En situation de crise, comment vous communiquez importe autant que ce que vous communiquez rappelle Florian Silnicki, Expert en communication de crise et Président Fondateur de LaFrenchCom. Un message rassurant peut être saboté par un ton inadéquat ou un langage corporel fermé. C’est ici qu’intervient la règle des 3V d’Albert Mehrabian – Verbal, Vocal, Visuel – souvent résumée par la formule 7 % – 38 % – 55 %. Cette règle, bien connue des communicants, souligne l’importance du verbal (les mots), du vocal (le ton et la voix) et du visuel (le langage corporel) dans la transmission d’un message.
Comprendre la règle des 3V d’Albert Mehrabian : Verbal, Vocal, Visuel
Albert Mehrabian, psychologue à l’UCLA, a mis en évidence dans les années 1960 l’importance relative des trois canaux de communication Verbal, Vocal et Visuel. Selon ses études, dans la communication en face-à-face, le poids de chaque canal serait d’environ 7 % pour le verbal (les mots), 38 % pour le vocal (intonation, timbre et volume de la voix) et 55 % pour le visuel (expression du visage, posture, gestes). Autrement dit, la communication non verbale (vocal + visuel) représenterait 93 % de l’impact du message, contre seulement 7 % pour les mots eux-mêmes.
Ces chiffres chocs ont marqué les esprits et sont souvent cités en formation. Ils soulignent une idée essentielle : les mots seuls ne suffisent pas. L’intonation et le langage corporel peuvent renforcer – ou contredire – le message verbal. Exemple simple : si vous dites « Je comprends votre inquiétude » d’un ton monotone et en évitant le regard, votre public percevra peu d’empathie. À l’inverse, un « Je suis désolé » sincère, avec une voix posée et un air compatissant, aura bien plus d’impact émotionnel.
Nuances importantes : il convient toutefois de nuancer l’interprétation de la règle des 3V. Mehrabian lui-même a précisé que sa formule 7-38-55 ne s’applique que dans des situations très spécifiques : lorsque l’orateur exprime des sentiments ou des attitudes, et surtout lorsque le verbal et le non-verbal sont en contradiction. Ses expériences portaient sur des scénarios où l’intonation contredisait le sens des mots (par exemple dire « merci » sur un ton colérique) ou des situations d’ambiguïté émotionnelle. Dans ces cas, les sujets testés se fiaient davantage au ton de la voix et aux expressions faciales qu’aux mots pour déduire l’émotion véritable du locuteur. En situation normale, si le discours est cohérent et factuel, les mots gardent bien sûr toute leur importance. La règle des 3V n’indique pas que 93 % de toute communication serait non verbale en permanence. En revanche, elle rappelle que lorsqu’une incohérence se glisse entre ce qu’on dit et la manière dont on le dit, les mots perdent immédiatement de leur poids face à l’attitude et au ton.
Décomposer les 3V : que recouvrent Verbal, Vocal, Visuel ?
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Verbal (les mots) : Il s’agit du contenu texte de votre message – le choix des mots, la formulation des phrases, les informations transmises. En communication de crise, le verbal correspond aux communiqués officiels, points presse, tweets ou déclarations. Des mots bien choisis peuvent clarifier une situation complexe, exprimer des excuses ou rassurer sur les actions en cours. Mais si le verbal est puissant sur le fond (faits, données, arguments rationnels), il peut être affaibli par une forme inadéquate. Exemple : un message d’excuses ou de condoléances truffé de jargon ou tourné de façon impersonnelle manquera sa cible, même si le fond exprime un regret.
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Vocal (le paraverbal) : Ce sont les caractéristiques de la voix qui porte le message : le ton (compassionnel, neutre, agacé…), l’intonation, le rythme, le volume, le débit, les silences. Le vocal traduit l’émotion et l’attitude de l’orateur. En période de crise, un ton posé, sincère et empathique renforce la crédibilité, tandis qu’une voix tremblante trahit la panique ou qu’un ton sec peut être perçu comme de l’indifférence. Selon les travaux de Mehrabian, l’auditoire accorde plus de poids à l’intonation qu’au mot en lui-même pour interpréter l’intention émotionnelle. C’est pourquoi on recommande aux porte-parole de travailler leur modulation vocale en situation de stress : ni trop monotone (signe de détachement ou de récitation froide), ni trop enjouée (inappropriée si la situation est grave), ni trop agressive (cela fermerait le dialogue). Travailler son ton de voix pour adopter un rythme mesuré est crucial en gestion de crise. Un débit un peu plus lent que la normale, ponctué de pauses, permet au public de suivre et donne l’image d’une personne maîtrisant la situation, plutôt qu’un responsable débordé qui parle à toute vitesse.
