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Se préparer aux plateaux télévisés difficiles

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Passer à l’antenne sans se faire massacrer

Aller sur un plateau télé, c’est un jeu de rôles grandeur nature. Vous êtes face à un journaliste (ou plusieurs), face à des chroniqueurs plus ou moins bienveillants, face à des experts qui ne vous veulent pas forcément du bien. Les caméras tournent, les projecteurs chauffent, l’audience est potentiellement massive, et chacun de vos mots peut être repris, déformé, moqué sur les réseaux sociaux rappelle Florian Silnicki, Expert en communication de crise et Président Fondateur de l’agence LaFrenchCom.

Pour beaucoup de dirigeants, d’hommes politiques, de porte-parole d’entreprise, c’est un moment de stress intense, de confrontation directe… bref, un piège potentiel où la moindre erreur peut se transformer en bad buzz. Si, en plus, le contexte est difficile (polémique, crise, soupçons sur votre entreprise ou votre action), vous avez encore plus de chances de vous faire étriper en direct.

La question qu’on se pose tous : comment ne pas finir en bouillie médiatique quand on est invité sur un plateau hostile ou tendu ? Comment faire pour rester maître de son discours, défendre sa position et ne pas se faire piéger par des questions assassines ?

C’est là qu’intervient la préparation aux plateaux télévisés difficiles, un ensemble de méthodes et de réflexes qui vous permettent de monter sur le ring en étant prêt au combat, plutôt que d’y aller la fleur au fusil. Dans cet article, avec les spécialistes de la communication de crise de l’agence LaFrenchCom, on va disséquer les enjeux, les techniques, les pièges récurrents et les leviers psychologiques à connaître pour sortir grandi de ce type de passage. Dans cet article, on va au concret, à l’opérationnel, pour que vous sachiez exactement comment vous préparer la prochaine fois qu’on vous invitera dans une émission potentiellement hostile.

Pourquoi les plateaux télévisés “difficiles” sont un véritable champ de mines

Commençons par le début. En quoi un plateau télévisé difficile se démarque-t-il d’une simple interview pépère sur un média local ou d’un échange courtois avec un journaliste spécialisé ?

  1. Le format en direct
    En direct, vous ne pouvez pas vous permettre de bafouiller trop longtemps ou de rectifier votre propos plus tard. Ce que vous dites est capté, enregistré, potentiellement diffusé sur les réseaux en temps réel. Le direct, c’est zéro droit à l’erreur.

  2. La présence d’opposants ou de contradicteurs
    Dans un débat télé, on vous oppose souvent quelqu’un qui défend une position radicalement inverse à la vôtre. Parfois, c’est un expert, parfois un militant, parfois un chroniqueur qui a fait sa réputation en clashant les invités. Leur but : vous pousser dans vos retranchements.

  3. La force du montage (si ce n’est pas du direct)
    Même quand ce n’est pas en direct, la télé peut couper, reformater, sélectionner des extraits. Une phrase sortie de son contexte peut ruiner votre crédibilité. Et ne croyez pas que vous aurez votre mot à dire sur le final cut.

  4. La dramaturgie télévisuelle
    La télé aime le spectacle, le conflit, le clash. C’est ce qui fait de l’audience. Certains journalistes n’hésiteront pas à tendre des pièges pour vous faire réagir et offrir du “bon contenu” à leurs téléspectateurs.

  5. La pression du temps
    Sur un plateau, vous disposez de quelques minutes, voire quelques secondes pour répondre à une question. Pas de place pour les longs discours. Si vous tergiversez, on vous coupe, on vous relance, vous perdez le fil. Résultat : vous passez pour un incompétent ou un lâche.

Voilà la réalité : un plateau télé difficile, c’est un environnement hostile, où l’on cherche à vous mettre en difficulté pour créer un moment de télé intense. Et si vous n’êtes pas entraîné, vous risquez de partir en vrille.

