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Pourquoi l’arbitrage est une solution efficace pour éviter les guerres d’image destructrices

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Dans les contentieux sensibles, le tribunal judiciaire se transforme souvent en champ de bataille médiatique rappelle Florian Silnicki, Expert en communication sous contrainte judiciaire qui dirige l’agence LaFrenchCom spécialisée dans la gestion des enjeux sensibles. Actionnaires qui s’écharpent, concurrents qui s’accusent mutuellement, dirigeant cloué au pilori suite à des accusations publiques : autant de scénarios où le différend légal dérape en guerre d’image destructrice. On l’a constaté à maintes reprises : un procès public entre entreprises peut causer plus de dégâts en réputation qu’une condamnation judiciaire elle-même.

Face à ces risques, l’arbitrage s’impose comme une arme stratégique trop sous-estimée. Un consultant de crise aguerri le dira sans détour : mieux vaut un règlement discret qu’un grand déballage public. Voyons en pratique pourquoi l’arbitrage permet d’éviter ces guerres d’image et comment l’intégrer dans nos réflexes de gestion de crise.

Quand un litige dégénère en guerre d’image

Un contentieux sensible – entre actionnaires, concurrents ou autour d’accusations publiques – ne reste jamais purement juridique. Très vite, il déborde du prétoire et alimente une bataille de communication agressive. Les médias s’en mêlent, les réseaux sociaux s’enflamment, les agences de com sont mobilisées pour « riposter ». Résultat : une escalade où chacun cherche à salir l’autre.

Les conséquences sont violentes :

  • Perte de valorisation : la bourse réagit, les clients s’inquiètent, les investisseurs fuient.

  • Déstabilisation managériale : le leadership est affaibli, les décisions stratégiques sont paralysées.

  • Crise RH : fuite des talents, démobilisation, ambiance toxique.

  • Fuite des partenaires : les grandes enseignes, les financiers, les partenaires techniques se désengagent.

Une affaire juridique sensible peut donc devenir une crise d’image systémique. Et la communication de crise, même bien pensée, ne pourra pas faire de miracle si le terrain judiciaire reste à ciel ouvert.

Ce que la justice classique alimente (malgré elle)

Le système judiciaire traditionnel nourrit malgré lui la guerre d’image :

  • Publicité des audiences : tout est public, tout peut fuiter. Vos opposants peuvent instrumentaliser chaque pièce du dossier.

  • Lenteur des procédures : une crise de réputation ne se gère pas sur trois ou cinq ans. Un procès long, c’est une crise qui s’installe durablement.

  • Polarisation du débat : la logique contentieuse pousse à la surenchère. On cherche à gagner, pas à construire. Et chaque pic judiciaire relance la couverture médiatique.

Le procès devient alors une plateforme d’exposition publique, un ring où l’on sacrifie la réputation pour obtenir un jugement incertain. L’entreprise, même si elle gagne en droit, perd souvent dans l’opinion.

L’arbitrage, ou l’art de déminer les conflits loin des projecteurs

L’arbitrage permet de sortir le contentieux du cadre judiciaire traditionnel. Et surtout, il permet de reprendre la main sur trois éléments clés : le temps, l’exposition, et le discours.

Voici pourquoi l’arbitrage est une solution de bon sens :

1. La confidentialité protège l’image

Pas d’audiences publiques, pas de fuites dans la presse, pas de mise en scène judiciaire. Ce qui se passe dans l’arbitrage reste dans l’arbitrage. Les documents, les échanges, les griefs : tout est traité en circuit fermé. Résultat : l’image reste intacte, et les adversaires n’ont aucun intérêt à jouer la guerre médiatique.

2. Le calendrier est maîtrisé

Pas d’attente interminable. Pas de reports à répétition. Le calendrier est construit par les parties. Un arbitrage peut être clos en quelques mois. La sentence est définitive. Cela évite l’usure, les fuites en interne, les rebondissements qui alimentent les médias.

3. On garde le contrôle du récit

Avec l’arbitrage, on peut choisir si, quand et comment on communique. Pas de prise de parole forcée à la sortie du tribunal. Pas de journalistes à affronter. Pas d’obligation de réagir dans l’urgence. On peut rester silencieux ou activer un storytelling construit. Mieux : on peut préparer un communiqué commun en sortie de procédure.