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Visuel (le non-verbal visuel) : C’est tout ce que l’on voit du communicant et qui n’est pas dans les mots : la posture, les gestes, les expressions du visage, le regard, la tenue vestimentaire, la scénographie (lieu de la déclaration, environnement). Le visuel est souvent prépondérant dans la première impression du public – d’où le fameux 55 % d’influence. Un visage fermé ou crispé, des bras croisés, un regard fuyant peuvent communiquer de la nervosité, de l’hostilité ou du désintérêt. Au contraire, une posture ouverte et ancrée (dos droit, épaules détendues, bras décrispés), accompagnée d’un regard direct, manifeste assurance et transparence. En situation de crise, votre langage corporel doit montrer que vous êtes sérieux et concerné par les événements, et prêt à prendre vos responsabilités. Par exemple, se tenir droit mais légèrement penché en avant vers son interlocuteur montre écoute et engagement. Garder le contact visuel avec les journalistes ou la caméra renforce la sensation de sincérité et de contrôle. À l’inverse, un responsable qui fuit les caméras ou dont la communication se limite à un communiqué impersonnel manquera l’occasion de créer ce lien visuel de confiance.
En somme, les 3V agissent de concert. L’idéal est la congruence : lorsque le verbal, le vocal et le visuel racontent la même histoire. Vous dites la vérité avec des mots clairs (verbal), vous le montrez par votre ton qui inspire le sérieux et l’empathie (vocal) et vous le prouvez par votre attitude ouverte et contrôlée (visuel). Cette cohérence multiplie l’impact du message. Au contraire, la moindre discordance sera instantanément relevée par le public ou les médias. En communication de crise, où la confiance est fragile, le diable est dans les détails : un soupir au mauvais moment ou un regard fuyant peut faire douter de votre sincérité malgré un discours bien ficelé.
L’importance des 3V en communication de crise
En temps normal, une bonne communication repose déjà sur le choix des mots et la manière de les prononcer. En situation de crise, l’attention du public est décuplée et sa tolérance à l’égard de l’hypocrisie ou de l’approximation est minimale. Les parties prenantes (clients, employés, grand public, autorités) cherchent des signaux de fiabilité et d’empathie. Dans ce contexte, la règle des 3V prend toute son importance : c’est souvent elle qui fera la différence entre une prise de parole rassurante et un fiasco médiatique.
Pourquoi Verbal, Vocal et Visuel sont-ils cruciaux sous pression ?
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Le verbal pour informer et donner le cap : En situation de crise, le contenu du message doit à la fois informer sur la situation (ce qui s’est passé, ce qui est fait pour régler le problème) et donner une direction (appeler au calme, indiquer les prochaines étapes, éventuellement assumer des excuses ou responsabilités). Le verbal est la base de la transparence et de la cohérence factuelle. Par exemple, lors d’une contamination de produit, l’entreprise doit très vite fournir des faits précis (lots concernés, consignes aux consommateurs, mesures prises). Ces éléments verbaux concrets rassurent sur la compétence de l’organisation à gérer la crise. Toutefois, si ces explications sont livrées d’un ton bureaucratique ou sans aucune compassion pour les victimes, le public retiendra davantage le défaut d’humanité que la pertinence des informations. En bref : le verbal en crise apporte la substance (les quoi et pourquoi), mais il doit être soutenu par le vocal et le visuel pour être crédible émotionnellement.
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Le vocal pour rassurer et convaincre : La crise est un moment de tension où les émotions sont vives – peur, colère, anxiété, incompréhension. La voix du communicant doit en tenir compte. Un bon porte-parole de crise ajuste son ton en permanence : il peut montrer de la gravité et du regret quand il y a des victimes, adopter un ton ferme quand il s’agit de démontrer qu’il prend les choses en main, ou une voix rassurante pour calmer les inquiétudes. Le paraverbal sert à “mettre en musique” le discours. Si l’intonation et le rythme concordent avec le sens, le message gagne en force. Dans le cas contraire, le public sent intuitivement que “quelque chose cloche”. Par exemple, en 2017 le PDG d’United Airlines avait initialement un ton défensif en parlant d’un passager violent pour justifier une expulsion musclée – un ton en décalage total avec les images choquantes que tout le monde avait vues. Cela a amplifié le tollé, car la voix du dirigeant ne traduisait aucune empathie pour le passager blessé. À retenir : le vocal en crise sert à incarner des valeurs (la compassion, la détermination, la responsabilité) au-delà des mots bruts. Une voix posée et sincère peut désamorcer bien des colères, tandis qu’un ton inapproprié peut jeter de l’huile sur le feu.
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Le visuel pour inspirer confiance : En communication de crise, le visuel est souvent ce que le public perçoit en premier, que ce soit à la télévision, en photo de presse ou en vidéo sur les réseaux sociaux. Il s’agit non seulement de l’apparence du porte-parole, mais aussi de sa présence sur le terrain. Par exemple, voir un PDG se rendre sur le lieu d’une catastrophe pour s’exprimer devant les caméras a un impact visuel fort : cela symbolise son engagement. À l’échelle micro, chaque geste compte : un léger hochement de tête peut montrer que vous comprenez les questions des journalistes, tandis qu’un visage crispé ou un regard vers le sol peuvent indiquer de la gêne ou du doute. Visuellement, le public cherche des indices de votre sincérité et de votre maîtrise. Un responsable au regard fuyant et au visage impassible sera perçu comme évasif ou indifférent, ce qui peut éroder la confiance. À l’inverse, un communicant qui montre de l’assurance sans arrogance (posture droite, mouvements mesurés) et de la compassion (expressions faciales appropriées, éventuellement une émotion contenue quand la situation s’y prête) marquera positivement les esprits. Illustration : lors d’une crise sanitaire, des autorités de santé qui communiquent en blouse blanche, sur le terrain, avec un visage sérieux mais empathique, en expliquant les mesures, seront plus rassurantes que celles restées derrière un bureau ou s’exprimant via un communiqué impersonnel.