Les objectifs concrets d’une bonne préparation

La préparation aux plateaux télévisés difficiles n’a pas pour but de vous transformer en robot qui débite des éléments de langage formatés. L’idée, c’est de vous permettre de garder le contrôle, même dans la tempête. Concrètement, une bonne préparation vous aide à :

  1. Gérer votre stress
    Apprendre à maîtriser votre respiration, votre posture, votre voix, pour ne pas trembler ou vous laisser envahir par l’adrénaline. Une partie du coaching consiste à se forger un mental solide pour faire face aux attaques.

  2. Travailler vos messages-clés
    Vous ne pouvez pas tout dire. Vous devez être clair sur les 2 ou 3 points que vous souhaitez faire passer, même si on vous balade sur d’autres terrains. L’objectif : marquer la discussion de votre empreinte, faire en sorte que le public retienne votre angle d’approche.

  3. Anticiper les questions pièges
    En amont, vous listez tous les sujets sensibles, toutes les critiques potentielles, et vous réfléchissez à la meilleure manière d’y répondre. Rien de pire que d’être pris au dépourvu : “Euh… je ne suis pas au courant…”

  4. Apprendre à retourner une question
    Quand un journaliste tente de vous coller, vous devez savoir reprendre la main, recentrer sur votre message, sans pour autant fuir lâchement. C’est un art : ni noyer le poisson, ni se laisser enfermer.

  5. Développer une présence scénique
    À la télé, l’image compte autant que les mots. Votre posture, votre expression faciale, la façon dont vous regardez votre contradicteur ou la caméra : tout est scruté. Une bonne préparation intègre ce volet “langage corporel”.

  6. Savoir conclure avec impact
    Souvent, une émission se termine très vite. Avant qu’on coupe, vous devez lâcher votre phrase de clôture, votre punchline, ou l’idée forte que vous voulez graver dans les esprits. Ça aussi, ça se travaille.

Bref, la préparation aux plateaux télévisés difficiles, c’est un entraînement complet, du contenu (votre discours) au contenant (votre attitude), pour ne pas vous faire bouffer tout cru.

La première étape : connaître son terrain (et son adversaire)

Avant toute chose, vous devez avoir une vision précise du contexte dans lequel vous allez débarquer. Il ne s’agit pas seulement de potasser votre dossier, mais aussi de comprendre l’émission, le journaliste, les autres invités, le public, etc.

L’émission et son style

Est-ce une émission de débat politique ? Un talk-show people ? Un magazine d’investigation ? Quelle est la ligne éditoriale ? Quel est le ton habituel : plutôt bon enfant, ou clairement agressif ? Combien de temps dure chaque séquence ? Qui présente ? Combien de spectateurs en moyenne ?

Pourquoi c’est crucial ? Parce que vous adaptez votre degré de formalisme et la structure de votre discours. Un plateau de divertissement tolère plus de légèreté et d’humour, alors qu’une émission de débat politique exige de la rigueur et des données factuelles à l’appui.

Le journaliste ou l’animateur

Même chose : renseignez-vous sur le journaliste qui va vous interroger. Est-ce un interviewer réputé pour pousser dans les retranchements (type “dur”), ou un animateur plus neutre ? Quelles sont ses marottes, ses obsessions, ses angles d’attaque récurrents ? A-t-il déjà interviewé des personnes dans votre situation ? Regardez des vidéos, lisez des articles. Vous devez cerner son style pour éviter les mauvaises surprises.

Les contradicteurs et autres invités

Êtes-vous seul ou y aura-t-il d’autres intervenants ? S’agit-il d’un débat avec un opposant direct ? Y a-t-il un chroniqueur “comique” qui taille des costards aux invités, ou un expert qui risque de vous balancer des chiffres en rafale ? Comprendre qui sera là en face de vous est fondamental pour anticiper les attaques et les angles probables.

Le public visé

Une émission grand public n’a pas les mêmes attentes qu’une chaîne d’info continue ou qu’un programme économique spécialisé. Le niveau de compréhension des enjeux n’est pas le même. Vous devez ajuster votre langage (vocabulaire, références, exemples) pour être accessible sans paraître condescendant ou hors-sol.

