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Gestion de crise pour la filière Défense et Sécurité terrestres et aéroterrestres

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AU CŒUR DU CHAOS : IMMERSION DANS UNE AGENCE DE COMMUNICATION DE CRISE SPÉCIALISÉE DÉFENSE & SÉCURITÉ

Scandales industriels, accusations de corruption, fuites de données sensibles, mises en cause médiatiques sur des exportations d’armes, cyberattaques sur des systèmes de défense… Les entreprises du secteur Défense et Sécurité n’ont pas le droit à l’erreur. En cas de crise, leur crédibilité, leur marché, voire leur souveraineté, sont en jeu.

Pendant cinq jours, j’ai plongé au cœur d’une agence de communication de crise spécialisée dans la Défense & Sécurité terrestres et aéroterrestres. Cachée dans un immeuble parisien, cette équipe gère les crises qui pourraient faire tomber des géants de l’industrie militaire.

JOUR 1 – BIENVENUE DANS LA CELLULE DE CRISE

7H30 – UNE BASE ARRIÈRE SOUS HAUTE SÉCURITÉ

Une adresse transmise la veille par message crypté, un bureau sans enseigne, accès sécurisé par badge. On ne pénètre pas ici comme dans n’importe quelle agence de com’. “Ne jamais être trop visible, toujours être à une longueur d’avance”, m’explique Julien Auffret, le directeur général de l’agence de communication de crise, en m’accueillant d’une poignée de main ferme.

Les consultants spécialistes de la gestion des enjeux sensibles sont déjà en poste, alignés devant un mur d’écrans : veille stratégique, surveillance des réseaux sociaux, flux d’alertes du ministère des Armées, chaînes d’info continue, rapports d’incidents. Ici, tout est sous contrôle.

« Notre job ? Gérer l’ingérable. Quand un groupe de défense est mis en cause, il joue sa réputation, ses contrats, sa survie même. Chaque décision doit être une frappe chirurgicale. » détaille Florian Silnicki, Expert en communication de crise, Président Fondateur de l’agence LaFrenchCom

9H00 – BRIEFING DE LA JOURNÉE

L’équipe se réunit autour de la table tactique – un écran projetant en temps réel les risques et menaces du secteur Défense et Sécurité. Paul donne le ton :

  • Cyberattaque majeure sur un fabricant de blindés : le groupe a perdu le contrôle de certains serveurs, une fuite de données n’est pas exclue.
  • Rumeurs d’un scandale de corruption sur une entreprise d’armement impliquée dans une compétition internationale.
  • Menaces d’un appel au boycott contre un fabricant de munitions, accusé par des ONG de vendre à des régimes autoritaires.
  • Un drone tactique aurait été capturé par une force ennemie lors d’un test à l’étranger. Le client craint une récupération de technologie.

Chaque sujet peut exploser en quelques heures. Les décisions prises ici vont influencer la perception de l’opinion publique, des décideurs politiques et des clients stratégiques.

JOUR 2 – L’OPÉRATION CYBER

6H00 – PANNEAUX ROUGES : CYBERATTAQUE EN COURS

ALERTE ROUGE. Une cyberattaque de type ransomware paralyse un industriel spécialisé dans les véhicules blindés. Le groupe a perdu l’accès à une partie de ses fichiers sensibles, les hackers menacent de publier des données critiques sur le Dark Web.

L’équipe s’active :

  1. Évaluation des dégâts : quels fichiers ont été compromis ? Des schémas de véhicules ? Des specs techniques sensibles ?
  2. Coordination avec l’ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information) et les services de renseignement.
  3. Élaboration d’un message officiel pour contenir la panique interne et externe.
  4. Gestion de la presse : éviter que l’incident soit présenté comme un “sabotage industriel” par la concurrence.