En somme, les 3V jouent un rôle complémentaire pour couvrir à la fois le rationnel (informer, expliquer) et l’émotionnel (rassurer, montrer l’exemple). Dans une crise, la perception du public dépend largement de la cohérence entre ces niveaux de communication. Une information incomplète (verbal faible) crée de la confusion ou des rumeurs. Un ton inadéquat (vocal maladroit) peut susciter la colère ou le mépris. Un porte-parole invisible ou mal à l’aise (visuel négatif) fait naître la défiance. À l’inverse, lorsque le discours est clair, le ton juste et l’attitude irréprochable, l’organisation maximise ses chances de conserver la confiance ou du moins d’obtenir le bénéfice du doute pendant qu’elle gère la crise.
Mehrabian et la communication de crise : quand l’humain prime
Les recherches de Mehrabian portaient sur la communication d’émotions. Or une crise, bien qu’abordant des faits concrets (incendie, piratage, scandale…), génère énormément d’émotions chez les publics impactés. Peu importe la nature de la crise, sa gestion est toujours aussi une affaire d’émotion et d’humain. C’est pourquoi la règle des 3V est particulièrement pertinente en communication de crise : elle oblige les organisations à humaniser leur communication.
Lors d’une crise ou d’une urgence, “les dirigeants sont conscients que leur langage corporel et leur ton peuvent avoir un impact significatif sur la façon dont le public perçoit leur réponse”. De nombreuses entreprises intègrent d’ailleurs cette dimension dans leurs programmes de formation en gestion de crise. On y entraîne les porte-parole à transmettre efficacement l’empathie et le réconfort par leur attitude, au-delà du contenu technique du message. Par exemple, lors d’exercices, on évaluera la capacité d’un dirigeant à exprimer sa préoccupation sincère pour les victimes avec les mots appropriés, mais aussi avec la voix et le regard adéquats.
En situation de panique ou de colère générale, 93 % de la communication est non-verbale n’est pas un mythe : c’est une réalité psychologique à laquelle on revient. Quand les nerfs sont à vif, le public écoute moins le détail des explications qu’il ne scrute les indices de fiabilité chez l’orateur. Une étude a montré que dans un contexte de doute, si le canal verbal ne permet pas de se faire une opinion claire, le canal visuel devient déterminant dans la perception de la sympathie ou de la crédibilité. Concrètement, en conférence de presse de crise, si un PDG donne des messages techniques trop complexes (verbal confus) mais qu’il apparaît surtout stressé et sur la défensive (visuel négatif), les observateurs retiendront principalement qu’“il ne maîtrise pas la situation” ou qu’“il cache quelque chose”. En revanche, un discours concis combiné à une attitude empreinte de calme et d’assurance peut compenser même un manque d’informations initial : le public se dira “ils semblent gérer, attendons d’en savoir plus”.
En résumé, le triptyque Verbal-Vocal-Visuel est la clé d’une communication de crise réussie car il correspond aux trois questions que se pose intuitivement tout public en temps de crise : Que disent-ils ? (Verbal), Comment le disent-ils ? (Vocal), et Que montrent-ils ? (Visuel). Votre rôle, en tant que communicant de crise, est de vous assurer que ces trois réponses inspirent la confiance, la compréhension et l’adhésion à votre message.
Études de cas : les 3V en action dans des communications de crise
Rien de tel que des exemples concrets pour comprendre comment la maîtrise (ou non) des 3V peut influencer le cours d’une crise. Voici quelques cas d’école – des réussites saluées et des échecs retentissants – qui illustrent l’impact du verbal, du vocal et du visuel dans la perception du public.
Exemples de communication de crise réussies : congruence et impact positif
Johnson & Johnson – Crise du Tylenol (1982) : Ce cas est souvent cité comme modèle de communication de crise. Lorsque des capsules de Tylenol empoisonnées provoquent plusieurs décès aux États-Unis, l’entreprise agit vite. Son PDG de l’époque, James Burke, s’adresse immédiatement au public avec un message clair et verbalement responsable : il demande de cesser toute consommation de Tylenol, organise le retrait massif du produit des rayons et encourage les clients à rapporter leurs boîtes pour remboursement. Sur le plan vocal et visuel, Burke multiplie les apparitions médiatiques avec un ton grave mais calme, assumant pleinement la gravité de la situation. Il ne cherche pas à minimiser les faits ; au contraire, son intonation sincère traduit qu’il place la sécurité du public au-dessus des intérêts commerciaux. Visuellement, le PDG apparaît présent et investi, n’hésitant pas à se montrer en première ligne. Cette transparence et cette réactivité exemplaires ont porté leurs fruits : la confiance du public a été restaurée et la marque sauvée, malgré des pertes financières à court terme. Quelques années plus tard, confrontée à une crise similaire, l’entreprise a reproduit la même stratégie de communication, confirmant ainsi l’efficacité de l’alignement des 3V sur une posture d’honnêteté. « Ce choix de la transparence aura permis de rétablir la confiance des consommateurs et de sauver la marque », reconnaîtront plus tard les dirigeants.