Cette étape de “connaissance du terrain” peut paraître fastidieuse, mais c’est la base. Sans ça, vous allez au carton sans savoir à quelle sauce vous serez mangé.

Bâtir votre stratégie de discours : messages-clés et éléments de langage

Venir sur un plateau difficile sans plan d’attaque, c’est du suicide médiatique. Vous devez déterminer à l’avance ce que vous voulez dire et comment vous allez le dire.

Définir vos 2 ou 3 messages-clés

Vous ne pourrez pas développer vingt idées en quelques minutes. Il faut choisir. Posez-vous la question : quelle est la finalité de mon intervention ? Convaincre que votre entreprise n’est pas coupable d’une faute ? Rassurer sur un enjeu de santé publique ? Démentir une rumeur ? Promouvoir un projet ?

Choisissez ensuite 2 ou 3 messages-clés maximum. Par exemple :

  1. Nous avons pris la mesure du problème.
  2. Nous avons déjà mis en place des solutions concrètes.
  3. Nous assumons nos responsabilités et travaillons à long terme pour éviter toute récidive.

Ensuite, toutes vos réponses doivent, d’une manière ou d’une autre, vous ramener à ces points. Même si le journaliste vous emporte ailleurs, vous trouvez un angle pour recadrer vers ce que vous souhaitez vraiment faire passer.

Créer des formules percutantes

À la télé, la punchline compte. Une formule bien ciselée retient l’attention, peut être reprise sur les réseaux. Évitez le jargon technique. Employez des mots simples, des phrases courtes, avec un certain rythme. Par exemple : “Nous avons fauté, et nous allons payer.” ou “Ce sujet n’est pas une mode, c’est une urgence.” Cherchez à marquer les esprits.

Attention à ne pas tomber dans la caricature ou l’effet “recette toute prête”. Mais travaillez au moins 2 ou 3 formules susceptibles de frapper, en adéquation avec vos messages-clés.

Préparer un stock d’exemples concrets

Si vous restez trop abstrait, vous perdez l’auditoire. Avoir 1 ou 2 exemples parlants, chiffrés, voire anecdotiques, donne de la consistance à votre discours. Exemple : “Concrètement, depuis le début de l’année, nous avons investi 2 millions d’euros pour moderniser nos chaînes de production.” Ça rend votre propos plus crédible, plus solide.

Éviter la langue de bois… tout en restant cohérent

Noyez-vous trop votre discours dans des formules creuses, et on vous taxera de “langue de bois”. Le public et les journalistes exècrent ça. Si on vous lance une question directe (“Admettez-vous une responsabilité dans cette affaire ?”), répondez clairement. Ne tentez pas de noyer le poisson avec des détours interminables. Vos messages-clés doivent être perçus comme authentiques, pas comme un sermon marketing.

Anticiper les questions pièges et apprendre à y répondre

Le grand classique : le journaliste sort la question qui tue, celle que vous ne vouliez pas entendre. Mais c’est précisément le rôle d’une préparation aux plateaux télévisés difficiles : vous entraîner à ces scénarios embarrassants.

Identifier les zones sensibles

Avant l’émission, listez tout ce qui peut poser problème : scandales passés, sujets polémiques, chiffres contestables, contradictions éventuelles dans vos discours, critiques récurrentes de vos concurrents, etc. Bref, tout ce que l’animateur ou vos opposants pourraient utiliser pour vous déstabiliser.

Préparer des réponses honnêtes, pas des esquives ridicules

Face à un sujet sensible, deux attitudes dangereuses : l’esquive totale (“Je n’ai rien à dire, c’est du passé…”) et la justification confuse (“Oui, enfin, c’est compliqué, euh…”). Vous devez avoir au minimum une réponse structurée, même brève, qui montre que vous avez conscience du problème et que vous ne fuyez pas.

Exemple : On vous accuse d’avoir licencié des salariés de manière abusive. Mauvaise réponse : “C’est faux, c’est un complot de la presse.” Bonne réponse : “Nous avons dû prendre des décisions difficiles, c’est vrai, mais elles étaient conformes à la loi et nous avons accompagné les salariés dans leur transition. Si c’était à refaire, nous ferions probablement plus de communication en interne pour éviter les malentendus.”

