Affaire XV de France, Oscar Jegou et Hugo Auradou : Protéger la réputation des sportifs exposés au risque judiciaire

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Sept mois après avoir été accusés de viol lors de la tournée des Bleus en Argentine, Oscar Jegou et David Auradou figurent dans la liste des 42 joueurs appelés par Fabien Galthié pour préparer le Tournoi des VI Nations. Retour sur la stratégie de communication de crise pour 20 minutes avec Florian Silnicki.

La réputation d’un sportif est un atout précieux. Les athlètes de haut niveau ne sont pas seulement des compétiteurs performants, mais aussi des figures publiques dont l’image rayonne bien au-delà de leurs performances sur le terrain. Que ce soit pour un rugbyman membre du XV de France, pour un footballeur évoluant dans un grand club européen ou pour un basketteur en NBA, la réputation est un actif intangible qui peut se révéler incroyablement vulnérable dès qu’une crise survient.

Or, dans le monde d’aujourd’hui, une crise peut se déclencher en un claquement de doigts. Une rumeur de dopage dans les médias, une accusation injuste sur les réseaux sociaux, une altercation filmée sur téléphone portable, une plainte pour comportement inapproprié… Autant de situations susceptibles de briser une carrière et de ruiner la confiance du public, des sponsors et des médias.

C’est précisément là qu’intervient le métier d’expert en communication de crise. Gérer une crise, c’est avant tout anticiper et préparer des dispositifs pour protéger la réputation de ceux qui y sont exposés. Florian Silnicki, expert en communication de crise et président fondateur de l’agence LaFrenchCom, qui accompagne de nombreux acteurs publics et notamment des sportifs de haut niveau a décrypté pour 20Minutes, comment, dans un contexte hypermédiatisé, un athlète peut efficacement affronter la tempête médiatique et judiciaire.

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Un monde où l’athlète est bien plus qu’un simple compétiteur

Le sportif star : de la performance à l’influence

Dans le passé, un sportif était jugé avant tout sur son palmarès : le nombre de médailles, les records battus, la participation à tel ou tel championnat. De nos jours, la donne a changé. Les athlètes de haut niveau bénéficient souvent d’une forte présence médiatique et d’une communauté de fans très engagés sur les réseaux sociaux. Certains sportifs deviennent même des influenceurs à part entière. Ils ont des partenariats avec des marques, ils participent à des campagnes publicitaires, ils sont invités sur des plateaux télé pour échanger avec des journalistes, etc.

Cette forte exposition, si elle est un avantage pour construire une notoriété et signer des contrats de sponsoring, est également un facteur de vulnérabilité. En effet, le moindre dérapage peut prendre des proportions gigantesques. Une arrestation pour conduite en état d’ivresse, une altercation filmée dans une soirée, une accusation (avérée ou non) d’agression : tous ces dérapages peuvent être diffusés en temps réel sur les réseaux sociaux et faire la une des médias en quelques heures. La réputation acquise en plusieurs années peut se trouver entachée en quelques minutes.

Les enjeux financiers colossaux

Quand un athlète est au centre d’une affaire judiciaire, les conséquences ne se limitent pas à la sphère médiatique. Les sponsors, les clubs et les fédérations sportives sont particulièrement attentifs à l’image renvoyée par leurs athlètes, et il suffit parfois d’une suspicion pour que des contrats de sponsoring soient gelés ou résiliés. Dans certains cas, l’athlète peut aussi être mis à l’écart de son équipe afin d’éviter de ternir l’image de la formation, ou subir des pressions de la part de ses agents ou de ses partenaires.

Les enjeux financiers sont donc considérables pour le sportif et pour son entourage. Il ne s’agit pas seulement de maintenir une belle image pour flatter l’ego de l’athlète, mais bien de défendre ses intérêts économiques à long terme. Toute perte de crédibilité peut se traduire par des pertes financières immédiates et futures (rupture de contrat, non-renouvellement d’un partenariat, baisse de popularité, etc.).

Les risques judiciaires : un piège médiatique à haute tension

La médiatisation instantanée des affaires

Dans un contexte médiatique sous tension, la présomption d’innocence est souvent mise à mal. Les réseaux sociaux, les chaînes d’information en continu et la soif de sensationnalisme peuvent engendrer un tribunal médiatique où la culpabilité est parfois décrétée bien avant que la justice ne rende son verdict. Cette “peopolisation” de l’actualité judiciaire n’épargne pas les sportifs. Au contraire, leur notoriété fait d’eux des cibles de choix pour les scandales et polémiques en tout genre.