Airbnb – Bad buzz #AirbnbWhileBlack (2016) : La plateforme de location Airbnb fait face à une crise de réputation lorsque des utilisateurs dénoncent, sur Twitter via le hashtag #AirbnbWhileBlack, des discriminations de la part d’hôtes (refus de réservation en raison de l’origine ethnique). L’affaire prend de l’ampleur en ligne, accusant l’entreprise de passivité. Airbnb réagit rapidement et coche toutes les cases des 3V. Verbalement, le PDG Brian Chesky publie immédiatement des messages sur Twitter et des communiqués où il reconnaît les faits et s’excuse sans détour. Il adopte un ton humble, évitant toute langue de bois. Vocalement, lors des interviews qui suivent, le dirigeant conserve un ton ferme sur les principes (il condamne sans réserve la discrimination) tout en étant empathique envers les victimes – on perçoit dans sa voix qu’il est personnellement affecté et décidé à changer les choses. Visuellement, Chesky et l’entreprise passent à l’action : Airbnb annonce des mesures concrètes très visibles, comme une nouvelle politique de non-discrimination stricte, des formations pour les hôtes sur les biais implicites, et la publication annuelle d’un rapport sur la diversité. Ce passage à l’acte est crucial car il montre aux sceptiques que les mots ne resteront pas lettre morte. Résultat : la communauté accueille favorablement ces mesures. Grâce à une communication transparente et proactive alignant parfaitement discours, ton et actions, Airbnb a pu démontrer son engagement et restaurer sa crédibilité auprès du public.
Starbucks – Incident de Philadelphie (2018) : La chaîne de cafés Starbucks subit un scandale lorsqu’à Philadelphie, deux clients Afro-Américains sont arrêtés sans motif valable alors qu’ils attendaient un ami dans un de ses établissements. La vidéo de l’arrestation, perçue comme raciste, fait le tour du web et déclenche des appels au boycott. Là encore, la réaction de l’entreprise, menée par le PDG Kevin Johnson, est un exemple de gestion efficace appuyée sur les 3V. Verbalement, Kevin Johnson publie très vite un communiqué et une vidéo où il présente des excuses publiques franches et assume la responsabilité du problème au nom de Starbucks. Il ne cherche pas d’excuses et reconnaît que l’entreprise a failli. Vocalement, son ton est résolu mais non défensif : on le sent déterminé à corriger la situation, avec la bonne mesure de regret dans la voix pour les torts causés. Visuellement, les engagements sont forts : Starbucks décide de fermer temporairement 8 000 cafés aux États-Unis pour former 175 000 employés aux enjeux de lutte contre les discriminations. Cette mesure-choc illustre bien l’adéquation entre le message verbal (« nous allons tout faire pour que ça ne se reproduise plus ») et une action tangible. Le “visuel” ici, c’est l’image frappante de tous les Starbucks fermés un après-midi pour cause de formation – un symbole concret de prise en main de la crise. Au final, le feu s’éteint rapidement : l’opinion publique salue la réaction responsable de Starbucks et la marque regagne la confiance de sa clientèle. Leçon : reconnaître ses torts sans tarder et montrer patte blanche (par des actes concrets) permet de maîtriser la narrative d’une crise. La cohérence entre ce qui est dit, le ton employé et ce qui est fait crée une crédibilité difficile à attaquer.
Exemples de communication de crise ratées : l’incohérence fatale des 3V
Pepsi – Bad buzz Kendall Jenner (2017) : Toutes les crises ne sont pas liées à des accidents industriels ; certaines naissent d’un faux-pas marketing. En 2017, Pepsi diffuse une publicité mettant en scène la mannequin Kendall Jenner apportant une canette de Pepsi à un policier lors d’une manifestation, supposément pour apaiser les tensions. Ce scénario est perçu comme une récupération cynique du mouvement Black Lives Matter, en pleine vague de manifestations contre les violences policières. Le visuel publicitaire lui-même choque : il donne l’impression que de graves problèmes sociaux sont résolus avec une simple boisson, ce qui est jugé insultant. La crise prend feu sur les réseaux sociaux, pourtant Pepsi, dans un premier temps, réagit verbalement à contre-courant : la marque défend sa publicité et reproche au public de l’avoir mal comprise. Vocalement, les déclarations de Pepsi manquent totalement d’empathie et sonnent corporate. Aucun dirigeant ne prend la parole de vive voix pour s’excuser spontanément ; au contraire, le ton est d’abord celui de la justification (“vous n’avez pas saisi le message positif” argue Pepsi). Ce manque de responsabilité et d’empathie perçu dans les premiers communiqués ne fait qu’attiser les critiques. Ce n’est que plus tard, face à l’ampleur du rejet, que Pepsi finit par retirer la publicité et présenter des excuses publiques. Mais le mal est fait : l’entreprise a laissé une impression de surdité émotionnelle. Ici, l’échec vient de l’incohérence entre le visuel (la pub maladroite aux yeux du public) et le verbal/vocal initial (un discours défensif au lieu d’un mea culpa). La leçon est dure : en cas de bad buzz sociétal, nier le problème ou adopter un ton condescendant est catastrophique. Le public attend de la compréhension et de l’humilité, pas qu’on lui explique qu’il a tort.
