Imaginez un monde où chaque mot, chaque geste, chaque silence peut être amplifié, déformé, interprété de mille façons par un public avide de nouvelles et de scandales. Dans cet univers impitoyable, un type de professionnel émerge comme le gardien de la réputation et de la crédibilité : le conseiller en communication de crise, souvent surnommé le « fixer ». Ce terme emprunté à l’anglais, évoque ceux qui, dans l’ombre, réparent les dégâts, redressent les torts et rétablissent l’équilibre.
Le Quotidien d’un Fixer
La journée d’un conseiller en communication de crise ne ressemble à aucune autre. Contrairement à une routine de bureau classique, ses journées commencent souvent par une revue exhaustive des médias : journaux, réseaux sociaux, blogs, émissions de radio et de télévision. Cette veille permanente permet de détecter les moindres signaux faibles d’une potentielle crise. À la moindre alerte, le fixer doit réagir rapidement. Le temps est son ennemi juré ; une réaction tardive peut aggraver la situation, alors qu’une intervention rapide et efficace peut prévenir une catastrophe.
Des Compétences Polymorphes
Le conseiller en communication de crise doit posséder une gamme étendue de compétences. Il est stratège, capable d’analyser des situations complexes et de prévoir leurs évolutions possibles. Il est également un fin psychologue, comprenant les motivations et les émotions des différentes parties prenantes – qu’il s’agisse de l’entreprise qu’il défend, des journalistes, des employés ou du public. La diplomatie est son alliée, car il doit souvent naviguer entre des intérêts divergents et trouver des compromis acceptables pour tous.
Les Outils du Métier
Pour accomplir sa mission, le fixer dispose de plusieurs outils. Le plan de communication de crise est l’un des plus importants. Élaboré en amont, il définit les protocoles à suivre en cas de crise : qui doit parler, que dire, comment dire. La transparence et l’authenticité sont cruciales, car le public actuel est extrêmement vigilant aux mensonges et aux demi-vérités.
Les médias et les réseaux sociaux sont un terrain de jeu et de bataille pour le fixer. Ils permettent une communication rapide et directe, mais sont aussi le lieu où les crises peuvent éclater et se propager à une vitesse fulgurante. Un tweet maladroit ou une vidéo compromettante peuvent se transformer en incendie médiatique en quelques minutes.
Un Exercice de Style Permanent
La communication de crise est un art de la nuance. Il s’agit toujours de dire la vérité, mais de la manière la plus favorable possible. Cela ne signifie pas mentir, mais bien choisir les mots pour éviter d’aggraver la situation. Un fixer doit savoir transformer une faiblesse en opportunité, une erreur en leçon, une attaque en dialogue constructif. Il travaille avec les avocats pour s’assurer que chaque déclaration respecte les contraintes légales, tout en étant intelligible et rassurante pour le public.
Un Métier de l’Ombre
Peu connu du grand public, le fixer œuvre dans l’ombre, laissant souvent la gloire aux porte-paroles ou aux dirigeants qu’il conseille. Ses succès sont mesurés par les crises évitées ou maîtrisées, les réputations préservées, et parfois par les silences médiatiques obtenus. Il est le médecin de la réputation, intervenant en urgence pour stopper l’hémorragie médiatique et appliquer les premiers soins, avant de conseiller sur la réhabilitation à long terme.
Être fixer est plus qu’un métier, c’est une vocation pour ceux qui aiment l’adrénaline des situations d’urgence, qui ont le goût du défi et une passion pour la communication. C’est un rôle exigeant, mais gratifiant pour ceux qui maîtrisent l’art de la diplomatie, la stratégie et l’empathie. Dans un monde où l’image et la réputation sont des biens précieux, le fixer reste le gardien discret de l’honneur et de la confiance, prêt à intervenir dans l’ombre pour éclairer et réparer.