donneurs d’ordres publics comme pour les cabinets de conseils en communication.

Le retard se situe également du côté du conseil, dont l’expérience du secteur public est encore limitée. Sa cause est historique en France. L’Etat a en effet développé son propre corps de conseil.  

Les hôpitaux, l’Etat et les collectivités territoriales s’engagent aussi sur la voie du recours aux consultants. La situation est en passe de changer.
La nature des missions de communication évolue au fur et à mesure que les modes de gestion publique changent. L’Etat, selon les périodes, privilégie le faire ou le faire faire. 

Dans les agences de communication globale, des équipes dédiées travaillent prioritairement dans le monde public, avec une connaissance fine de ses problématiques. Souvent, les consultants recrutés ne proviennent pas du secteur public, qui a besoin d’extériorité, d’un regard neuf.

Le secteur public est un monde de passation de marchés en communication, qui fonctionne par appel d’offre. C’est un contexte plus procédural. Il est plus difficile de construire une relation de partenariat sur la durée.

Nous avons la conviction que la nécessité d’une structuration et d’une meilleure communication des acteurs publics s’impose doucement en France. C’est salutaire.