United Airlines – Passager expulsé violemment (2017) : Autre cas emblématique de mauvaise gestion. En avril 2017, une vidéo virale montre un passager d’un vol United Airlines, un médecin, se faisant violemment expulser d’un avion surbooké, le visage ensanglanté, sous les yeux horrifiés des autres voyageurs. L’indignation explose sur internet et dans les médias, d’autant plus que la scène illustre un abus choquant. La réaction initiale d’United va à l’encontre de tous les principes des 3V. Verbalement, le PDG Oscar Munoz publie d’abord un mémo interne (qui fuitera publiquement) où il défend l’équipage et qualifie le passager de « perturbateur ». Ce choix de mots – blâmant la victime – est désastreux. Vocalement, bien que communiqué par écrit, le ton perçu est froid et accusateur, trahissant une absence totale de remise en question. Visuellement, pendant ce temps, la vidéo continue de tourner en boucle sur les télévisions du monde entier, montrant une réalité en total décalage avec la version d’United. L’effet est ravageur : la compagnie apparaît insensible et irresponsable. Ce n’est qu’après plusieurs jours de crise que le PDG change de posture, présentant des excuses publiques plus formelles. Mais là encore, le vocal de cette seconde tentative est jugé trop faible : les excuses sont tardives et considérées comme “timides” par un public qui attendait un mea culpa beaucoup plus ferme. Au final, United a subi un boycott et une chute boursière temporaire, et ce cas reste un exemple cité de ce qu’il ne faut pas faire. Les erreurs ? Manque d’empathie, lenteur de réaction, dissonance flagrante entre les images et le discours officiel. En somme, une non-maîtrise des 3V qui a lourdement entaché la réputation de la compagnie.
BP – Marée noire du Golfe du Mexique (2010) : Lorsque l’explosion de la plateforme Deepwater Horizon cause une marée noire colossale, British Petroleum fait face à une crise environnementale et médiatique sans précédent. Son PDG, Tony Hayward, deviendra tristement célèbre pour ses faux-pas communicationnels. Verbalement, BP tarde à accepter la responsabilité complète. Mais c’est surtout vocalement et visuellement que Tony Hayward va commettre l’irréparable aux yeux du public. Quelques semaines après la catastrophe, harassé par les questions, il déclare lors d’une interview « I want my life back » (« Je veux retrouver ma vie d’avant »), se plaignant de l’impact de la crise… sur lui. Cette petite phrase, au ton plaintif, a choqué profondément car elle a été perçue comme de la commisération pour lui-même, alors que 11 employés sont morts et que des milliers de personnes subissent les conséquences du désastre. L’indignation suscitée a obligé Tony Hayward à s’excuser publiquement pour ces propos déplacés. Par la suite, lors d’une audition au Congrès américain, son langage corporel n’a pas aidé : des analystes l’ont décrit avec les bras croisés en posture défensive, fuyant le regard, ce qui renvoyait l’image d’un dirigeant sur la défensive et peu coopératif. Même si Hayward a prononcé des excuses, le manque de contrition visible et d’empathie vocale a miné la confiance. Ce cas montre qu’en crise, le moindre signe de désinvolture ou d’égocentrisme peut détruire le capital sympathie. BP a mis des années à redorer son blason, et cet épisode est un cas d’école de l’importance du facteur humain perçu dans la communication.
Autres exemples notables : On pourrait citer bien d’autres crises où les 3V ont joué un rôle. L’affaire Volkswagen “Dieselgate” (2015) où les premiers communiqués trop techniques et le silence des dirigeants ont donné une impression d’opacité avant que le PDG ne présente enfin des excuses publiques ; ou encore en France l’affaire des prothèses mammaires PIP où la communication erratique et impersonnelle de l’entreprise a accru la panique. À l’inverse, la gestion par TAM Airlines du crash du vol 3054 (2007) est souvent saluée : le président de la compagnie s’est rendu immédiatement sur place et a communiqué avec compassion, incarnant un leadership responsable. Moralité : dans toutes ces situations extrêmes, les organisations qui s’en sortent le mieux sont celles qui savent allier des messages clairs, un ton adapté et une attitude irréprochable. Celles qui échouent tombent souvent sur l’un des pièges suivants : messages confus ou mensongers, porte-parole au ton maladroit, absence sur le terrain ou signes de détachement.
Recommandations stratégiques pour optimiser vos messages de crise
Fort des leçons tirées de ces cas, quelles stratégies les professionnels de la communication de crise peuvent-ils adopter pour maîtriser les 3V et maximiser l’impact de leurs messages ? Voici des recommandations clés afin d’optimiser votre communication en situation critique :
1. Préparez votre porte-parole : contenu ET forme
En amont de toute crise, identifiez et formez les porte-parole potentiels (DG, directeurs communication, experts métier selon le type de crise). Ne vous contentez pas de leur fournir des éléments de langage (verbal) ; entraînez-les aussi sur le vocal et le visuel. Des sessions de media training sont indispensables : exercices de fausses interviews sous pression, avec debrief sur la posture, la gestuelle et le ton. La compétence en communication non verbale est une qualité indispensable du porte-parole en période de crise. Apprenez-leur à utiliser efficacement le langage corporel, les expressions faciales et le ton de la voix, car cela renforce le message et l’impact global de la communication. Un entraînement préalable permettra d’automatiser les bons réflexes : se tenir droit, regarder la caméra, parler lentement, etc., même en situation de stress intense.