4. Des accords élégants sont possibles

L’arbitrage permet la créativité : accord confidentiel, clauses de non-dénigrement, sortie honorable pour les deux parties. On ne cherche pas à humilier, on cherche à désamorcer. Et parfois, c’est la seule façon de préserver l’essentiel : la valeur de l’entreprise.

5. On neutralise les affrontements numériques

Sans rebondissements publics, la bataille digitale s’épuise. Pas de matière à viralité, pas de rebond presse. Le silence stratégique éteint les réseaux. Et l’attention médiatique passe à autre chose.

Trois cas inspirés du réel

Cas 1 : Actionnaires en guerre médiatique

Deux actionnaires d’un groupe industriel s’affrontent sur la stratégie de l’entreprise. Le conflit finit au tribunal. Résultat : fuites dans la presse économique, BFM en boucle sur le sujet, division du conseil d’administration exposée, chute de l’action. Le conflit juridique s’est transformé en feuilleton. L’entreprise a perdu en image, en crédibilité, et en valeur.

Avec l’arbitrage : huis clos, négociation discrète, clause de confidentialité, accord sur la sortie de l’un des deux. Fin propre. Et réputation préservée.

Cas 2 : Transmission familiale qui tourne au règlement de comptes

Un dirigeant souhaite passer la main à ses enfants. Mais la succession dégénère en procès. Résultat : articles humiliants dans la presse régionale, détails familiaux exposés, clients historiques ébranlés. L’image d’entreprise familiale est brisée.

Avec l’arbitrage : désaccord réglé en privé. Récit public sobre. Aucun éclat, aucun étalage. Une sortie maîtrisée pour une entreprise qui mérite mieux qu’un drame judiciaire.

Cas 3 : Deux concurrents s’accusent mutuellement

Dans la tech, deux boîtes rivales s’attaquent pour concurrence déloyale. Chaque plainte donne lieu à un communiqué incendiaire. Twitter s’emballe, les fondateurs s’invectivent, des fuites sortent dans la presse spécialisée. À la fin, même le vainqueur a perdu en crédibilité. Personne n’a gagné. Sauf le chaos.

Avec l’arbitrage : une sentence claire, confidentielle, sans show. Une posture de professionnalisme plutôt qu’un duel de cowboys.

Ce qu’un consultant en communication judiciaire ou un juriste doit retenir (et appliquer)

Voici quelques réflexes simples à adopter pour intégrer l’arbitrage dans les plans de gestion de crise :

1. Inclure des clauses d’arbitrage en amont

Dans tout pacte d’actionnaire, tout contrat stratégique, toute relation à haut risque, prévoyez l’arbitrage. C’est la ceinture de sécurité qui permet d’éviter le tribunal si ça tourne mal.

2. Identifier rapidement les litiges à haut risque réputationnel

Si un différend peut exposer des dirigeants, des enjeux politiques, des griefs internes… Pensez arbitrage. Proposez-le avant que la machine judiciaire ne s’emballe.

3. Agir tôt, avant que l’escalade ne commence

Une fois l’assignation déposée, il est souvent trop tard. L’arbitrage doit être proposé dès les premières tensions, dans un climat encore négociable.

4. Synchroniser juridique et communication

Un arbitrage n’empêche pas la communication. Au contraire, elle doit être calibrée. Il faut anticiper les messages, les points de contact, les scénarios de sortie. En cohérence avec la procédure.

5. Préparer la sortie narrative

Un arbitrage bien mené, c’est aussi un récit de fin de crise bien ficelé. Préparez-le à l’avance. S’il y a victoire, on la communique avec mesure. S’il y a accord, on le présente comme une preuve d’intelligence collective.

L’arbitrage n’est pas un gadget

L’arbitrage est un outil stratégique puissant. C’est un pare-feu contre les conflits qui dégénèrent. C’est une solution pour celles et ceux qui veulent se battre sans se détruire.

En 2025, un consultant en gestion de crise qui ne pense pas arbitrage dans les conflits sensibles passe à côté d’un levier fondamental. Ce n’est pas une posture d’évitement, c’est une posture de maîtrise. L’arbitrage, bien utilisé, permet de protéger l’image, la valeur, les personnes.

Parce qu’une guerre judiciaire se gagne parfois… au prix d’une défaite médiatique. Et parce qu’il vaut mieux prévenir qu’effacer. L’arbitrage est là pour ça.