S’exercer au “pont”

Le “pont” (ou bridging en média training) consiste à reconnaître la question (sans l’ignorer) mais à orienter votre réponse vers vos messages-clés. Par exemple :

Journaliste : “N’est-ce pas vrai que vos usines polluent la rivière depuis des années ?”
Vous : “Vous soulevez un point important concernant l’impact environnemental. C’est précisément pour cela que nous avons lancé un plan d’investissement de 10 millions d’euros afin de moderniser nos installations. En parallèle, nous travaillons avec les autorités locales pour garantir la qualité de l’eau sur le long terme.”

Vous n’avez pas nié la question, vous ne l’avez pas éludée. Mais vous avez redirigé la discussion vers le positif : votre plan concret. C’est ça, le secret du pont.

Rester poli, mais ferme, face à l’insistance

Certains journalistes relancent la même question, encore et encore, dans l’espoir de vous faire craquer. Ne perdez pas vos nerfs. Répétez votre réponse de façon légèrement différente. Si on vous accuse de ne pas répondre, vous pouvez dire : “Je vous ai donné ma réponse, je comprends votre insistance, mais je préfère ne pas m’étendre davantage. Je peux cependant vous rappeler que… [et hop, vous rebasculez sur votre message].” Gardez votre calme, c’est vous le professionnel.

Le training pratique : simulations, répétitions, recadrage

La clé du succès, ce n’est pas de lire un mémo. C’est de s’entraîner réellement, avec des simulateurs de plateaux, des faux journalistes, des caméras. Une agence de communication de crise qui fait du “media training” vous fera vivre cette expérience dans des conditions proches du réel.

Se filmer et s’auto-évaluer

Vous allez jouer la scène comme si vous étiez sur le plateau. On vous pose des questions, on vous pousse dans vos retranchements. Ensuite, on visionne la vidéo. C’est souvent douloureux de se voir hésiter, transpirer, bafouiller, faire des gestes parasites. Mais c’est indispensable pour corriger vos défauts.

Recevoir des feedbacks francs (et parfois brutaux)

Un bon coach ne va pas vous caresser dans le sens du poil. Il va pointer vos tics de langage (“Euh… du coup… en fait…”) et vos erreurs (“Tu fuis la question, ça se voit trop.”). Au début, c’est frustrant. Mais mieux vaut entendre ces critiques en session de préparation qu’en direct à la télé, devant des millions de gens.

Apprendre à gérer les imprévus

Pendant les simulations, votre coach peut vous balancer une “breaking news” de dernière minute, une question dont vous n’avez jamais entendu parler, un chiffre faux, un thème hors-sujet… Ça fait partie du jeu. Car en vrai, vous pouvez être confronté à un plateau qui vire de bord à tout moment. L’idée, c’est de développer votre réflexe : rester serein, revenir à vos fondamentaux, ne pas paniquer.

Apprendre à conclure sur commande

Le temps télé est compté. Souvent, l’animateur va dire : “Merci, on doit conclure, un mot de la fin ?” Il faut avoir prêt une phrase de conclusion, qui réaffirme votre position. Entraînez-vous à la balancer sans hésiter, sans bafouiller, et de manière concise.

Le langage corporel : l’arme silencieuse (ou la faille fatale)

À la télé, tout se voit : vos mimiques, votre posture, vos mains, votre regard. Même votre respiration ou votre clignement d’yeux peut trahir votre stress ou votre agacement.

Adopter une posture d’affirmation calme

Tenez-vous droit, mais pas raide comme un piquet. Gardez vos épaules détendues, votre buste légèrement penché vers l’avant (pour montrer votre engagement), vos bras sur la table ou sur vos cuisses, mais évitez de gesticuler dans tous les sens. L’idée, c’est de paraître solide et ouvert en même temps.

Maîtriser votre regard

Ne fuyez pas le regard du journaliste ou de votre contradicteur. Mais évitez aussi de le fixer de façon agressive. Regardez souvent la personne qui parle ou qui vous interroge, puis parfois la caméra si vous vous adressez directement aux téléspectateurs. Jouez la proximité, sans agressivité.