2. Gardez la cohérence : alignez le verbal, le vocal et le visuel
Avant de vous exprimer, clarifiez trois points : Qu’allons-nous dire ? (verbal), Comment allons-nous le dire ? (vocal), et Qui va le dire / dans quelles conditions ? (visuel). Assurez-vous que ces choix sont cohérents entre eux. Par exemple, si vous annoncez une mauvaise nouvelle (licenciements, rappel de produit dangereux), le contenant doit refléter le contenu : adoptez un ton sobre et compatissant, choisissez un cadre visuel sérieux (évitez d’annoncer cela lors d’une conférence festive…). Harmonisez les 3V pour envoyer un message univoque. Toute dissonance affaiblira votre crédibilité. Pour reprendre une image célèbre, ne dites pas “désolé” avec un sourire narquois – vos interlocuteurs croiront ce qu’ils voient, pas ce qu’ils entendent. De même, ne clamez pas « la sécurité est notre priorité » dans un communiqué si, visuellement, vos actes montrent le contraire (ex : ne pas suspendre une activité dangereuse). La cohérence doit être globale : paroles, ton et actes. Walk the talk, comme on dit. En cas de contradiction interne, privilégiez toujours la transparence : mieux vaut admettre ce que vous ignorez ou vos difficultés que de tenter de sauver les apparences avec un discours trop optimiste démenti par les faits.
3. Adoptez un ton empathique et professionnel
L’empathie est votre boussole vocale. Montrez dès les premières secondes que vous comprenez la gravité de la situation et que vous pensez aux personnes affectées. En pratique, cela signifie : commencez vos déclarations en ayant un mot pour les victimes ou les concernés (“Notre priorité absolue est d’aider les blessés et leurs familles…”), avec une voix posée, légèrement plus lente qu’en temps normal, et un timbre chaleureux. Évitez absolument tout ton qui semblerait minimiser les torts ou pire, blâmer autrui. L’objectif est de désamorcer d’entrée l’émotion négative dominante (colère, peur, indignation) en montrant que vous la prenez au sérieux. Cela n’empêche pas de rester professionnel et factuel ensuite, mais sans l’empathie initiale, vous parlerez dans le vide. Rappelez-vous que dans l’urgence, “quand les mots semblent insuffisants, le langage corporel peut renforcer le sentiment de sécurité”. Un ton calme et empathique rassure, là où un ton clinique ou agressif braquerait votre audience.
4. Maîtrisez votre langage corporel pour inspirer confiance
Le corps parle autant que la voix. En conférence de presse ou en vidéo, adoptez une posture ouverte : tenez-vous droit, épaules détendues, pas de bras croisés. Regardez votre audience dans les yeux (caméra ou interlocuteurs physiques), ne fuyez pas le regard – cela pourrait être interprété comme de la gêne ou un manque de sincérité. Vous pouvez prendre des notes avec vous, mais évitez de les lire mot à mot la tête baissée en permanence. Soignez vos gestes : l’idéal est des gestes modérés, ni statufié ni excessivement agité. Des mains jointes ou des mouvements lents peuvent appuyer un point important sans distraire l’auditoire. Écoutez également le langage corporel des journalistes ou du public s’il y a un échange : montrez par des hochements de tête que vous comprenez les questions, par exemple. Évitez les signes de nervosité flagrants (tapoter du pied, jouer avec un stylo) qui trahissent le stress. Enfin, adaptez aussi votre expression faciale : ayez l’air concerné, sérieux, et compatissant quand il le faut. Un sourire discret peut être bienvenu pour remercier ou saluer, mais proscrit lorsqu’on évoque des faits graves. En bref, incarnez visuellement l’attitude que vous souhaitez refléter : calme, maîtrise, transparence.
5. Structurez vos messages (verbal) de façon claire et honnête
Dans la panique, on peut être tenté d’en dire trop ou pas assez. Suivez un plan de communication clair : messages clés en tête, informations validées, priorisation de ce qui importe au public. Exprimez-vous dans un langage simple et concret. Évitez le jargon technique et les tournures bureaucratiques compliquées, surtout à chaud. En crise, les gens cherchent des réponses compréhensibles, pas des termes d’experts ou du légaliste. Dites les choses telles qu’elles sont, même si elles sont difficiles. Si vous ne savez pas, dites-le et engagez-vous à revenir vers le public dès que vous aurez l’information (et tenez parole!). Ne faites pas de promesses intenables. L’honnêteté est primordiale : mentir ou cacher volontairement la vérité finit presque toujours par se retourner contre l’entreprise (la vérité finit souvent par émerger, mieux vaut la contrôler). Soyez également concis – un message trop long dilue les points importants et peut donner l’impression qu’on “noyait le poisson”. Mieux vaut aller droit au but sur ce qui est fait pour résoudre la crise et ce que le public doit faire ou comprendre, puis prendre le temps de répondre aux questions.
