Le regard déporté en communication de crise : l’art du pas de côté

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Dans l’effervescence d’une crise, il est souvent difficile de voir la forêt à travers les arbres. Les entreprises, prises dans la tourmente de l’instant, risquent de se laisser emporter par la mélodie chaotique de l’instantanéité. C’est précisément dans ces moments-là que le “regard déporté” ou “le pas de côté” devient essentiel pour un conseil en stratégie de communication.

Qu’est-ce que le regard déporté ?

Le regard déporté est cette capacité à prendre de la distance face à une situation donnée, à la voir sous un angle différent. Il s’agit de s’extraire, même brièvement, de la mêlée pour embrasser une perspective élargie. Dans le contexte de la communication de crise, cela signifie dépasser le tumulte immédiat pour percevoir l’image globale, les implications à long terme, et le sentiment sous-jacent des parties prenantes.

Le “pas de côté” comme allié du stratège

Le “pas de côté” est une manière d’aborder la crise de manière non-linéaire, de sortir du tunnel de la pensée conventionnelle. C’est un exercice mental qui demande du courage, car il implique d’oser contester la manière habituelle de voir et de faire. C’est comme un danseur qui, au lieu de suivre la routine attendue, choisit soudainement de faire un mouvement inattendu, ouvrant ainsi un tout nouveau champ de possibilités.

Pourquoi est-ce si crucial en communication de crise ?

  • Perspective: Dans la frénésie d’une situation urgente, les organisations peuvent perdre de vue ce qui est réellement en jeu. Un regard extérieur peut aider à clarifier les enjeux majeurs et à identifier les risques potentiels qui pourraient être ignorés.
  • Objectivité: Lorsqu’on est trop proche d’un problème, on peut devenir émotionnellement investi, ce qui risque d’obscurcir le jugement. Un point de vue déporté offre une objectivité bien nécessaire.
  • Innovation: En sortant des sentiers battus, on peut identifier des solutions créatives qui n’auraient pas été envisagées dans une approche conventionnelle.
  • Prévention des écueils: Parfois, les organisations sont si ancrées dans leur culture et leurs façons de faire qu’elles ne voient pas les pièges potentiels. Un œil extérieur peut les prévenir des écueils.

Comment intégrer le regard déporté dans sa stratégie ?

  • Consultation externe: Engager des experts ou des consultants extérieurs qui n’ont pas d’attaches émotionnelles ou historiques avec l’entreprise.
  • Brainstorming: Organiser des sessions de brainstorming où les idées non conventionnelles sont encouragées.
  • Écoute active: Interagir régulièrement avec des parties prenantes variées (clients, partenaires, grand public) pour comprendre leurs perceptions.
  • Formation et éducation: Encourager les équipes à se former en dehors de leur domaine d’expertise pour favoriser une pensée latérale.

En conclusion, dans l’arène changeante et tumultueuse de la communication de crise, le regard déporté et le pas de côté ne sont pas de simples accessoires esthétiques. Ils sont essentiels pour naviguer avec succès dans les eaux souvent imprévisibles des crises modernes. En adoptant cette approche, les organisations peuvent non seulement surmonter les crises, mais aussi en sortir plus fortes et plus résilientes.

Le pas de côté comme reflet d’humanité

Au-delà des avantages stratégiques, adopter un regard déporté ou un pas de côté est un acte profondément humain. Cela implique d’accepter que notre première perception ou réaction n’est pas nécessairement la meilleure. Cela demande de la modestie pour reconnaître que l’on peut se tromper, que l’on peut être trop proche ou trop impliqué pour voir clairement.

Résonance émotionnelle

Dans la communication, la dimension émotionnelle est centrale. En période de crise, les émotions sont exacerbées, souvent dominées par la peur, l’incertitude, la colère ou la tristesse. Un pas de côté permet d’approcher ces émotions non pas comme des obstacles, mais comme des indicateurs précieux. Il permet de se connecter aux émotions du public, de les comprendre et de les prendre en compte dans la stratégie de communication.

Restaurer la confiance

La confiance est l’une des premières victimes en période de crise. Un regard déporté peut aider à restaurer cette confiance en montrant que l’organisation est capable d’auto-évaluation, d’adaptabilité et d’écoute. En reconnaissant ses erreurs, en montrant de l’empathie et en faisant preuve de transparence, l’organisation peut bâtir des ponts avec ses publics.

Vers une communication authentique

L’authenticité est devenue une monnaie précieuse dans le monde de la communication. Les publics sont de plus en plus sceptiques face aux discours lisses et bien rodés. Un pas de côté permet d’introduire une dose d’authenticité, de montrer que l’organisation est composée d’êtres humains capables de réflexion, de doute et de remise en question.

Le regard déporté n’est pas une simple technique à ajouter à l’arsenal du communicant de crise. C’est une posture, une manière d’aborder la communication et les crises. Il s’agit d’un rappel que, au cœur de toute crise, il y a des êtres humains avec leurs émotions, leurs doutes et leurs espoirs.

Embrasser le “pas de côté” est donc un engagement envers une communication plus humaine, plus authentique et, en fin de compte, plus efficace. Dans un monde saturé d’informations et de messages, cette authenticité et cette humanité peuvent faire toute la différence.