Gérer vos expressions faciales

Un rictus moqueur, un haussement de sourcil méprisant, un roulement d’yeux : tout ça peut être interprété comme de l’arrogance ou du mépris. Attention également au sourire nerveux qui peut donner l’impression que vous prenez la question à la légère. Bref, entraînez-vous à exprimer l’empathie, la sincérité, la gravité s’il le faut, sans surjouer.

Contrôler votre voix

La voix doit être posée, claire, avec un débit ni trop rapide ni trop lent. Évitez de crier ou de chuchoter. Faites des silences stratégiques, appuyez vos mots-clés. La respiration abdominale vous aidera à ne pas vous essouffler ni monter dans les aigus quand vous êtes sous pression.

Gérer les attaques personnelles et les provocations

Sur un plateau télé difficile, il n’est pas rare que l’on vous attaque directement, ad hominem, pour vous faire perdre votre sang-froid. Comment réagir ?

Ne jamais tomber dans l’insulte ou l’invective

Si vous répondez à l’attaque par une insulte, vous passez pour un colérique incapable de débattre. Vous risquez aussi de vous aliéner une partie du public qui n’aime pas la violence verbale. Restez ferme, mais poli : “Je comprends que vous ayez ce point de vue, je ne le partage pas, et je trouve déplacé de m’attaquer personnellement au lieu de parler du fond.”

Rappeler le sujet principal

Quand quelqu’un tente de vous déstabiliser avec des attaques personnelles, essayez de ramener la discussion au sujet de fond. “Je note votre remarque, mais ce qui importe pour les téléspectateurs, c’est de savoir si notre projet est viable pour la collectivité. Parlons de cela, si vous le voulez bien.”

Utiliser l’humour (avec précaution)

Un brin d’humour peut désamorcer l’agressivité, à condition de rester léger et de ne pas être sarcastique ou méprisant. Un trait d’esprit bien placé peut calmer le jeu. Mais si vous n’êtes pas sûr de votre coup, abstenez-vous : un raté humoristique peut se retourner contre vous et vous faire passer pour un arrogant ou un cynique.

Refuser de se laisser couper la parole (poliment)

Sur certains plateaux, on vous interrompt sans cesse. Il faut alors savoir dire : “Excusez-moi, je voudrais terminer ma phrase, si vous me le permettez.” ou “Pardon, mais je tiens à apporter une précision.” sans crier, sans être agressif, juste déterminé à vous faire entendre. Un bon coach vous apprendra à gérer ces interruptions répétitives sans perdre le fil.

Rester crédible quand on est en position délicate

Parfois, vous arrivez sur un plateau avec déjà un passif : un scandale, un soupçon, un bad buzz qui pèse sur votre entreprise ou votre action. Vous n’êtes pas en terrain conquis. Comment ne pas paraître coupable ou menteur ?

Assumer votre part de responsabilité (si elle existe)

Si vous êtes fautif ou qu’il y a un vrai problème, ne jouez pas à l’autruche. Le public n’est pas stupide, il voit bien quand vous tournez autour du pot. Dire clairement : “Oui, il y a eu un dysfonctionnement de notre part, nous le reconnaissons” vous donnera paradoxalement plus de crédibilité qu’un déni total.

Montrer que vous avez des solutions

Reconnaître un problème ne suffit pas. Les gens veulent savoir ce que vous faites pour y remédier. Mettez en avant des mesures concrètes : “Nous avons lancé un audit externe, nous recruterons un médiateur indépendant, nous allons changer nos process, voici notre calendrier…”

Éviter l’arrogance ou l’auto-justification excessive

Il y a un juste équilibre à trouver entre “On est responsables, on va agir” et “On est des victimes d’un complot médiatique, on n’a rien fait de mal, laissez-nous tranquilles.” Si vous basculez dans l’apitoiement ou l’arrogance, vous perdez en crédibilité. Restez factuel, transparent, sincère.