Astuce : préparez des éléments de langage anticipés pour ne pas chercher vos mots sous pression. Avoir quelques phrases d’ouverture prêtes (ex: “Notre préoccupation première va aux victimes…”, “Voici ce que nous savons à cette heure…”) vous aide à démarrer sur de bons rails verbaux et à poser le ton approprié. Vous éviterez ainsi les dérapages comme la fameuse phrase malheureuse de BP. Enfin, gardez toujours un fil conducteur empathique : rappelez régulièrement que vous comprenez l’impact pour les personnes et que cela guide vos actions. Cela recentre le discours en évitant qu’il ne devienne trop auto-centré sur l’entreprise.
6. Réactivité et timing : occupez le terrain médiatique rapidement
Le temps joue contre vous en cas de crise. Il faut communiquer vite, mais bien. Les premières heures (voire minutes) – souvent appelées “l’heure d’or” – sont cruciales pour établir votre voix comme source d’information crédible. Si vous restez silencieux trop longtemps, d’autres rempliront le vide (médias, rumeurs sur les réseaux sociaux) et vous perdrez la main. Préparez des communiqués initiaux brefs dès que les faits de base sont confirmés : qui, quoi, où, quand, et qu’est-ce qui est fait. Même si vous n’avez pas toutes les réponses, montrez que vous êtes présent. Il vaut mieux dire “Nous évaluons la situation et reviendrons vers vous dans 1 heure” que de ne rien dire du tout. Attention toutefois à ne pas sacrifier la qualité du vocal/visuel à la précipitation verbale : si possible, faites incarner ce premier message par un cadre sur le terrain (image forte) ou à tout le moins assurez-vous que le ton du communiqué écrit est humain (évitez les formulations froides du type “un incident est survenu, une enquête est en cours” sans aucune marque de considération pour les personnes). Planifiez la suite : annoncer d’emblée quand et comment vous communiquerez à nouveau montre que vous prenez les choses en main et aide à calmer le jeu. Par exemple, lors d’une conférence improvisée, le porte-parole peut dire : « Je reviendrai vers vous dans deux heures avec d’autres informations ». Tenez ce délai – c’est un contrat de communication avec le public et la presse.
7. Transparence et responsabilité : le courage paye
Les exemples l’ont montré : tenter de cacher la vérité, minimiser la crise ou fuir ses responsabilités est presque toujours une erreur fatale. À l’ère des réseaux sociaux et des caméras omniprésentes, il est illusoire de penser qu’une maladresse restera secrète. Adoptez dès le départ une politique de transparence proactive : dites ce que vous savez, admettez ce que vous ne savez pas, et reconnaissez sincèrement votre part de responsabilité s’il y a lieu. Un “pardon” sincère vaut mieux qu’un silence gêné. Cela se joue dans le verbal (choix des mots sans détours), le vocal (ton humble, pas arrogant) et le visuel (on met en avant un dirigeant qui assume, pas un porte-parole subalterne envoyé en éclaireur pour essuyer les plâtres). Par exemple, dans le cas Starbucks ou Airbnb, les PDG eux-mêmes se sont exprimés publiquement et ont dit “C’est notre faute, nous allons faire mieux” – ce qui a fortement contribué à apaiser le public. À l’inverse, le PDG d’United a initialement esquivé sa responsabilité et blâmé un client : erreur stratégique majeure. En communication de crise, l’humilité n’est pas une faiblesse, c’est une force. Elle désarme la critique et ouvre la voie au pardon. Bien sûr, la transparence a des limites (ne pas divulguer d’informations sensibles prématurément, respecter le cadre légal), mais l’honnêteté perçue l’emporte sur la tentation de contrôle à court terme. Rappelez-vous : “le manque d’empathie et le refus de reconnaître sa part de responsabilité” figurent parmi les ennemis d’une sortie de crise par le haut. Montrez que vous l’avez compris.
8. Messages clés uniformes sur tous les canaux (y compris numériques)
Une crise moderne se joue multicanal : presse, TV, réseaux sociaux, communication interne, etc. Assurez-vous que les 3V de votre message sont cohérents sur tous les supports. Si le PDG tient un discours empathique en vidéo, ne laissez pas un tweet maladroit gâcher cet effort. Briefer l’équipe social media pour reprendre les éléments de langage dans un ton approprié. Sur Twitter ou Facebook, où le format est écrit, soignez le verbal (mots simples, humain), utilisez éventuellement des émoticônes mesurées pour le ton (un 💙 peut signifier la compassion, par ex., mais attention à rester professionnel). Dans une vidéo YouTube ou un live Facebook, les mêmes règles visuelles s’appliquent que devant les médias traditionnels. En interne, si vous envoyez un mail aux employés, ne l’écrivez pas comme un mémo légal froid : utilisez la première personne, montrez que la direction est également touchée et mobilisée. La cohérence globale évite les dissonances qui créent le doute. Centralisez la communication de crise : idéalement une cellule de crise valide tous les messages. Et n’oubliez pas les “petits détails” : par exemple, si vous changez d’attitude publiquement (excuses) mais que sur votre site officiel persiste un communiqué daté contredisant cette nouvelle posture, vous perdez en crédibilité. Harmonisez et actualisez l’information partout.