9H30 – RÉDACTION DU COMMUNIQUÉ DE CRISE

Marc, expert en gestion des médias, rédige un communiqué précis, sans alimenter la psychose :

« L’entreprise X a détecté une tentative d’intrusion sur un serveur isolé. Par mesure de précaution, un protocole de sécurité a été activé en coopération avec les autorités compétentes. Aucun impact sur les systèmes opérationnels. »

Tout est pesé au gramme près :

  • Ne pas donner l’impression d’un défaut de cybersécurité,
  • Ne pas donner d’infos aux hackers,
  • Rassurer les clients étatiques et privés.

14H00 – LE TRAVAIL DE L’OMBRE

Pendant que les techniciens en cybersécurité tentent de contenir la menace, l’agence pilote la communication en direct avec les actionnaires, les clients et les États partenaires.

  • Échanges en “off” avec des journalistes stratégiques pour cadrer les articles qui sortiront inévitablement.
  • Rédaction d’une FAQ interne pour les employés (éviter les fuites sur LinkedIn et ailleurs).
  • Élaboration d’un message pour les clients étrangers afin d’éviter la perte de contrats.

À 19H00, la crise est sous contrôle. L’information est sortie dans la presse, mais cadrée. L’image du groupe est préservée. Objectif atteint.

JOUR 3 – SCANDALE DE CORRUPTION : LE COUP DE CHAUD MÉDIATIQUE

8H00 – FUITE DANS LA PRESSE : UN INDUSTRIEL FRANÇAIS MOUILLÉ DANS UN DOSSIER DE CORRUPTION

Un quotidien national publie un article explosif : une entreprise française d’armement aurait soudoyé des officiels étrangers pour décrocher un contrat d’équipements terrestres.

L’agence active immédiatement son plan de bataille :

  • Démenti presse partiel : « Nous réfutons toute pratique illégale. Une enquête interne est en cours. »
  • Veille des médias et réseaux sociaux pour identifier les angles d’attaque.
  • Préparation d’une intervention presse du PDG pour éteindre la polémique médiatique.

11H00 – DAMAGE CONTROL

L’agence de communication de crise spécialisée briefe un porte-parole pour répondre aux accusations sans s’enfoncer. Marc lui martèle les règles :

  • Ne jamais dire “nous n’avons rien à nous reprocher”, trop absolu.
  • Ne pas entrer dans le détail des transactions, éviter tout élément réutilisable en tribunal.
  • Montrer que l’entreprise coopère avec les autorités, sans tomber dans la justification.

À 16H00, l’intervention du PDG sur BFM est un succès. Le narratif change : “une affaire ancienne en cours d’examen”, et non un scandale d’ampleur. L’impact commercial est minimisé.

JOUR 4 – BOYCOTT ET CAMPAGNE HOSTILE

7H30 – UNE ONG LANCE UNE CAMPAGNE CONTRE UN CLIENT

Sur Twitter, un hashtag commence à prendre de l’ampleur : #StopArmesMadeInFrance. Un fabricant de munitions est accusé de vendre à des régimes dictatoriaux.

L’agence agit vite :

  • Analyse du message : est-il viral ? Qui le relaie ?
  • Mise en place d’une contre-attaque digitale : publication de témoignages d’experts en sécurité expliquant l’importance de l’exportation.
  • Contact avec les politiques pour éviter un débat parlementaire sur l’exportation d’armement français.

À 22H00, la crise est contenue. La pression médiatique baisse, les contrats sont sécurisés.

JOUR 5 – DÉBRIEFING : LES RÈGLES D’OR DE LA CRISE

Paul rassemble l’équipe pour tirer les enseignements de la semaine. Il liste les principes essentiels :

  1. Prendre la main sur la crise avant qu’elle ne prenne la main sur vous.
  2. Ne jamais laisser un vide médiatique, sinon d’autres le remplissent.
  3. Utiliser les bons relais : influenceurs, journalistes spécialisés, réseaux politiques.
  4. Garder la tête froide : chaque mot engage l’entreprise et ses partenaires.

En quittant l’agence de gestion de crise, une chose est claire : dans la filière Défense & Sécurité, une crise mal gérée peut coûter des milliards et un marché stratégique.

Ces experts en gestion de crise ne vendent pas du rêve. Ils sauvent des entreprises du chaos.