Donner des preuves tangibles

Quand la confiance est entamée, les déclarations d’intention ne suffisent plus. Si vous avez des documents, des témoignages, des chiffres officiels qui valident vos dires, mentionnez-les (sans noyer le public sous des tonnes de données, bien sûr). Invitez les téléspectateurs à consulter un rapport publié, un site web, etc. Cela montre que vous n’avez rien à cacher.

Les erreurs fatales à éviter, même en étant préparé

Pour finir, passons en revue les grosses boulettes qui ruinent tous vos efforts de préparation :

  1. Se pointer en touriste
    Ne pas avoir regardé une seule séquence de l’émission, ne pas connaître les contradicteurs, ignorer le style du journaliste. Vous allez vite déchanter.

  2. Croire qu’il suffit d’avoir de bons arguments
    Désolé, mais la télé, c’est aussi la forme. Si vous avez l’air nerveux, si vous coupez la parole, si vous êtes rigide ou hautain, vous perdrez même avec des arguments solides.

  3. Sur-réagir à une pique
    En vous emportant, vous créez un “moment de télé” qui sera repris en boucle. “Regardez comment il a craqué…” Il faut savoir garder le self-control, même quand ça pique.

  4. Trop vouloir tout expliquer
    Le temps est court, les gens ne retiendront que quelques bribes. Si vous tentez de balancer un exposé complet, vous perdrez tout le monde. Allez à l’essentiel.

  5. Jouer la langue de bois
    Aujourd’hui, le public est très sensible à la sincérité. Les phrases toutes faites, les pirouettes, ça se voit à mille kilomètres. Soyez direct, concis, honnête, même si vous avez des choses à vous reprocher.

  6. Oublier de conclure
    Vous pouvez faire une prestation correcte, mais si vous laissez la conclusion à votre contradicteur ou au journaliste, vous perdez la dernière impression. Ayez toujours votre phrase de clôture prête.

La préparation, c’est votre assurance-vie télévisuelle

On ne va pas se mentir : les plateaux télévisés difficiles sont de vrais ring médiatiques. La concurrence est rude, la tension est forte, et vous jouez gros sur votre image, sur la réputation de votre entreprise ou de votre action.

La préparation aux plateaux télévisés difficiles, c’est votre meilleure arme pour ne pas finir en punching-ball. C’est un mélange de :

  • Recherche et analyse : connaître le contexte, le journaliste, l’émission, les contradicteurs.
  • Stratégie de discours : définir des messages-clés, des formules percutantes, anticiper les questions pièges.
  • Entraînement pratique : simulations, visionnage, recadrage, gestion du stress, maîtrise du langage corporel.
  • Connaissance de soi : savoir repérer vos tics, vos défauts, vos failles émotionnelles, et les corriger.

Au final, monter sur le plateau devient moins angoissant car vous avez un plan et vous avez répété. Vous savez comment répondre, comment recadrer, comment conclure. Vous ne serez jamais à l’abri d’une surprise, mais vous serez armé pour y faire face sans paniquer.

Alors, si vous avez un passage en télé qui s’annonce musclé, ne comptez pas sur l’improvisation. Ne pensez pas que votre aisance naturelle ou votre titre de PDG suffiront. La télé n’a pas de pitié pour les approximations ou la maladresse. Prenez le temps de vous préparer sérieusement, entourez-vous de professionnels du media training si nécessaire, et n’oubliez pas : un passage raté, ça peut vous coller à la peau pendant des années, tandis qu’un passage réussi peut vous booster votre crédibilité et votre image publiquement.

En conclusion : vous voulez passer à la télé sans vous faire dépecer ? Mettez le paquet sur la préparation. C’est votre bouclier et votre meilleure chance de sortir de l’émission avec la tête haute et un message fort. Rien n’est plus payant que d’arriver prêt pour ce moment de haute intensité. Si vous vous engagez dans ce travail méthodique, vous aurez beaucoup plus de chances de transformer un éventuel guet-apens médiatique en opportunité de démontrer votre solidité, votre sang-froid, et la valeur de vos arguments.