9. Écoutez le public et adaptez-vous en continu
La communication de crise n’est pas un monologue figé, c’est un dialogue avec vos parties prenantes. Surveillez la réaction du public en temps réel (via les médias, les réseaux sociaux, les retours des équipes terrain) pour ajuster vos 3V si nécessaire. Par exemple, si vous constatez que certains messages verbaux ne passent pas (incompréhension, rumeurs persistantes), clarifiez-les ou répétez-les avec d’autres mots. Si on vous reproche un manque d’émotion, peut-être faut-il montrer davantage votre implication personnelle (sans surjouer). À l’inverse, s’il y a de la panique, adoptez un ton encore plus rassurant et pédagogique. Cette écoute active montre au public que vous êtes connecté à ses préoccupations. De plus, en intégrant des questions fréquentes ou critiques légitimes dans vos communications suivantes (“Nous avons entendu vos inquiétudes sur X, voici notre réponse…”), vous renforcez la confiance. Attention, cela doit se faire dans une certaine mesure : adapter son discours ne veut pas dire changer de version des faits ou céder à la pression irrationnelle. C’est plutôt une flexibilité dans la façon de communiquer (forme) tout en gardant la vérité (fond) comme ligne directrice. Les meilleurs communicants de crise savent garder le cap tout en modulant leur façon de s’adresser aux publics pour maintenir le lien de confiance.
10. Après la crise : debriefez et tirez les leçons
Une fois la tempête passée, il est indispensable de débriefer à froid votre communication de crise : qu’est-ce qui a bien fonctionné dans notre utilisation des 3V ? Qu’est-ce qui a moins bien marché ? Recueillez les impressions externes (médias, sondages d’opinion, feedback des clients) et internes (vos équipes, vos porte-parole eux-mêmes). Analysez si vos messages clés ont été retenus, si le ton était juste, si l’attitude des représentants a été jugée crédible. Ce retour d’expérience vous permettra d’affiner votre plan de crise pour l’avenir et de peaufiner la formation des communicants. Par exemple, vous pourriez découvrir que lors de la session Q&A avec la presse, un dirigeant utilisait un jargon technique involontairement (verbal perfectible), ou que sur les réseaux votre ton paraissait trop mécanique – autant de points à corriger.
En synthèse, retenez ces quelques maîtres-mots pour vos communications de crise : anticipation, cohérence, humanité et clarté. La règle des 3V de Mehrabian nous enseigne que 93 % de l’efficacité d’un message ne réside pas dans les mots eux-mêmes, mais dans la manière de les transmettre. Cela ne signifie pas que le contenu n’a pas d’importance – au contraire, un mauvais message ne sera jamais sauvé par le non-verbal – mais cela souligne que même le meilleur message du monde peut être gâché par une voix ou une attitude inadéquate. Pour un professionnel de la communication de crise, maîtriser les 3V, c’est multiplier l’impact de ses messages en alignant le fond et la forme, la raison et l’émotion, le dire et le montrer. C’est donner à votre organisation la capacité de parler d’une seule voix, convaincante et digne de foi, même dans la tourmente.
La règle des 3V d’Albert Mehrabian est bien plus qu’une simple anecdote de cours de communication – c’est un rappel puissant que toute communication est un tout indissociable. Pour les professionnels de la communication de crise, où chaque parole compte et où chaque apparition est scrutée, c’est un principe directeur : soignez vos mots, bien sûr, mais soignez tout autant le ton et la posture qui les porteront. Une crise bien gérée se reconnaît souvent à des images fortes : un dirigeant au front, la voix posée, tenant un discours de vérité. Ces images marquent durablement l’opinion et peuvent transformer une situation périlleuse en démonstration de leadership. À l’ère du numérique, où le moindre faux pas est viral, l’exigence de cohérence n’a jamais été aussi élevée. En maîtrisant le Verbal, le Vocal et le Visuel, vous mettez toutes les chances de votre côté pour informer sans embrouiller, rassurer sans mentir, et convaincre sans forcer. Autrement dit, pour traverser la crise en conservant ce capital inestimable : la confiance de vos publics.
Enfin, n’oublions pas que la communication de crise réussie repose sur l’authenticité. La règle des 3V n’est pas une technique de manipulation, c’est au contraire l’art de rendre votre message authentiquement cohérent. En alignant vos paroles et vos actes, vos émotions et vos informations, vous montrez que vous êtes concret, sincère et responsable. Et c’est exactement ce qu’attendent vos interlocuteurs en temps de crise. Ainsi, en intégrant les 3V à votre stratégie, non seulement vous optimisez l’impact immédiat de vos messages, mais vous consolidez aussi, sur le long terme, la réputation de votre organisation. Une vérité à méditer : dans “communication de crise”, il y a communication, mais surtout il y a crise – et gérer une crise, c’est d’abord gérer des êtres humains ébranlés qui ont besoin d’être informés avec clarté, écoutés avec empathie, et guidés avec assurance. Le Verbal, le Vocal et le Visuel sont vos alliés pour relever ce défi avec brio.