Accusations de dopage, matchs truqués, comportements violents, agressions présumées… Les risques sont multiples et dès qu’un sportif est cité dans une affaire, les médias s’emparent du sujet. Malheureusement, l’information peut circuler à toute vitesse sans que l’intéressé n’ait eu le temps de communiquer et de rétablir les faits. Les rumeurs infondées peuvent devenir des “vérités” si elles ne sont pas contestées efficacement.

L’importance d’anticiper plutôt que de subir

Face à ce constat, il est essentiel pour un sportif et son entourage de mettre en place, en amont, une stratégie d’anticipation et de gestion de crise. C’est ici qu’intervient le métier d’expert en communication de crise. Le but est d’éviter la spirale infernale qui peut naître d’une mauvaise réaction ou d’un silence trop long face aux accusations.

Une crise mal gérée peut provoquer :

  1. Une amplification des rumeurs, les médias et le public interprétant le silence comme un aveu de culpabilité.
  2. Une cristallisation des critiques : les réseaux sociaux alimentent le dénigrement et renforcent l’image négative.
  3. Une rupture de confiance avec les partenaires : sponsors, agents, clubs ou équipes nationales peuvent prendre leurs distances pour sauvegarder leur propre réputation.

Inversement, une crise bien gérée peut permettre de limiter la casse, de rétablir rapidement les faits et d’atténuer la polémique. Il est même parfois possible de transformer cette difficulté en opportunité de communiquer de façon authentique et de ressortir plus fort de l’épreuve.

L’idée est d’éviter toute langue de bois et de donner à ses clients les moyens de comprendre réellement ce qui se joue dans la communication de crise. Ainsi, il ne s’agit pas d’appliquer simplement une “recette miracle” ou d’utiliser des techniques de manipulation. Il s’agit d’un partenariat où le sportif et son entourage sont sensibilisés aux réalités du terrain et aux conséquences de chaque déclaration publique.

À travers cette approche “cash”, l’athlète prend conscience :

  • De l’impact médiatique de la moindre de ses actions : il sait que tout peut basculer très vite, et qu’un comportement irréfléchi peut se retourner contre lui.
  • De l’importance de la cohérence dans son discours : en cas d’accusation, mieux vaut diffuser des messages clairs et constants, plutôt que de se contredire ou d’éluder les questions.
  • De la nécessité d’une réactivité maximale : plus on réagit vite et efficacement, mieux on endigue la propagation des rumeurs.

Cette pédagogie sur la gestion de crise est un atout essentiel pour le sportif, car elle lui permet d’adopter une posture préventive, bien avant que la tempête ne survienne.

Quand la crise éclate, il n’y a pas une minute à perdre. L’expert en communication de crise joue alors un rôle crucial de coordination. Il s’agit de :

  1. Recueillir un maximum d’informations fiables : comprendre les tenants et aboutissants de l’affaire, vérifier les sources, établir les faits pour éviter de communiquer sur de fausses hypothèses.
  2. Préparer un premier message public : ce message doit être clair, concis et prendre en compte la sensibilité du moment. Il doit réaffirmer la présomption d’innocence lorsque c’est pertinent, ou assumer des responsabilités si nécessaire.
  3. Briefer le sportif : lui expliquer comment répondre aux questions des journalistes, quels éléments de langage adopter, quels mots bannir, quelles plateformes privilégier (communiqué de presse, interview télé, story Instagram, etc.).
  4. Gérer les réseaux sociaux : surveiller et modérer les commentaires, clarifier les rumeurs, diffuser rapidement des informations officielles.

La construction d’un récit cohérent et maîtrisé

La crise peut s’installer dans la durée, et la gestion ne se limite pas au premier communiqué de presse. L’expert en communication de crise accompagne alors sur le long terme, en construisant un récit cohérent autour du sportif. Si ce dernier est mis en examen, il faut adapter la communication à l’évolution de la procédure judiciaire. Si la justice l’innocente, il faut savoir capitaliser sur cette décision pour réhabiliter pleinement son image. À l’inverse, si le sportif est condamné, il s’agit d’élaborer une stratégie de rédemption, de reconnaissance des fautes, et de reconstruction d’un lien de confiance avec le public.

La communication ne peut jamais se résumer à du “greenwashing” ou du “storytelling” superficiel. Elle doit être alignée sur la réalité des faits et respecter un principe de sincérité, sans quoi l’audience finira par détecter le décalage et rejeter la parole du sportif.

Le retour d’expérience post-crise

Enfin, une bonne gestion de crise s’achève toujours par un bilan. Quelles leçons tirer de la situation ? Qu’aurait-on pu mieux anticiper ? Comment le sportif et son entourage peuvent-ils mieux se préparer à l’avenir ? Ce retour d’expérience est fondamental pour renforcer la résilience. Cela permet de consolider les protocoles et de s’assurer qu’en cas de nouvelle tempête, le dispositif sera encore plus efficace.

Les erreurs courantes dans la gestion de crise

Malgré les ressources disponibles, certains sportifs ou leurs entourages commettent des erreurs préjudiciables :

  • Le silence total : se murer dans le silence, espérer que l’affaire va se tasser d’elle-même, est souvent la pire stratégie. Dans l’espace médiatique moderne, le silence est perçu comme un aveu ou un manque de transparence.
  • Les déclarations intempestives : réagir à chaud sur Twitter ou à l’issue d’un match sans avoir pris le temps de réfléchir peut conduire à des propos maladroits ou contradictoires.
  • La minimisation outrancière : nier l’évidence ou sous-estimer la gravité d’une accusation peut alimenter la colère de l’opinion publique et donner l’impression d’un sportif arrogant.
  • L’absence de plan à long terme : beaucoup trop de sportifs se contentent d’éteindre l’incendie immédiat, sans se soucier de la reconstruction de leur image et de la réconciliation avec les supporters.

LaFrenchCom : une expertise reconnue pour la défense des sportifs

Il faut souligner que Florian Silnicki et son agence LaFrenchCom ont su s’imposer comme une référence en matière de gestion de crise dans le domaine sportif. Leur succès repose sur plusieurs points forts :

  1. Une vraie connaissance du milieu sportif : l’agence est familière des codes, des exigences des athlètes, du calendrier sportif et des enjeux particuliers liés au sport professionnel. Les experts savent que gérer un scandale à la veille d’une grande compétition nécessite une réactivité particulière.
  2. Un solide réseau médiatique : pour diffuser la bonne information ou obtenir un “droit de réponse” dans la presse, il est crucial d’avoir des contacts fiables.
  3. Une vision globale : l’agence ne se limite pas à la simple communication. Elle travaille main dans la main avec les avocats et les agents sportifs pour élaborer une défense cohérente, tant sur le plan légal que médiatique.
  4. Un engagement éthique : il ne s’agit pas de “cacher la vérité”, mais de défendre la présomption d’innocence et de combattre les rumeurs infondées. Si le sportif a une part de responsabilité, l’expert l’accompagne pour assumer ses erreurs et rectifier le tir.

L’indispensable rôle du communicant de crise dans le sport moderne

Aujourd’hui plus que jamais, un sportif de haut niveau n’est pas seulement un athlète performant. Il est une personnalité publique, un influenceur, un ambassadeur de marques et parfois un modèle pour la jeunesse. Cette visibilité l’expose à des risques accrus, notamment sur le plan judiciaire, car la moindre polémique prend vite des proportions spectaculaires.

Se faire accompagner par un expert en communication de crise est devenu indispensable pour anticiper, gérer et dépasser ces crises. Il ne s’agit pas d’un “luxe” réservé à quelques stars, mais d’un service essentiel pour quiconque évolue au plus haut niveau et veut préserver son capital le plus précieux : sa réputation.

Une telle expertise permet non seulement de limiter les dégâts en cas de scandale, mais aussi d’éviter de nombreuses crises grâce à la préparation et à la veille permanente. Elle offre également la possibilité de transformer une situation délicate en opportunité de communication sincère et maîtrisée. In fine, il s’agit de construire une image solide, authentique et résiliente, à l’épreuve des tempêtes médiatiques.

Si vous êtes sportif ou si vous accompagnez des athlètes, retenez que la réputation est un trésor fragile. Il faut la protéger avec autant d’attention que vous préparez une compétition. Dans ce contexte hyperconnecté, la gestion de crise n’est plus une option, mais bien un impératif stratégique.